prendre une revanche. Sa calotte de velours noir sur l’oreille, il éleva encore la voix. C’était du dernier des ridicules, qu’un jour comme aujourd’hui, son fils ne fût pas rentré, à sept heures et quelque chose, lorsqu’il sortait à cinq heures de sa maison de commerce. Sa mère, vraiment trop faible, supportait là une infraction à toutes les convenances. Pourvu qu’elle n’eût pas à s’en repentir par la suite.
― D’ailleurs, ajouta-t-il, je vais le servir en même temps que nous… Qu’il mange son potage froid !
L’oncle Camoin, lui, avalait le sien philosophiquement. Blanche d’indignation, madame Honorat allait éclater. Mais Rosalie, qui, de sa cuisine, entendait tout, vint dire à Casimir :
― Ah ben ! monsieur, il y a un beau temps que M. Gustave est rentré…
― Où est-il ? s’écria Casimir, courroucé de l’intervention de la bonne.
― Tiens il s’est d’abord changé de chemise, pardi ! puis, M. Gustave est descendu chez madame Meuriot. Faut-il l’aller chercher ?
Ce fut comme un rayon de soleil, innattendu. Remontant sa calotte que l’orage avait fait choir, M. Honorat dit à Rosalie, d’une voix douce :
― Non ! ne le dérangez pas… Et emportez la soupière. Tenez-la bien au chaud, pour mon fils.