dans le pays par les banquets dépassait non seulement les espérances mais les désirs de ceux qui l’avaient fait naître ; ceux-ci travaillaient plutôt à la calmer qu’à l’accroître. Leur intention était qu’il n’y eût pas de banquet à Paris et qu’il ne s’en tînt même nulle part après la convocation des Chambres. La vérité est qu’ils ne cherchaient qu’une issue pour sortir du mauvais chemin dans lequel ils étaient entrés. C’est assurément malgré eux que ce banquet final fut résolu ; ils s’y associèrent par contrainte, par entraînement et vanité compromise. Le gouvernement lui-même poussait l’opposition par ses défis à cette démarche périlleuse croyant la conduire à sa perte. L’opposition s’y porta par bravade et pour ne pas paraître reculer, l’un l’autre, s’irritant, s’aiguillonnant, se poussant ainsi vers le commun abîme ; ils marchaient encore sans le voir.
Je me souviens que, deux jours avant la révolution de Février, me trouvant à un grand bal chez l’ambassadeur de Turquie, je rencontrai Duvergier de Hauranne. J’avais pour lui de l’estime et de l’amitié ; quoiqu’il eût à peu près tous les défauts que l’esprit de parti peut donner, il y joignait, du moins, une sorte de désintéressement et la sincérité qui se rencontrent dans les passions vraies, deux avantages rares de nos jours où l’on n’a d’autre passion vraie que celle de