quand je vis des gens qui couraient en criant que madame la duchesse d’Orléans, le comte de Paris et le duc de Nemours venaient d’arriver ; à cette nouvelle, j’escaladai quatre à quatre les escaliers du Palais et je me précipitai dans la salle.
Au pied de la tribune et adossés contre elle, je vis, en effet, les trois princes qu’on m’avait nommés. La duchesse d’Orléans était assise, vêtue de deuil, pâle et calme ; je vis bien qu’elle était fort émue ; mais son émotion me parut de celles que ressentent les âmes courageuses plus prêtes à se tourner en héroïsme qu’en frayeur.
Le comte de Paris avait l’insouciance de son âge et l’impassibilité précoce des princes. Debout, à côté d’eux, se tenait le duc de Nemours, serré dans son uniforme, droit, raide, froid ; ce fut, à mon avis, le seul homme qui, dans cette journée, courut un véritable péril ; pendant tout le temps que je l’y vis exposé, je remarquai toujours en lui le même courage, ferme et taciturne.
Autour de ces princes malheureux, se pressaient des gardes nationaux arrivés avec eux, des députés et quelques gens du peuple, ceux-ci en petit nombre. Les tribunes étaient vides et fermées, à l’exception de celle des journalistes, dans laquelle avait pénétré une foule désarmée, mais déjà bruyante. Je fus plus frappé par