Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/133

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Dans les tyrannies de l’Orient, excepté les lois religieuses, il en existe très peu. Chez nous il en existe beaucoup, mais tous les jours on les change, on les viole, on les annulle, ou on les tourne en dérision. Quelle est la moins honteuse ou la moins infâme à supporter de ces deux usurpations ? Est-ce celle qui t’opprime et t’outrage, parce que ne croyant pas qu’une société puisse exister autrement, tu lui as concédé une puissance illimitée, sans penser aux moyens de la restreindre ? Serait-ce par hasard celle qui t’opprime et t’outrage avec plus de violence, quoique tu aies cherché à prévenir par des lois impuissantes et par les sermens inutiles du tyran, l’oppression et les outrages ?

Dans les gouvernemens orientaux, il n’y a rien de sûr que l’esclavage ; mais qu’avons-nous de plus assuré dans les nôtres ? Les tyrans européens sont beaucoup plus humains que les orientaux, c’est-à-dire, que les tyrans européens ont moins besoin d’être cruels. Dans l’Orient, les sciences, les lettres proscrites, les royaumes dépeuplés, la stupidité et la misère du peuple, le manque d’industrie, la privation du commerce, toutes ces choses ne sont-elles pas des preuves irréfragables du vice destructeur qui