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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/199

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doit constituer une république : et le premier de tous les remèdes contre la tyrannie, quoiqu’il soit lent et silencieux, c’est de la sentir ; et la majorité ne peut point la sentir vivement, quoiqu’elle en soit accablée, lorsque le petit nombre d’hommes forts n’ose pas la dévoiler toute entière.

Mais autant l’impétuosité, l’audace et pour ainsi dire, une indignation sacrée, sont nécessaires pour dévoiler, combattre et détruire la tyrannie, autant une prudence sans passions et désintéressée, est nécessaire pour rebâtir sur ces ruines ; d’où il arrive que le même homme peut difficilement être propre également à ces deux entreprises, si diverses dans leurs moyens, quoiqu’allant toutes deux au même but. Et ici, par amour pour la vérité, je suis obligé de dire, en passant, que les opinions politiques, comme les opinions religieuses, ne pouvant pas se changer totalement, sans employer beaucoup de violence, tout nouveau gouvernement est, au commencement de sa marche, souvent forcé à être cruellement sévère, et quelquefois injuste, pour convaincre ou pour contenir par la force ceux qui ne désirent, n’aiment, ne comprennent, ni ne veulent d’innovations, quoique justes