Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/36

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probe et ami de ses semblables, à moins qu’il ne soit stupide, qui se croie ou feigne de croire, de droit divin, absolument supérieur à chaque individu ou à toute la masse en général, et qui dise qu’il ne doit compte à qui que ce soit de ses actions et de lui-même, excepté à Dieu ? Je croirai à la sagesse d’un tel être lorsque j’aurai vu un seul exemple par lequel il aura voulu le plus grand bien des autres êtres, supposés d’une espèce supérieure à la sienne, et lorsque, par des mesures assez efficaces, il aura empêché dans la société où il était tout, et tous les autres rien, qu’un autre élu de Dieu à l’égal de lui, ne puisse ensuite commettre, d’une manière illimitée et impunément, tout le mal qu’il savait avoir été commis dans ce même État avant lui, et qu’il savait, attendu la nature de l’homme, devoir s’y commettre de nouveau après son règne : mais quel degré de bonté pourrait-on attribuer à cet homme qui, devant et pouvant faire tant de bien à un si grand nombre d’hommes, ne le fait cependant pas ? Et pourquoi ne le fait-il pas, si ce n’est parce qu’un tel bien pourrait priver sa race future de cette puissance horrible et illimitée de nuire impunément, et que l’on