Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/46

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rer que cette insouciance durera toujours, n’abandonne jamais pour cela la redoutable épée. Le ressort qui soutient cette usurpation, n’est donc pas le courage opposé au courage, mais la peur opposée à la peur.

Mais tandis que je parle si longuement de la peur, j’entends dire à mes oreilles, eh quoi ! lorsque deux tyrans héréditaires, acharnés l’un contre l’autre, combattent avec opiniâtreté tous ces hommes qui, avec tant de courage, affrontent pour eux la mort, sont-ils guidés par la peur ou déterminés par l’honneur ? Je réponds que je parlerai à son lieu de cette espèce d’honneur. Les peuples orientaux, toujours esclaves, et auxquels l’honneur n’est pas connu, que nous regardons même comme bien inférieurs à nous ; ces peuples ne combattent-ils pas avec autant d’acharnement pour leurs tyrans y et ne leur sacrifient-ils pas leur vie ? J’en attribue en partie la cause à la férocité naturelle de l’homme, à l’effervescence du sang qui augmente dans les dangers et les leur cache ; à la vaine gloire et à l’émulation qui font que personne ne veut paraître plus petit que l’autre, aux préjugés sucés avec le lait ; et enfin je les attribue plus qu’à toute autre chose, à