Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/47

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cette peur que j’ai déjà tant de fois nommée. Cette terrible affection se cache et se déguise dans le cœur de l’homme sous tant de formes différentes, qu’elle peut bien aussi s’y transformer en courage ; et nos armées modernes dans lesquelles on punit de mort ceux qui fuient du combat, n’attestent que trop cette vérité ; et ces héros satellites des tyrans, qui, pour quelques sous par jour, leur vendent leur lâcheté, lorsqu’ils sont conduits à l’ennemi par leurs chefs, qu’ils ont derrière eux, leurs sergens, l’épée levée, et quelquefois même de l’artillerie ; ces lâches machines, alors voyant que toute fuite est impossible, finissent par montrer à l’ennemi un courage qu’elles n’ont pas : de tels soldats, sans avoir beaucoup d’honneur, sont forcés de préférer une mort, non encore certaine et honorable, à une mort infâme et assurée.




CHAPITRE QUATRIÈME.

De la lâcheté.


De la peur de tous, naît sous la tyrannie la lâcheté de presque tous ; mais ceux qui