Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/74

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dire, ni écouter, ni penser des choses salutaires, élevées, justes et vertueuses, relativement au système politique de cette infâme multitude de soldats fainéans, aussi serviles dans leur obéissance, que féroces et insolens dans l’exécution des ordres de leurs maîtres, et toujours plus intrépides contre leur patrie, que contre l’ennemi ; naît cette monstruosité mortelle qui élève un autre état dans l’état lui-même, c’est-à-dire, un corps permanent et terrible, ayant des opinions et des intérêts divers, et en tout contraires à ceux de l’état ; un corps qui, par son institution vicieuse et illégitime, porte en lui-même l’impossibilité démontrée de conserver la tranquillité civile. L’intérêt de tous et de la majorité chez les peuples, quel que soit leur gouvernement, c’est de n’être pas opprimés, ou de l’être le moins possible. Dans la tyrannie, les soldats qui ne doivent pas avoir d’autre intérêt que celui du tyran qui les nourrit et qui flatte leur paresse orgueilleuse, les soldats, dis-je, ont nécessairement intérêt d’opprimer les peuples le plus qu’ils peuvent ; parce que plus ils les oppriment, plus ils sont considérés, redoutés et nécessaires.

Dans les républiques, vraiment dignes de