Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/92

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nombre de maux politiques, que nous voyons journellement se multiplier sous nos tyrannies. Des mauvais maris, des femmes plus méchantes encore, des pères détestables, des fils dénaturés, et tout cela parce que cette indissolubilité forcée, au lieu de resserrer les liens domestiques et de les adoucir, en les perpétuant, ne fait que les corrompre et les dissoudre entièrement.

Et de même, enfin, que ces mariages que la force a rendus perpétuels, ne produisent ni bons maris, ni femmes fidelles, ni pères sensibles ; de même aussi les prêtres catholiques condamnés, par la force, à un célibat perpétuel, ne peuvent se montrer ni bons fils, ni bons frères, ni bons citoyens ; car, pour connaître et exercer vertueusement ces trois états, il est trop nécessaire de connaître, par expérience, les tendres sentimens qui doivent naître dans le cœur d’un père et d’un époux.

Des raisons que j’ai exposées jusqu’ici, il me paraît clairement résulter, qu’un peuple catholique, déjà subjugué par la tyrannie, peut difficilement se rendre libre, et rester véritablement catholique. Pour en donner un seul exemple, choisi parmi tous ceux que je pourrais fournir dans la révolte des