Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pays-Bas ; les provinces pauvres qui n’avaient pas engraissé leurs prêtres, et qui avaient pu se faire hérétiques, restèrent libres ; celles qui étaient riches, surchargées d’Abbés, d’Évêques et de Moines, restèrent catholiques et esclaves. Voyons maintenant si un peuple qui se trouve tout-à-la-fois libre et catholique, peut se maintenir long-temps l’un et l’autre.

Il est certainement très-difficile de croire qu’un peuple subjugué par toutes les erreurs politiques qui sont commandées par le catholicisme, puisse jouir de la liberté politique ; mais quand même il en jouirait, la conservation en devient pour lui une chose impossible. Un peuple qui croit à l’autorité infaillible et illimitée du Pape, est déjà entièrement disposé à croire à celle d’un tyran, qui joint à des forces plus réelles et plus effectives, celle des excommunications de ce même Pape. Comment ne le persuadera-t-il pas ou ne le forcera-t-il pas à obéir à lui seul dans les choses politiques, comme il obéit au Pape en matière de religion ? Un peuple qui tremble sous l’Inquisition, à bien plus forte raison doit trembler sous les armes qui prêtent leur force à l’Inquisition. Un peuple qui se confesse de cœur, peut-