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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/367

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ATTRIBUTS DIVINS


c. Excellence. — La collection entière des êtres créés, si grande qu’on la fasse, si loin qu’on la prolonge, restera toujours à une distance infinie de son modèle. C’est dire d’avanee qu’elle ne saurait, avec ses innombrables variétés d’existence, nous faire saisir toute la perfection qui est en Dieu.

Ces principes posés, voici les conclusions qui s’en dégagent : 1° Notre idée de Dieu s’obtient par l’intégration des divers concepts fournis par les perfections créées. 2° Les attributs divins sont le contenu de ces multiples concepts appliqués à Dieu, après une rectification rigoureuse, inspirée et soutenue par la vigilante préoccupation d'écarter tout ce qui accuse imperfection ou limite. 3° Pris en particulier ou dans leur ensemble, ces attributs ne représentent qu’analogiquement l’essence divine. N'étant pas son exact équivalent, ils ne la montrent pas dans toute sa pureté, dans toute sa plénitude et dans toute sa splendeur, mais d’une façon fragmentaire et détaillée. Cependant cette division de nos pensées n’a pas de répercussion en Dieu. Tout en étant l’aboutissant réel qui correspond à chacun de ces attributs, l’essence divine ne subit aucune atteinte dans son indivisibilité. Les raisons des divers attributs ne sont multiples que dans notre intelligence qui les reçoit ; en Dieu, qui est leur source et leur racine, elles expriment la plus parfaite unité, qui se puisse concevoir, mais une unité qui, en raison même de son excellence, est équivalente et inliniment supérieure à toute multitude. Voir S. Thomas, In IV Sent., 1. I, dist. II, q. i, a. 3.

II. Nature.

Bien que les éléments de notre idée de Dieu soient puisés dans le monde de la création, les théologiens ne considèrent pas comme attributs divins, au sens précis du mot, tous les qualificatifs indistinctement empruntés aux créatures et transportés, tels quels, en Dieu, sans autre raison que le principe de causalité. Ils leur font subir auparavant une sélection à trois degrés.

1° Le premier degré partage en deux classes les perfections créées : perfections simples et perfections mixl es, et élimine ces dernières du rang d’attributs proprement dits. En voici la raison. Les perfections mixtes sont des perfections d’ordre inférieur, à ce point mélangées à l’imperfection et à la limite, que vouloir les en épurer, c’est les anéantir. La corporéité, par exemple, trahit évidemment, même sous sa forme abstraite, une nature essentiellement bornée et sujette aux imperfections de divisibilité, de succession, de corruption. Des qualifications de ce genre ne conviennent certes pas à la divine perfection et peuvent, tout au plus, lui être appliquées dans un sens métaphorique, mais jamais au sens propre et formel. Au contraire, les perfections simples n’inc lient, dans leur concept formel, ni limite, ni défaut d’aucune sorte, par le fait qu’on les sépare du mode subjectif qu’elles revétent dans les créatures. Dans ces conditions, ce qu’elles expriment est une réalité positive dont l, i présence, dit l'École, est préférable à l’absence, melior ipsa quant non ipsa. S. Anselme, Monolog., c. xv, I'. L., t. CLVIH, col. 161-162. Telles sont, en particulier, la science, la bonté, la justice et autres qualités de me nature que l’on attribue à Dieu en toute rigueur de terme.

2° Le deuxième degré réserve le nom d’attributs aux perfections simples qui. suivant notre mode de concevoir, découlent nécessairement d’une perfection-mère nce divine et sont censées lui tenir lieu de propriétés, Le Père leur donnent les noms de à ;  : *'.. àitî>i.oL-a ou àpetaÉ, parce quilles se rapportent a la constitution intrinsèque de litre divin. On les distingue des actes libre-, de Dieu qui ont rapport aux ci lures et ielui conviennent pa i entielle ni. s. Thomas, />< veritate, q. iii, a. >, ad 2 BBI. Le D' Scheeben, /, </ dogmatique, trad. Bélet, Paris, inso, t. ii, p. 7î, revendique pour ces sortes d’actes le nom d’attributs,

mais on ne partage pas généralement sa manière de voir.

3° Le troisième degré exclut du rang des attributs les relations divines ad intra, malgré leur connexion nécessaire avec l’essence. Il y a à cela un double motif : 1° elles ne sont pas communes aux trois personnes de la sainte Trinité ; 2° elles dépassent la connaissance naturelle de la raison humaine. Néanmoins, quelques théologiens de marque font une exception en leur faveur. Citons, entre autres, le docte Petau, Theolog. dogm., 1. I, c. vi, § 2, qui s’appuie sur saint Basile et saint Grégoire de Nysse ; Perrone, Prselect. theolog., 1. 1, De Deo, part. II, ci ; Zigliara, Délia luce intelletluale, Rome, 1874, t.i, p. 86 ; Knoll, Inst. theolog., Turin, 1877, t. i, p. 76. D'élimination en élimination on aboutit enfin à la définition de l’attribut de Dieu : c’est une perfection commune aux trois personnes divines, que Dieu possède nécessairement et qui, suivant notre manière de concevoir, découle de son essence.

III. Méthodes de développement.

Deux voies s’ouvrent devant la raison humaine pour éclaircir et développer son idée de Dieu.

I. méthode déductive.

Elle consiste à choisir un des attributs essentiels impliqués dans la démonstration même de l’existence de ^)ieu, par exemple, celui d’aséité ou d’acte pur, et d’en tirer graduellement tous les autres, comme on déduit, d’une formule algébrique, une série entière d’autres équations. C’est la marche généralement suivie par les anciens scolastiques. L’Ange de l'école en fait preuve, en plus d’une rencontre, notamment Cont. gent., 1. 1, c. xv, et Compendium theol., opusc. II, c. iv. Dans l’un et l’autre endroit, voici le schéma de son argumentation. Il prouve d’abord l’existence de Dieu par le fait du mouvement, en conclut d’emblée la nécessité d’un premier moteur immuable, puis de l’immutabilité, prise comme attribut central, fait successivement dériver, en ordre syllogistique, les attributs d'éternel, d’acte pur, de simple, d’infini et ainsi de suite. Le P. Gratry, Connaissance de Dieu, Paris, 1856, t. il, p. 101, a reproduit ce procédé géométrique ; l’idée d'être absolu lui a suffi pour obtenir les autres attributs métaphysiques.

II. méthode WDUCT1VE, — Celle-ci, à la différence de la première, ne perd pas un instant de vue le spectacle des choses sensibles, son travail étant justement de transporter en Dieu, une à une, les perfections qu’elle découvre dans l’univers. Or, dans cette ascension continuelle vers l’auteur de toutes choses, la raison est en possession de trois bases d'élan, ou, suivant l’expression traditionnelle, de trois voies distinctes. Nous allons les indiquer et les décrire brièvement :

1° La voie positive ou de <-<iiisulit< : rapporte à la cause, par des énoncés affirma tifs, le côté positif que nous voyons dans l’effet, abstraction faite des imperfections qui lui sont inhérentes. Elle détermine, par de simples affirmations, un point de ressemblance entre Dieu et la créature, sans préciser le mode qu’il revêt en eux. La raison de son affirmation, c’est qu’il ne saurait y avoir dans l’effet plus qu’il n’y a dans la cause, et que celle-ci contient, a un degré au inoins égal, tout ce que celui-là possède de réalité et de perfection. Une créature ('tant donnée, on reporte en Dieu tout ci' qu’elle contient de réel et île parfait, vie, intelligence, sagesse, bonté. Dieu est vivant, intelligent, sa^e et bon.

Larme négative.

Étant donnée l’infinie distance

qui sépare le créateur de la créature, ou essaie d 'exprimer ce contraste en niant de Dieu les perfections créées. Dans ce cas, la négation ne porte pas, à vrai dire, sur la perfection elle-même, considérée d’une manière générale, mais sur le mode imparfait, borné', limité auquel (die est assujettie dans lis natures finies. Il faut interpréter dans ce sens adouci des locutions comme celles-ci : Dieu ti est pas vivant, n’est pas intelligent et autres sem

1 Llables. C’est une manière expressive de fane entendre