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    1. AUGUSTIN (SAINT)##


AUGUSTIN (SAINT).

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nistre, qu’il soit même traditor ou hérétique. Cela revient à dire que le ministre ne perd point ses pouvoirs de l’ordre par ses chutes. La raison fondamentale repose sur la théorie augustiniennede l’Eglise. Le vrai ministre du sacrement, ce n’est pas tel homme, même consacre, c’est l’Eglise, épouse du Christ qui l’envoie, et finalement c’est le Christ lui-même qui opère toujours dans l’Église et par l’Église. Même quand le ministre en est séparé par l’hérésie ou le schisme, il représente cette Église dont il porte le caractère par l’ordination ou le bapiême. Ainsi c’est l’Église, c’est la colombe qui baptise, même quand le sacrement est donné par le vautour hérétique, De bqpl., 1. III, c. xvii, n. 22, P. L., t. xliii, col. 149 ; n. 23, col. 150 ; elle est l’épouse qui engendre et per uteruni suum et per uteros ancillarum ex eisdem sacramentis tanguant ex viri sui semine. De bapt., 1. I, c. x, n. 14, ibid., col. 117. Ou encore c’est Jésus-Christ lui-même qui baptise, ainsi qu’il le proclame si souvent. Ou enfin c’est l’Esprit-Saint qui agit. Cont. epist. Parm., 1. II, c. xi, n. 24, P. L., t. xliii, col. (57. Conclusion : A l’axiome des donatistes : conscienlia dantis adtenditur, il répond : non cogitandum quis det, sed quiddet. De bapt., 1. IV, c. xvi.

b. Mais ce baptême valide conféré par un hérétique donne-t-il la grâce ? Augustin le nie souvent, mais il suppose toujours la mauvaise disposition du sujet, in quantum hæreticorum… perversitati consentit. De bapt., 1. III, c. x, n. 13, P. L., t. xliii, col. 144. Ct. Cont. epist. Parm., c. xi, n. 24, ibid., col. 68.

c. La théorie de la reviviscence des sacrements est née de l’ensemble de cette doctrine : quand le baptisé’par un hérétique revient à l’Église avec les dispositions voulues, le sacrement produit son effet, auparavant empêché par la faute du sujet. De bapt. cont. don., I. I, c. iii, n. 18, P. L., t. xlii, col. 119.

Conclusion : Augustin a vraiment enseigné l’efficacité’des sacrements, telle que la scolastique et plus tard l’Église ont voulu l’exprimer par la formule ex opère operato. Ct. (’.ont. Cresc, 1. IV, c. xvi, n. 19, P. L., t. xliii, col. 559 : Non eorum meritis a quibus ministratur, nec eorum quibus ministratur, constat baplismus, sed propria, sanctitate atque veritate propter eum a quo institutus est, bene utenlibus ad salulem.

3. Le caractère sacramentel.

a) D’après Reuter, Aur/usl. Htudien, p. 265-, « Augustin est le premier des docteurs qui ait introduit le terme caractère dans la théorie du baptême et de l’ordination. Bien qu’il n’y ait jamais joint l’adjectif indelebilis, le sens de ce mot est de l’augustinisme le plus authentique. » Augustin n’a pas inventé, mais il explique les affirmations de ses prédécesseurs que ni le baptême ni le pouvoir de l’ordre ne se perdent par le schisme ou l’apostasie, que ces deux sacrements ne peuvent être réitérés. C’est que, dit

Augustin, ils impriment à l’âme une marque ineffaçable qu’il compare au signe militaire alors en usage. Cl. Cont. epist. Porni., 1, 11. c..nui, n. 29, ibid., col. 71. Ce caractère, le baptisé le porte partout. Epist., XCVIII, n. 5. Augustin a donc nettement distingué deux effets te ii différents de ces deux sacrements : la grâce ou n it-Saint qui n’est accordé’qu’aux âmes bien dispoi h le, , , toujours imprimé, dès que le baptême est régulièrement conféré. De tmpt., I. V, c. xxiii, n. 33, /’. /.., t. xi. iii, col. 193. — L’inamissibilité de pouvoirs île l’ordre et la validité’des ordinations conférées par lehérétiques ont donné lieu, aux x « el ntroversi très passionnées dont le

fond étail toujours l’autorité d’Augustin, Pierre Damien t’appuyai ! sur lui pour soutenir la validiti de ces ordinations, ainsi que le moine de Constance, Bernold, conlrelecanlin.il Humbert, On trouvera tous les documents réunis dans les Monum, Germ., Libelli de lite iniperatorum et potlliflcum, Hanovre, 1890-1897,

t. i-m. C. Mirbt, Die Stellung Augustins in der Publicislik, etc., Leipzig, 1888, a donné la liste de tous les passages d’Augustin allégués de part et d’autre.

4. Le nombre des sacrements.

a) La notion du sacrement était encore trop vague pour qu’Augustin songeât à une numération exacte. Aussi s’est-il contenté de nous dire qu’ils sont moins nombreux, plus simples, et d’une signification plus haute que ceux de l’Ancien Testament. Cont. Faust., 1. XIX, c. xiii, P. L., t. xlii, col. 355. Dans la lettre liv, n. 1, il nomme le baptême et l’eucharistie, et siquid aliud in Scripturis canonicis commendatur. Dans le sermon i, In Ps. ciii, n. 9, P. L., t. xxxvii, col. 1343, il affirme plus nettement in baittismo, in eucharistia, m C/ETi : ris sanctis sacramentis. Déjà ces seules affirmations suffisent à condamner la thèse de llahn, que saint Augustin n’a connu que deux sacrements. Du reste, pour trancher la question, ce n’est point le mot de sacrement qui doit guider, mais le fond de la doctrine et surtout l’efficacité attribuée à un rite. Or, en comparant les divers textes d’Augustin, on arrive à cette conclusion : Sur nos sept sacrements, six sont décrits par Augustin avec des caractères vraiment sacramentaux, et tous les six reçoivent le nom de sacrement (en des sens divers) ou sont énumérés, avec les vrais sacrements : le baptême est expliqué’en des livres entiers, l’ordre a été mentionné, l’eucharistie, la pénitence et le mariage seront étudiés à part. — b) La confirmation est très clairement décrite : non seulement Augustin la met sur un même rang avec le baptême et l’eucharistie, parmi les sacramenta infantium : sacramentum chrismatis… in génère signaculorum SA.CR0 SANCTUM EST SICUT IPSE BAPTISMUS. Cont. litt. Pet., 1. II,

c. civ, n. 239, P. L., t. XLIII, col. 312. Il en décrit l’efficacité surnaturelle, le don du Saint-Esprit : Vnctio spiritalis ipse Spiritus Sanctus est, cujus sacramentuni est in unctione visibili. In I Joa., tr. III, n. 5. La force chrétienne est la grâce propre de ce rite, et justifie le nom qui lui a étédonné plus tard. Cont. Faust., 1. XIX, c. xiv, P. L., t. xlii, col. 356. — c) Seule l’extrêmeonction ne semble point décrite par Augustin : du moins les textes allégués dans la Confessio de Torres sont tous apocryphes, et ceux de Cupetioli traitent de la confirmation. Toutefois, dans le Spéculum, P. L., t. xxxiv, col. 1037, parmi les autres préceptes extraits de YEpistula Jacobi, il rapporte le fameux texte, Jac, v, 14 : infirmatur t/uis, etc.

L’eucharistie et la présence réelle.

Parmi les

critiques protestants c’est, d’après Loofs, Realencyclopàdie, 3e édit., I. ii, p. 61-63, une conviction unanime que « le plus grand docteur du catholicisme occidental a pris, dans sa doctrine de l’eucharistie, à peu près la même position que Bérenger, Wiclel, et Calvin » . Il cile les noms de Kahnis, Ebrard, Rùckert, Dorner.A. Ilarnack

partage le même sent. iii, Dogmengeschichte, t. iii,

p. 148, mais il est loin d’avoir autant d’assurance, et trahit un réel embarras, même quand il dit qu’aucun lexte d’Augustin n’est absolument décisif en laveur de la présence réelle. Parmi les catholiques certains ont paru s’effrayer en ces derniers temps, par exemple la Revue d’hist. et < ! < huer, relig, , 1901, p. 535. En réalité, dans l’œuvre d’Augustin, les protestants eux-mêmes en conviennent, il y a deux séries de textes a première vue inconciliables : en faveur de la présence réelle les

tormules abondent, tout le langage augustinien est imprégné de cette idée : mais d’autres textes, réunis par Loofs, Dorner, etc., étudiés de tout temps par les docteurs catholiques (récemment parWilden, Stentrup, Synopsis de euch., p. 12-49, Schanz, voir bibliographie), semblent

affirmer une présence en figure. Pour résoudre le problème, examinons trois éléments qui en donnent la solution : I. I.nls incontestés qui supposent la pré

réelle ; 2. textes et théories augustiniennes qui l’exigent 3. théories qu’on nous oppose.