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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/775

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APOCALYPSES — APOCRYPHES


sang, et en versera sur le temple ce qui sera salutaire pour le peuple. Elle ressuscitera le lendemain et elle déclarera à l’Antéchrist qu’il n’a plus pouvoir ni sur son corps, ni sur son âme, parce qu’elle vit dans le Seigneur. Selon M. Steindorff, cet incident serait une interpotation chrétienne. Hénoch et Élie viendront aussi combattre l’Antéchrist. Après sept jours de combat, les deux prophètes seront tués et leurs corps demeureront trois jours et demi sur la place. Le quatrième jour, ils ressusciteront et la lutte recommencera. Le fils de l’iniquité, ne pouvant rien contre eux, s’acharnera sur les justes, qu’il fera périr dans d’affreux supplices. Leurs cadavres seront préservés de toute atteinte jusqu’au jour du jugement. Ils ressusciteront alors. Soixante d’entre eux, armés de la cuirasse de Dieu, attaqueront l’Antéchrist à Jérusalem, et beaucoup se détacheront de lui. Le Christ enverra ses anges enlever ses élus, avant le jour de sa colère. La nature se transformera, les pécheurs reconnaîtront que le fils de l’iniquité les a trompés. Lui-même pleurera, puis se mettra à la poursuite des saints. Les anges lutteront contre lui. Le feu du ciel dévorera les pécheurs et le diable, et le jugement commencera. Tous les péchés seront révélés au lieu où ils ont été commis. Les justes verront les pécheurs punis, et les pécheurs contempleront le séjour où les justes seront récompensés de leurs bonnes œuvres. Élie et Hénoch, déposant leur chair de ce monde, prendront leur chair spirituelle et tueront le fils de l’iniquité, qui sera anéanti, et tous ceux qui ont cru en lui seront engloutis dans les profondeurs de l’abîme. Le même jour, le Messie, descendu du ciel avec les saints, créera une nouvelle terre où il n’y aura pas de diable, et il y régnera mille ans avec les saints.

3. Le court fragment de l’apocalypse de Sophonie, en dialecte sahidique, a beaucoup de traits communs avec l’apocalypse anonyme, tellement qu’il n’en est peut-être qu’une partie. Il est question d’une Ame pécheresse qui, tourmentée par cinq mille anges, recevait d’eux cent coups de fouet chaque jour.

Zahn, Gesobischte des Neutestamentlichen Kanons, Erlanger), 1892, t. ii, p. 801-810 ; Schisser, Geschichle des sodischen’olkes, t. iii, p. 267-272 ; Harnack, Geschichte der atlchrist. Literatur, t. I, p. 853-854, 918-919 ; Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1899, t. IV, p. 172-176 ; Revue biblique, 1900, t. IX, p. 128-130.

Outre les ouvrages cités, on peut encore consulter pour l’ensemble du sujet, des apocalypses juives, Volkmar, Handbucli au den Apocryphen, Leipzig, 1867 ; Nicolas, Les doctrines religieuses des Juifs, Paris, 1860 : Maurice Vernes, Histoire des idées messianiques, Paris, 1874 ; E. de Faye, Les apocalypses juives. Essai de critique littéraire et théologique, Paris, 1892 ; Vigoureux, Dictionnaire de la Bible, Paris, 1897, t. I, col. 756-764 ; A. Sabatier, L’apocalypse juive et la philosophie de l’histoire, conférence publiée dans la Revue des études juives, 1900.

II. Apocalypses chrétiennes.

Les chrétiens ne se sont pas contentés de lire, de retoucher et de remanier la plupart des apocalypses juives. Harnack, Gescltichte der altchrist. Literatur, t. r, p. 86L’Ils ont encore imité ce genre littéraire qu’ils aimaient et dont ils subissaient l’influence. Plusieurs écrivains, dont quelques uns se rattachaient à des sectes hérétiques, s’y sont exercés et ont produit des apocalypses sous le nom d’un personnage de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Les apocalypses chrétiennes sont moins anciennes que les apocalypses juives et présentent un moindre intérêt doctrinal. Elles ne sont souvent que de pâles imitations d’apocryphes antérieurs, et leur texte ne nous est pas parvenu dans sa pureté première.

I. Ascension d’isaie.

Livre composite, formée de deux écrits d’origine différente réunis par une main chrétienne, elle existe dans une version éthiopienne, éditée par Dilmann, Ascensio Isaise eethiopice et latine, Leipzig, 1877, dans une version latine, dont il reste quelques fragments et dans un remaniement grec, décou vert et publié par von Gebhardt, dans la Zeit solivifl fi’tr wissenschaflliche Théologie, 1878, t. xxi, p. 330-353. Le premier de ces écrits, d’origine juive, raconte le martyre du prophète Isaïe et n’a rien d’apocalyptique. Le second, l’ascension proprement dite, aurait été rédigé par un judéo-chrétien gnosticisant, dans la première moitié du iie siècle. Isaïe raconte au roi Ézéchias une vision qu’il a eue. Sous la conduite d’un ange du septième ciel, il a traversé successivement le firmament, où sont les mauvais anges, les six cieux dans lesquels de bons anges, de plus en plus brillants, louent Dieu ; puis, avec l’autorisation du Christ Jésus, il a pénétré au septième ciel, où se trouvent les saints. Ils sont vêtus d’une robe céleste et environnés de splendeur comme les anges ; mais ils n’ont encore ni couronnes, ni trônes ; ils ne les recevront qu’après l’incarnation du Christ. Isaïe vit les livres dans lesquels les actions des hommes sont écrites ; il vit aussi les robes, les couronnes et les trônes destinés aux hommes qui croient au Messie. Il contempla la sainte Irinité. L’incarnation du Verbe dans le sein de Marie et la naissance de Jésus à Bethléhem lui furent révélées avec des détails singuliers.

Gfrorer. Prophetx veteres pseudigraphi, Stuttgard, 1840 ; Deane, P seuil epigrapha, 1891, p. 236-275 ; Basset, L’Ascension d’isaie, Paris, 1894 ; Schisser, Geschichte des sodischen Volkes, t. III, p. 280-285 ; trad. allemande du Martyre, dans Kautzsch, t. il, p. 119-127 ; trad. anglaise par Charles, Londres, 1900 ; trad. française par Tisserant, Paris, 1909.

II. apocalypse de Pierre

De cette apocalypse, autrefois si célèbre, il ne nous restait que de courts fragments, réunis par Hilgenfeld, Novum Testamentum extra canonem receptum, 1884, p. 71-74. L’un, cité par Macarius Magnés, concerne le jugement dernier. Un autre, reproduit par Clément d’Alexandrie, Eclogx ex Scripturis propltetiers, 41, 48, P. G., t. ix, col. 717, 720, dit que les avortons sont confiés à un ange nourrice pour être élevés et instruits comme s’ils avaient vécu. Un fragment grec, plus considérable, a été découvert à Akhmim, dans le tombeau d’un moine grec et édité par Boursant, dans les Mémoires publiés par les membres de la mission archéologique française au Casse, Paris, 1892, t. ix, fasc. 1, p. 142-146. Il débute par les derniers mots d’un discours de Jésus aux apôtres. Le Sauveur y signale, comme présage de la fin du monde et du jugement dernier, l’apparition de faux prophètes. Étant allés tous ensemble prier sur une montagne, vraisemblablement celle de la transfiguration, les douze apôtres demandent au Maître de voir un de leurs frères justes, sortis de ce monde, afin d’affermir leur espérance et d’encourager les hommes qui les écouteront. Deux défunts leur apparurent, et ils ne pouvaient les regarder tant étaient brillants leurs visages et leurs vêtements. Sur la demande de Pierre, Jésus montra, en dehors de ce monde, la région lumineuse et fleurie dans laquelle les justes habitaient avec les anges dans la gloire et louaient joyeusement Dieu. En face du séjour des bienheureux, les pécheurs étaient punis et châtiés dans un lieu ténébreux par des anges au vêtement sombre. Les blasphémateurs, les juges injustes, les adultères, les meurtriers et leurs complices, les prêteurs à intérêt, les riches insensibles, les faux témoins et d’autres coupables encore recevaient des châtiments proportionnés à leurs péchés. Les âmes des assassinés contemplaient le supplice de leurs meurtriers, et disaient : « O Dieu ! ton jugement est juste. » Cette apocalypse a été composée entre 110 et 160, dans un milieu palestinien ou égyptien. Elle a été en usage principalement à Rome et à Alexandrie. Elle a de nombreux rapports avec la seconde Épitre de saint Pierre et elle a beaucoup influé sur les apocalypses d’Esdras, de Paul et de Baruch, aussi bien que sur le Pasteur d’Hermas. L’appropriation et l’équivalence des supplices avec les péchés commis ont été empruntés à la mythologie