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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/268

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    1. MIRACLE##


MIRACLE. POSSIBILITE : PREUVE MÉTAPHYSIQUE

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cause des êtres, est une cause libre et toute-puissante.

a. Saint Thomas a prouvé la liberté de l’action divine ad extra contre les panthéistes et les averroïstes. Cette action est, en effet, un acte de la volonté libre de Dieu :

(l’est une nécessité d’affirmer que la volonté de Dieu est la cause des choses et que Dieu agit par sa volonté non par une nécessité de sa nature, comme certains l’ont prétendu. On peut le montrer de trois façons :

Tout d’abord, en considérant l’ordre des causes agentes. Il est certain en effet que l’intelligence et la nature agissent l’une et l’autre en vue d’une fin, ainsi que le prouve Aristote dans la Physique ; mais il est nécessaire qu’a l'être agissant par nature, la fin qu’il poursuit et les moyens de l’atteindre soient prédéterminés par quelque intelligence supérieure, comme à la flèche le but et l'élan sont marqués p :.r le sagittaire. Il y a donc nécessité, qu’un agent intellectuel et volontaire précède l’agent q.ui agit par nature. Et comme le tout premier rang dans l’ordre des agents es ! Dieu, il est nécessaire qu’il agisse par intelligence et par volonté

On peut le prouver encore par la considération de ce qu’est l’agent naturel. A un tel agent il appartient de produire un effet déterminé, toujours le même : car la nature, à moins d’empêchement, opère toujours de la même manière. La raison en est que l’agent naturel agit selon qu’il est tel, de sorte que, tant qu’il demeure tel, il ne fait rien que de tel. Or, tout agent naturel a un être déterminé. Comme donc l'être de Dieu, lui, n’est pas déterminé, mais contient en soi toute perfection d'être, il ne se peut point qu’il agisse par nécessité de nature. A moins qu’on ne dise qu’il causerait alors un effet indéterminé et infini dans son être ; mais cela est impossible… Dieu n’agit donc point par nécessité de nature ; mais des effets déterminés procèdent de son infinie perfection conformément à la décision de sa volonté et de son inle’lij ence.

La même conclusion peut se tirer du rapport de l’effet .1 sa cause. Car les effets procèdent de leur cause agente selon qu’ils préexistent en elle, vu que tout agent produit son semblable. Or, les effets préexistent dans leur cause selon la manière d'être de cette cause. Comme donc l'être de Dieu est identique à sa propre intellection, ses clTcts préexistent en lui intelligiblement ; donc aussi ils procèdent de lui intelligiblement ; donc enfin volontairement, car l’inclination qui le porte à réaliser ce que son intelligence a conçu appartient à sa volonté. La volonté de Dieu est donc cause des choses. Sain, theol., ! '>, q. xix, a. 4. Tr. fr. du P. Sertillanges, dans la Somme théoltxjiqne, édit. de la Revue des Jeunes, Dieu, t. iii, p. 50-52.

b. Enfin, il est bien évident que la toute-puissance divine est un des fondements de la possibilité du miracle. Rappelions ici simplement que Dieu ne peut pas tout faire : Dieu peut faire tout ce qu’il est possible de réaliser. Si Dieu ne réalise pas l’impossible, ce n’est pas que sa puissance soit limitée ; c’est que l’impossible de soi n’est pas susceptible d’exister, c’est qu’il n’est pas réalisable. Cf. I 1, q. xxv, a. J. Si l’on considère le simple fait de la non répugnance du possible à exister, on dit que Dieu peut le réaliser de puissance absolue : on s’arrête ainsi à la seule considéralion de la toute-puissance. Si l’on considère la réalisation de ce possible en tant qu’elle dépend non seulement de la puissance, mais encore de la volonté sage et juste de Dieu, on dit que cette réalisation relève de la puissance ordonnée de Dieu, puissance ordinaire quand il s’agit du cours régulier et normal des événements ; puissance extraordinaire, dans le cas du miracle.

Rien ne sert d’objecter avec E. I.e Roy que de la toute-puissance de Dieu on ne saurait conclure à la possibilité positive du miracle. lassai sur la notion du miracle, t. i. p. 19-22. « Il semble que l’esprit humain, dit-on. soit tout à fait incapable de décider a priori et pour ainsi dire à blanc, par voie de raisonnement pur…, si un fail est possible ou non, compatible ou non avec l’ensemble de la nature »… Seule peut répondre l’expérience, non la simple dialectique… Eh ! oui, c’est précisément sur le terrain de l’expé DICT. DE THÉOI, . CATH.

rienec que nous nous plaçons pour affirmer la p > ss bilité positive du miracle en regard de la toute-puissance divine. « L’hypothèse, dit exactement J. de Tonquédec. est la suivante. Les faits qu’il s’agit d’interpréter sont des événements réels, bien constatés, indiscutables, et que la science laisse sans explication. Ils s’accomplissent en faveur d’une certaine doctrine, qui prétend être une révélation ; ils l’annoncent ou la confirment. Ils se passent dans le sanctuaire d’une certaine religion, à l’invocation de son Dieu ou de ses saints, au commandement de son fondateur ou de ses apôtres. Par ailleurs, la façon dont s’opèrent les prodiges, les idées qu’ils attestent, les circonstances qui les accompagnent ne sont pas seulement irréprochables au point de vue moral, mais encore de nature à élever les âmes vers Dieu, à les ennoblir, à les pousser vers le bien… Faut-il donc conclure que les prodiges opérés sont divins ?… Ne vaudrait-il pas mieux suspendre son jugement…'? Pourquoi préférer Dieu à l’inconnu ? J’arce que toutes les raisons positives sont pour Dieu, tandis qu’il n’y en a aucune en faveur de l’inconnu. J’ai par devers moi une explication pleinement satisfaisante, et qui répond exactement à toute la question posée. Je connais une cause capable de produire le résultat ; je la sais présente ; je la vois, tout à l’entour de l'événement merveilleux, plier la matière à des fins intelligentes et morales… ; de plus, tous les indices recueillis me rendent son action vraisemblable en l’occurrence. Pourquoi lui donner l’exclusive et me réfugier dans l’inconnu ? » J. de Tonquédec, op. cil., p. 222-223.

b) L’application des lois hy pathétiquement nécessaires dépend de lu liberté divine, laquelle n’est pas enchaînée à ces lois.- - L’action de tout agent créé dépend de l’action libre de la cause première ; comme toute fin surnaturelle se subordonne à la fin suprême voulue par Dieu. On sait, en effet, que le concours divin est absolument nécessaire à l’activité des causes secondes. Or, Dieu, cause première, niais cause libre, peut donner ou ne pas donner ce concours, le limiter à certains etïets, ou le suspendre totalement. Rien plus, Dieu, cause première et indépendante, demeure libre à l'égard des lois de la nature. Non seulement il peut ne pas les appliquer, mais il peut leur substituer d’autres lois dépendant de sa libre toute-puissance. « Dieu est libre à l'égard des biens créés qui ne peuvent augmenter son infinie béatitude ; il est donc libre d’agir au dehors de Lui, libre de créer et de choisir tel monde plutôt que tel autre. Il ne pouvait pas mieux créer, avec plus de sagesse, mais il pouvait faire un monde meilleur : ainsi l’animal n’est pas mieux disposé que la plante, niais il est meilleur et plus parfait. Il y a toujours l’infini entre une créature si parfaite soit-elle et l’infinie bonté qu’elle représente ; elle ne saurait épuiser la toute-puissance. » Garrigou-Lagrange, Dieu, Paris, 1920, p. 494. Ainsi, à l'égard de l’ordre du monde et des lois de la nature peut jouer la liberté divine, non seulement quant à l’exercice, mais encore quant à la spécification : Dieu peut intervenir pour suspendre ou modifier l’effet de l’activité des causes secondes ; Dieu peut intervenir pour produire seul un effet auquel ne saurait atteindre l’activité des causes créées. Si l’intervention divine se produit, les lois hypothétiquement nécessaires de la nature n’en sont pas détruites pourautant ; leur valeur n’est pas atténuée ; leur application est seulement suspendue, par l’intervention d’une cause qui leur est supérieure, qui est indépendante d’elles et dont, au contraire, elles dépendent elles-mêmes.

Par là, le miracle nous apparaît comme « naturel » par rapport à la puissance dont il émane ; Dieu ne saurait agir contre la nature, puisque la nature possède à l'égard de Dieu la puissance obédienlielle qui la

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