Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2155 MOLINISME, CONGRÉGATIONS DE AUXILIIS, CLÉMENT VIII 2156

de Cassien et de Fauste, glorieusement vaincue par Augustin, Prosper, Fulgence et les docteurs catholiques ». Ils conclurente re catholica esse, ut liber qui inscribitur Concordia… compositus a Ludovico Molina, et ejusdem doctrina omnino prohibeatur, et ajoutèrent qu’ils pensaient de même des Commentaires de Molina sur la I" partie de la Somme, du moins « jusqu'à ce qu’ils eussent été expurgés, par des hommes désignés pour cela, des opinions nouvelles qui paraîtront s’opposer à la doctrine des vieux théologiens, surtout à celle de saint Thomas et des Pères ». Voir les conclusions détaillées dans Serrv, t. II, c. ii, col. 156-160.

Le texte de cette censure fut porté à Clément VIII par le secrétaire Georges Coronel, avec un rapport justificatif (publié dans Serry, append. vi, col. 51-62). Mais précisément, en ce mois de mars 1598, arrivèrent à Rome les mémoires attendus d’Espagne : trois gros recueils de documents émanant l’un des dominicains, le second des jésuites, le troisième des universités, des évêques et des théologiens consultés (en voir le détail dans L. de Meyer, p. 179-182, et dans Serrꝟ. t. I, c. xxii-xxiii, col. 118-127). On ne pouvait évidemment condamner la Concordia sans tenir compte des examens antérieurs dont elle avait été l’objet et de tout ce qui s'était dit ailleurs sur les questions controversées. Le pape donna donc à la commission nommée par lui l’ordre de réviser le jugement qu’elle avait émis un peu hâtivement, en utilisant les documents envoyés par le grand Inquisiteur d’Espagne, « pour voir si, après mûr examen, les principes de Molina et les propositions qui s’y rattachaient pouvaient échapper à la note d’erreur » (Serrꝟ. t. II, c. iii, col. 161) ; et il exigea de la part de chacun des censeurs un mémoire écrit.

2. Deuxième session.

Désormais, chaque vendredi jusqu’au 22 novembre 1598, la commission se réunit. Loin de la faire changer d’avis, la lecture des pièces venues d’Espagne la persuada que son jugement avait été au contraire très doux. Elle maintint donc sa censure. Voir le détail des jugements portés par chaque censeur, dans Serrꝟ. t. II, c. iii, col. 161-165.

On devine l’agitation causée en Espagne par les premières décisions de la commission pontificale. Déjà les amis de Banez annonçaient la condamnation solennelle de Molina. Les jésuites menacés n'épargnèrent rien pour écarter l’orage : lettres de Molina au pape pour qu’on ne le condamne pas sans l’avoir entendu (20 sept. 1598 et 1° janv. 1599 ; celle-ci publiée dans L. de Meyer, p. 209-210, et dans Serry, col. 168) ; envoi en renfort à Rome de procureurs chargés de le défendre : Christophe de los Cobos, Ferdinand Rastida, Salas ; contre-offensive contre Banez dont plusieurs propositions furent déférées à l’Inquisition ; intervention de grands personnages plaidant pour la paix : l’archiduc Albert, ancien grand Inquisiteur de Portugal qui avait approuvé la Concordia à son apparition ; l’impératrice Marie, sa mère, épouse de Maximilien II (lettre au pape, du 14 novembre 1598, dans L. de Meyer, p. 208-209, lettres à divers cardinaux et à l’ambassadeur d’Espagne à Rome) ; le roi Philippe III (lettres du 26 nov. 1598 au pape et au môme ambassadeur, ibid., p. 207-208) ; dérivatif cherché, enfin, par la suggestion d’un changement de procédure.

Cette dernière proposition fut favorablement accueillie par Clément VIII. Il accepta qu’on substituât à la procédure Juridique « les colloques amicaux, an lerme desquels on lui faisait entrevoir une réconciliation des adversaires, et il lui parut sage d’y laisser de côté la question spéciale des idées de Molina pour ne traiter que du principal point île divergence entre jésuites et dominicains : le fondement de la grâce

efficace. I) désigna comme arbitre le cardinal Madrucci, auquel il adjoignit bientôt deux cardinaux récemment promus : le dominicain Bernerius, évêque d’Ascoli, et le jésuite Rellarmin.

3° Deuxième période : les conférences entre jésuites et dominicains (1599-1600). — En faisaient partie, du côté des dominicains, le maître général de l’ordre : le P. Beccaria, le procureur général et les PP. Alvarez et Baphaël a Bipa ; du côté des jésuites, le supérieur général : le P. Claude de Aquaviva, et les PP..Michel Vasquez, Christophe Cobos et Pierre Arrubal.

1. Les deux premières séances eurent lieu le 22 et le 28 février 1599. Elles furent occupées par des discours des généraux d’ordre et des discussions sur l’objet même des conférences. Les dominicains déclaraient n’en vouloir qu'à Molina, mais ils ne pourraient s’entendre avec les jésuites que si ces derniers acceptaient en tous points la doctrine de saint Thomas. Les jésuites répliquaient qu’ils voulaient être fidèles à saint Thomas et ne défendaient pas la cause privée de Molina, mais qu’il s’agissait de savoir « si le secours de la grâce divine prédétermine physiquement ou moralement la volonté », ou encore « si le secours efficace est physique et prédétermine la volonté, de telle sorte que celle-ci n’ait plus le pouvoir de résister à la motion divine ». Beccaria présenta six propositions de Molina, demandant aux jésuites ce qu’ils en pensaient. Aquaviva répondit que des propositions de Banez étaient également suspectes et qu’il était prêt à parler de Molina quand les dominicains auraient parlé de Banez. On finit par décider que le cardinal Madrucci demanderait des ordres au pape. Serrv, col. 172-173 ; L. de Me ver, p. 211-217.

Clément VIII prit désormais la direction des conférences, en ce sens qu’il adjoignit à Madrucci deux autres cardinaux : Bernerius et Bellarmin, et tint avec eux des conseils où il faisait connaître ses volontés. C’est ainsi que, le 4 mai, il ordonna d'étudier les objections faites contre Molina dans VApologia fratrum prwdicatorum rédigée naguère par Banez, Pierre Herrera et Alvarez, et jointe au dossier envoyé par le grand Inquisiteur d’Espagne. Madrucci en tira huit questions, qu’il confia à Bernerius et à Bellarmin pour être transmises aux généraux des deux ordres. Il attendait leur réponse pour la prochaine séance. Voir le texte des questions dans Serry, col. 171.

2. Le 29 mars, les parties étant de nouveau présentes. Bellarmin présenta six contre-questions relatives à la doctrine de Banez (texte dans Serry col. 1 74175). Les dominicains exigèrent que les jésuites répondissent d’abord aux questions posées par Ma drucci ; les jésuites déclarèrent ne vouloir le faire que lorsque les dominicains auraient répondu aux questions de Bellarmin ; on se sépara sans avoir rien fait. Il fallut une nouvelle intervention de Clément VIII, mis au courant dans la réunion cardinalice du 15 avril, pour obtenir réponse aux questions de Madrucci (texte des deux réponses dans Serry, col. 175-176). Après deux autres réunions cardinalices, le 23 avril et le 6 mai, consacrées à l’examen de ces réponses et de la censure envoyée par les dominicains contre celle des jésuites (texte dans Serry, col. 177-178), une quatrième conférence générale fut fixée au 16 niai.

3. Jésuites et dominicains y tombèrent d’accord sur les sepl propositions suivantes : 1) l’iitenuir auxiliiun præuenientis gralits effleacis, per quod Deus fæit ni komo converlatur et pic operetur. - 2) Hoc auxilium est donum Det particulare distinction a sufflclente. — 3) Est intrinsecum tam tnlellectui quam ooluntati, consistais in utriusque excilatione atque inspiralione, illuminalione intellectus, atque motione voluntatis. l) Est supernaturale et intérim tmmissum a bco. —