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2157 MOLINISME, CONGRÉGATIONS DE AUXILIIS, CLÉME NT VIII 2158

5) Nec solum se tenel ex parte objecti, sed etiam ex parte potentise. — 6) Falemur hane motionem esse realem, et antecedentem applicationcm voluntatis, moventem et inclinantem voluntatem ad aliquem aetum détermination. — 7) Posilo auxilio prævenientis graliie eflicacis, infallibiliter homo converlitur (Serry, col. 178-179). La question se posait maintenant de savoir ce qu’il fallait entendre au juste par grâce efficace et pourquoi elle est infaillible. Les cardinaux décidèrent que les parties donneraient sur elle une réponse écrite, et la séance fut levée.

Ce ne furent plus, dès lors, de part et d’autre, que notes et mémoires, plaintes et accusations. Les dominicains prônaient la prédétermination physique, selon l’expression employée pour la première fois dans Y Apologia, et voulaient faire dire aux jésuites que l’efficacité de la grâce est en partie causée par la volonté (Serry, col. 179-180). Les jésuites parlaient d' « inspirations vitales » ou de « motions congrues » et fondaient l’efficacité de la grâce sur un décret divin consécutif à la prévision de ce que la volonté ferait avec son secours (Serry, col. 181), en sorte que auxilia grattas prævenientis esse efjieacia potissimum ex Deo et ex se ; minus vero præcipue, ex respeetu ad liberum arbitrium, quem gralia ut voluntati congrua comprehendit (Serry, col. 189). Madrucci compulsa avec patience tous ces documents. Les voir dans L. de Meyer, p. 214-240, et dans Serry, col. 175-191, et append., col. 63-86. Il rédigea par écrit ses jugements qui sont dans l’ensemble favorables aux dominicains (des extraits en ont été publiés par Serry, append., col. 8794). Il allait remettre ses conclusions au pape, lorsqu’il mourut le 20 avril 1600. Son labeur n’avait abouti qu'à mettre davantage en évidence l’irréductibilité des points de vue adoptés par les deux ordres.

4° Troisième période : Retour à la commission d’examen. Confirmation des censures contre Molina (27 avril 1600-20 mars 1602). — Les conférences avaient été une diversion. Leur échec ne pouvait que ramener au point où on en était auparavant. Les jésuites, après bien des instances, finirent par obtenir, sur l’ordre du pape, que le texte de la censure de Coronel leur fût communiqué. Us eurent beau jeu pour discuter l’interminable série des 89 propositions censurées et pour prouver que, parmi elles, il y en avait qui n'étaient pas de Molina, et d’autres qui étaient indubitablement vraies ou qui du moins étaient conformes à l’opinion commune des théologiens. Extraits dans L. de Meyer, p. 249-251.

Clément VIII exigea en conséquence une seconde révision de la censure, et à cette fin il adjoignit à la commission deux nouveaux censeurs : l’archevêque d’Armagh et Ofîridus de Offridio, évêque de Molfetta. Un nouveau texte fut rédigé, qui ramenait le nombre de propositions censurées à 49 puis à 42. L’archevêque d’Armagh ne le signa pas, car il ne voyait à reprendre que 30 propositions. Voir le texte de ces 42 et de ces 30 propositions dans Le Bachelet, Auclarium Bellarminianum, p. 173-177. La défense pourtant demeurait si active que, par ses libelles répandus partout à de multiples exemplaires, elle amena peu à peu la commission à réduire ses propositions à 20. Cette fois encore, la solution semblait imminente. Le pape, disait-on, avait été convaincu par le rapport qu’on lui avait soumis. Molina, sur son lit de mort, put entendre les rumeurs disant qu’il serait condamné comme hérétique et que son livre serait jeté au feu à Rome.

Les jésuites, on le conçoit, s’agitèrent : ils demandaient des juges ; on ne les avait pas assez entendus, disaient-ils ; ils étaient victimes de malentendus ou de préjugés. Un membre de la commission, le carme Jean-Antoine Bovius, présenta au pape une longue défense de Molina, disant que, dans la Concordia, il

n’y avait rien de contraire à la foi (L. de Meyer, p. 253). Achile Gagliardi s’interposa pour la paix ; ses propositions furent écartées par les dominicains (texte dans Serry, col. 202-203) ; par lettre du 20 août 1600, il proposa au pape de porter un jugement qui tînt le milieu entre les thèses opposées : « il supprime la prédétermination pour mieux sauvegarder le dogme de la liberté, et il attribue à l’efficacité divine plus que ne le font nos pères, selon la claire doctrine de saint Augustin et de saint Thomas » (texte dans Serry, col. 204-205). Mais les dominicains ne voulaient pas entendre parler de composition. Une autre tentative de conciliation, faite par François Arriva, O. M., se heurta à l’opposition de Thomas de Lemos. Les dominicains insistaient pour qu’on s’en tînt à la chose jugée.

Mais Clément VIII ordonna une troisième révision de la censure, sous la forme d’un examen des vingt propositions retenues par la commission. Ces propositions devaient être soumises aux dominicains et aux jésuites, qui formuleraient leur avis par écrit ; puis elles seraient discutées en présence des censeurs et de deux théologiens de chaque ordre ; enfin les censures, avec les plaidoyers pour et contre, seraient envoyées au pape. La congrégation, augmentée de deux nouveaux membres, les franciscains Jean de Rada et Jérôme Planter, se réunit le 25 janvier 1601 avec les cardinaux Bernier et Bellarmin, et se mit dès lors en devoir, selon sa mission, de « chercher avec soin sur quels points Molina est d’accord avec le pélagianisme et le semi-pélagianisme ». Les dominicains y étaient représentés par Alvarez et Thomas de Lemos ; les jésuites par Pierre Arrubal et Christophe de los Cobos que remplaça dans la suite Grégoire de Valentia.

Trente-sept séances se tinrent entre cette date et le 31 juillet de la même année. En vain, les jésuites demandèrent-ils d’autres censeurs ; en vain réclamèrent-ils, avant le jugement de Molina, une définition précise des hérésies qu’on lui reprochait. Une à une, les 20 propositions furent examinées et censurées de nouveau à la presque unanimité. Seuls, le général des ermites de saint Augustin, Jean-Baptiste Plumbinus, le régent du collège des carmes, Jeanvntoine Bovius, et parfois le procureur général des franciscains, Jean de Rada, prirent la défense, de Molina. Voir le détail des séances dans Serry, col. 212-255, et dans L. de Meyer, p. 257-314.

Le 6 août, les censeurs furent reçus par Clément VIII, qui discuta plus de deux heures avec Bovins sur la science moyenne et parut bien décidé à la condamner (Serry, col. 255). Puis, en octobre et novembre, de nouvelles réunions se tinrent pour la rédaction des décrets. Bovius et Plumbinus en avaient été écartés. On ajouta, à la fin de la censure, que plusieurs autres propositions de Molina auraient pu être vivement censurées aussi, mais qu’on les avait omises, parce qu’elles ne concernaient pas exclusivement la grâce et la prédestination ; et la signature définitive fut donnée le 29 novembre.

Il s’agissait maintenant d’obtenir la décision du pape. Les consulteurs le pressaient d’agir ; Philippe III réclamait une solution qui mît fin aux troubles dont l’Espagne était le théâtre. Mais tandis que Clément hésitait devant l’ampleur du dossier qu’on lui avait soumis, des plaintes lui parvenaient de la part des jésuites qui déclaraient n’avoir pas été entendus ; des démarches étaient faites en leur faveur par le duc Guillaume de Bavière et la duchesse Marie d’Autriche ; des adresses émanant de diverses universités lui étaient soumises, qui condamnaient la prémotion physique ou prenaient la défense de Molina, demandant tout au moins qu’on attendît, avant de prendre une décision, le jugement des théologiens du Nord,