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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/293

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cl [nnocent l. mais dans un sens qui déplut à l’Index : il prohiba en 1710 ci 171’J la traduction Italienne de cette Pratique du confesseur, vingl quatre fois imprimée en Espagne, lue traduction latine en paraissait encore à Vérone en 1723. Reusch, Index, p. 513.

7, j Le genre que nous signalons a connu longue vie. En 1738, 1739, 1740, le dominicain italien, P.-T. Mitante publie coup sur coup ses Exercitationes dogma tico-morales m proposiliones proscriptas, le t. i sur les propositions d’Alexandre VII, le t. n sur celles d’Innocent XI, le I. m sur celles d’Alexandre VIII. L’auteur ne dédaigne pas quelque solennité dans le style, mais il a de fait donné toute son ampleur a cette théologie. Chacune des propositions condamnées devient le thème d’une abondante et docte explication, chargée au surplus d’érudition historique. Elles se trouvent acquérir par la un relief considérable et devenir de plus en plus des principes directeurs de la théologie morale. où l’on oublie quelque peu de quelles occasions elles sont nées et à quelles contingences elles faisaient face. Des dires et des façons de l’auteur, il ressort que la querelle est loin d’être apaisée, comme nous allons le voir en effet ci-dessous ; quiconque se déclare pour la saine morale est encore dénoncé comme rigoriste et janséniste. Milante écrit pour son compte de bonnes pages contre le principe du probabilisme. La rigueur dont on lui a fait réputation ne l’a pas empêché d’entrer en conflit sur un point particulier avec son confrère dominicain Concina, de qui nous parlerons bientôt. Mais elle a privé peut-être son honnête ouvrage du succès que rencontrait celui de Viva, venu plus tôt du reste et mieux à son heure.

Voir dans Hurter, Nomenclator, t. iv, col. 963-967, la liste complète des commentaires des propositions condamnées pour les années 1701-1720. Une liste de ces écrits également dans Dollinger-Reusch, op. cit., t. i, p. 39-40.

III. Les polémiques mineures.

Par ce qui précède, on devine que les condamnations romaines n’ont pas mis fin aux querelles de la morale. Celles-ci vont retrouver au xviir 2 siècle une très grande violence. Mais avant d’en arriver à l’épisode principal, il faut relever quelques moindres combats.

L’évêque d’Arras avait condamné en 1701 l’édition des œuvres morales du jésuite allemand G. Gobât, entreprise par ses confrères de Douai. L’affaire donna lieu à une littérature agitée, où se mêlèrent jésuites et jansénistes. Les pièces dans Hurter, op. cit., t. iv, col. 271 ; cf. Dôllinger-Reusch, op. cit., t. i, p. 292-294. Le carme Henri de SaintIgnace, avant le grand ouvrage que nous avons dit, s’était exercé déjà dans la controverse, sur un thème arboré au titre de son écrit : Artes jesuiticæ in sustinendis pertinaciter novitatibus dumnabilibusque Sociorum laxitatibus…, Salzbourg ( ?), 1703. A cette dénonciation, la réponse de Rome vint sous la forme d’une mise à l’index de l’écrit en 1709. Une deuxième édition, augmentée de moitié, datée de Strasbourg, 1710, est prohibée de même en 1711. Mais l’opiniâtre auteur lance à Strasbourg en 1717 une troisième édition, contenant une défense des deux premières, laquelle échappa à la condamnation. Un jésuite, A. Huylenbrouck, avait attaqué le carme combattit ; il s’attira une réplique : Ad artes jes. appendix…, qui ne fut non plus prohibée. Dans l’intervalle. Henri de Saint-Ignace avait lancé contre les mêmes adversaires un nouveau cri d’alarme : Tuba inirnm clangens sonum ad Clementem XI…, 1713, qu’il répétera sur des tons successivement plus élevés. Tuba altéra majorent cl. s.. Tuba magna mirum cl. s., en 1714 et en 1717 ; mais ces clameurs n’éveillèrent pas d’écho, non pas même sous la forme d’une condamnation. Voir Reusch, Index, p. 665666 ; cf. Dôllinger-Reusch, op. cit., t. i, p. 287-288.

D’autre part, le jésuite Balthasar Francolini avait

attaqué la rigueur excessive dans un écrit anonyme paru a Rome en I7<r> : Cleriau romanus contra nimium rigorem munilus duplici libro… ; son nom ne parut que dans des éditions postérieures. Apologie des modernes, dans le sens le plus contraire à l’esprit d’un document comme les Actes de l’assemblée du clergé de France, le livre atteste la persistance, sous les attaques et les condamnations, de cette préférence de la nouveauté que dénonçait Bossuet, sans compter que l’administration bénigne du sacrement de pénitence y est justifiée dans les termes les plus inattendus. La riposte vint sans retard, sous la forme de 434 pages in-8° d’un Clericus lirli/a clericum romanum muniens… ipsamque Francolini doctrinam urbi et orbi denuntians, Liège, 1706. Elle était due a J. Opstræt, mêlé a nombre de querelles théologiques de son temps. Mais un dominicain intervenait aussi, Antoine Bourdon, professeur a Rome, qui dénonçait pour son compte les relâchements du clerc romain : Francolinus cleri romani pœdagogus…, Delft (’?), 1706. Moins heureux que son adversaire et qu’Opstræt même, il voyait son livre prohibé en 1707. Une autre réfutation de Francolini avait le même sort en 171 I, vsLeltere apologeliche… publiées à N’aples en 1709 par l’avocat Maioli de Avetabile. Ces lettres contenaient entre autres des extraits d’un écrit du jésuite napolitain, Biaise Visconti, dirigé contre le confrère de Rome. Voir Reusch, Index, p. 512-513.

Il se créa plus tard autour de l’ouvrage du jésuite J.-M. Gravina, Conclusiones theologicse critico-ethiese de usu et abusu opinionis probabilis, Palerme, 1752, une nouvelle controverse dont les pièces sont relevées dans Hurter, op. cit., t. v, col. 237-238. Il faut avouer que l’ouvrage méritait ces critiques. Les thèses historiques en étaient celles-ci : le probabilisme est né chez les thomistes et a été répandu par eux ; l’antiprobabilisme est conduit presque exclusivement par les jansénistes ; les jésuites n’ont fait que soutenir et perfectionner le probabilisme contre les attaques jansénistes. Et les thèses doctrinales : l’usage du probabilisme est tout à fait sûr ; l’usage du probabiliorisme est tout à fait dangereux ; le plus authentique probabiliorisme doit conduire au rigorisme. La démonstration répond à ces énoncés. Kn voici un exemple : « Nous professons le bénignisme sans la moindre note de laxisme : il est légitime, abondamment prôné par la loi civile aussi bien qu’ecclésiastique… ; dominicain, embrassé dès les premiers temps par cet ordre illustre… ; pieux, excitant la piété ; thomiste, puisque saint Thomas l’eut en affection, lui qui, dans les seuls livres des Sentences et dans la Somme, a enseigné deux cents opinions et plus favorables à la liberté, d’après Cardenas, et pour une bonne part intrinsèquement moins probables que leurs contraires, comme le démontre Xavarrus ; chrétien enfin, si cher et si familier au Christ que rien n’est au-dessus. > Exemple de la décadence où peut tomber une controverse théologique. Cependant, F. -A. Zaccaria, S. J., n’a pas jugé l’écrit indigne de figurer dans son Thésaurus theologicus. t. IV, Venise. 1762-1763. p. 335-350 (le passage cité ci-dessus, p. 349). Sur Zaccaria, voir Hurter, op. cit.. t. v, col. 484-498 ; sur son activité en faveur du probabilisme, voir Dôllinger-Reusch. op. cit., t. I, p. 316. Comment l’écrit évita l’index, voir Reusch. Index, p. 975. Le dominicain V. Diez. de Païenne, dirigea en 1753 contre ces témérités de Gravina un Antiprobabilismus vindicatus… Dôllinger-Reusch, op. cit., t. i. p. 403.

De même esprit et de même qualité, l’ouvrage du jésuite Fr.-X. Mannhart. professeur à l’université d’Inspruck, qui publie en 1759 à Augsbourg. contre le dominicain G. Kaltenhauser et sa Theologia thomistica, parue à Trente en 1742. une Ingenua indoles seienfia ? médite, probabilismi ac gratin’effleacis. Dans la partie relative au probabilisme, l’ouvrage défend des