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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/300

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PR0BABIL18ME. L’AUTORITÉ DE S. ALPHONSE

sa persévérance, s’explique à partir des présupposés dont nous parlons. Observons en passanl que, sous le rigorisme en question, il faut entendre même le probabiliorisme des adversaires de saint Alphonse : nouveau

« libre emploi du mot, qui ne favorise pas la précision.

En quoi donc est-ce montrer de la rigueur que d’exiger de l’homme qu’il tienne compte « le son doute ? Car c’est ainsi que l’on peut exprimer la différence de notre auteur el <le ceux qu’il critique : ils veulent qu’on prenne le doute en considération ; lui, permet qu’on fasse comme si l’on ne doutait pas. Il arrivera dans un Système qu’on S’impose une action à laquelle de fait on n’était pas obligé ; mais on y aura la sécurité « ni il re de ne point offenser l’ordre ni la loi. Il arrivera dans l’autre qu’on s’exempte d’actions auxquelles de fait on

était tenu, et l’on aura pour toute compensation l’avantage d’avoir bien « usé de sa liberté - t n homme pour qui le bien n’est point ce libre usage, mais la conformité avec l’ordre et la correspondance de son action

avec le réel, ne peut hésiter entre les deux, et dans la

certitude de bien agir il trouvera non une rigueur, mais

un admirable réconfort moral. Rappelons aussi, pour achever noire observation, que la solution des doutes en faveur du plus sûr n’esl que l’issue dernière d’une situation a laquelle il a pu être pourvu selon d’autres voies ; qu’on songe à toul cel ensemble de règles édii lées par la morale classique pour les cas fort divers ou l’interprétation de la loi fait difficulté. Par rapporl < ce système soigneusement élaboré, l’universel axiome

de saint Alphonse, l.r.v iliibin non obligat, fait figure

d’étrange et regrettable simplification. Selon ce qui précède, nous tenons donc qu’entre

Alphonse de LigUOrl et Thomas d’Aquin il v a la dit îérence de la morale moderne et de la morale classique Il est vrai que celui la s’est réclamé du Docteur ange lique avec une pieuse insistance ; il a cru lui être fidèle et il s’est considéré comme son disciple avec la plus sincère conviction, connue avec la plus sincère oui

vielion il traitait de rigoriste qui ne partageait point

son axiome. Mais la confrontation des deux doctrines ne laisse pas a la morale alplionsienne le bénéfice effec lif de ce patronage ni de celle dépendance. Patuzzl

avait dix fois raison quand il écrivait a ce sujet les lignes que nous avons citées. Sur le poiid précis de la promulgation de la loi subsiste entre les deux dOCteUTS

le désaccord que nous avons dénoncé. Mais il n’esl que l’affleurement d’un dissentiment profond et général,

t et que nous avons essaj é de le dire briév ement et qui,

concernant les conceptions primordiales de la vie

morale, doit régner sur le développement entier des

doctrines. OÙ l’inspiration est diverse, les thèses par Meulières se rejoignent malaisément. L’entreprise est fausse dès le principe et elle devient bientôt décevante de découvrir dans saint Thomas l’attitude morale de

saint Alphonse et les promesses de son système. Voir nos observations sur l’effort lente en ce sens par F. Delerue, dans l’art. Éclaircissements… Pour nous. qui avons suivi jusqu’ici les vicissiludes de la théolo gie morale et assisté à son radical déplacement, ni ce désaccord ni la persuasion contraire de saiul Alphonse ne sont surprenants. Ils s’inscrivent le plus naturelle ment du monde dans la suite de celle histoire, comme un phénomène que les précédents ont prépare l’inspiration morale de saint Thomas était alors depuis longtemps perdue, au point que les siens eux mêmes, nourris de ses « cuvres. en retrouvaient non la source, mais seulement certains effets.

Pour compléter notre expose du svsU’me moral de saint Alphonse, signalons que le principe de possession est selon lui susceptible d’applications favorables a la loi. Il arrive que les doutes conçus doivent elle Iran ehés dans le sens de l’obligation. En lait, ces cas sont

relativement rares, et le principe de possession lui

même est présenté par cet auteur non comme le principe fondamental, mais comme un corollaire en son

système, le principe fondamental étant que la loi douteuse n’oblige pas. Sur ce point, voir Delerue, <]>. i il., append. i, p. 169-177. Historiquement, cette intervention du principe de possession chez saint Alpl s’explique par l’usage qu’en avaient fait les théolo probabilistes, où nous lavons vu naître et prospérer, concurremment avec le principe devenu capital chez notre auteur. On peut comparer là-dessus Alphonse de Liguori avec Suarez

II. DESTINÉE ET AVTORITl Dl LA DOl TRI :. DE SAINT ALPHONSE DE UOUORJ. 1 I >u vivant de

l’auteur. Il ne semble pas que, de son vivant, l’œuvre moi. île de saint Alphonse ail joui d’une faveur exceptionnelle, de préférence à celle d’un Concina, par

exemple, conduile. ainsi que l’on sait, dans un esprit

fort différent. Quelques indices en « sens : Diebolt, op. cit., p. l’i : Dôllinger Reusch, op. cit., t i, p 125. De la pari « le Benoit l. qui soutint Concina « online nous avons dit, « m signait un éloge a l ad d’une thèse particulière défendue par saint Alphonse, « t Berthe, op. cit., t. i, p. 179, ainsi qu’une lettre de remerciement pour la dédicao de la deuxième édition de la rhéologie morali en 1755 ; de la pa (.huant lll. une I » 1 1 nde remerciement en forme « h inri poui renvoi d’un ouvrage (les documents

pontificaux favorables à saint ipi se ^ « >nt ra

ides en tête de » l nstitutionea morales alphonsianæ, de

Cl. Mai. |

Mais eu but de rapports ave< le Saint Siège, l’épisode le plus remarquable de la carrière <l « - saint Alphonse tut uw Incident « h la polémique soutenue contre Patuzzi. Ce derniei avait fait grand cas de d<

poites contre des thèses de théologie raie émanant

du curé d’Avislo, dans le diocèse de I rente (où nous retrouvons, chose curieuse, quelques unes « l< s p

siiions les plus étranges de Gravina, de qu u^

lions ci-dessus Lémoignagi du crédit que i

Iraient alors de ces snrlis d "livrais, sebm l’atu// !.

ces mêmes thèses avaient été défendues en 1754, bu . olli. «  « ti la Compagnli de Jésus a Païenne, où nous savons que t. ravina résidait en effet) l. Trente les avait prohibées en 1761, bientôt Imité par l’Inquisition romaine, dont le décret tut confirmé par Clément 1 1 1 Documents dans la Causa del probabilisma . p. 237 sq sur quoi Patuzzi, insistant et près sant, proclame condamné l’usage du probabilisme pui et simple, v compris la proposition cher* a s "ii advei s.nie de l’usage licite de t’également probable îavo i alite à la liberté Saint Mphonse ne pouvait l’entendit

ainsi et H soutint que h s unies de la c lamnatlon

portaient sur l’ensemble des thèses et non sur > h i d’elles en particulier. Il en « lisi ute longuement et mi nu tieusement. en Un de compte, il < 1 i avoir Inti

dessus, pour plus de suiele. deux cousiiltcurs, |n Saint Office, le mail le du Sac le l’a lais et le secrétaire de ITn dex. leur réponse, qu’il reproduit, donne « m effet rai

son a son interprétation. Il est toutefois Observé dans

l’une que la condamnation, si elle n’atteint pas le pro babilisme, ne le favorise pas poui autant. Bien plus, saint Alphonse adressa la même demande au cardinal pénitencier Galli, le priant de s’assurer du sens de la condamnation auprès du pape lui même. Il en reçut une réponse assez prudente, mais qui lui confirmait l’intention de condamner l’ensemble des Muses, sans qu’on prétendu prohiber celles qui sont librement « lis

pillées dans les écoles catholiques. Textes et discussion

dans Dell’ii^, , moderato…, 1765, p. 282 sq Patuzzi

revint a la charge. Il ti’v a pas lieu « le lui donner rai son. Le probabilisme ne lut pas alors condamné, bien que saint Alphonse semble avoir eu quelque crainte

qu’il ail pu l’être, H en ressort « |n< son interprétation