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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/412

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1 t socialisme trouva son Ricardo en la personne de Rodbertus, héritier de—.mil simoniens, qui, vins se mêler aux agitations populaires comme Karl Marx, combina dans un exposé vigoureux les Idées sociales les plus avancées ri le programme politique le plus conservateur. Lassalle, avant tout bomme d’action et tribun. est surtout connu pour la rormule retentissante do la loi d’airain des salaires. par laquelle il désignait la théorie essentiellement classique, depuis rurgot, Malthus et Ricardo. du salaire nécessaire ou <ln salaire minimum.

Marx donna au socialisme une charpente doctrinale. Ce fut a lu fois une force i’t une faiblesse, car, si l’allure scientifique et la fermeté du marxisme rendirent plu-. i la propagande socialiste, il faut reconnaître en revanche que beaucoup de thèses socialistes, liées pour un temps aux catégories marxistes, subirent le même sort que celles ci : or, les thèses essentielles de la doctrine de Marx sont aujourd’hui périmées. Sans nous attarder a l’étude du marxisme, notons en ce qui concerne la doctrine de la propriété : a / la vraie aleur des marchandises se mesure au quantum de travail social qui s trouve incorporé ; bi l’ouvrier qui livre son travail pour un salaire n’est pas rémunère pour la valeur issue de son travail, mais strict ement pour la valeur de son travail, laquelle est déterminée par le quantum de travail socialement nécessaire pour produire les denrées et objets indispensables a l’entretien de l’ouvrier et à sa reproduction ; la différence entre la valeur du travail et la valeur produite par ce travail ncaissée par le capitaliste, comme plus value : mécanisme entraîne un antagonisme Incurable entre la classe qui ne dispose que de son travail et celle qui. disposant en propre des moyens de production, prélève la plus-value : d i comme la plus value devient capital a son tour et. par suite d’un nouveau travail. engendre mu’nouvelle plus-value, cet antagonisme entre le travailleur et le capitaliste, dans un régime de propriété privée et de libre concurrence, ne peut qu’aller en s’aggravant, jusqu’au jour où la collectivité expropriera les derniers capitalistes et s’emparera des moyens de production.

Cette construction ne résista pas à l’épreuve des faits. Selon l’expression de (, . Sorel, le marxisme s’est La décomposition du marxisme. 1908. Le néo-marxisme, d’une part, qui rejette les thèses marxistes et n’tst pas révolutionnaire, le syndicalisme révolutionnaire, d’autre part. qui. sans souci des théories, n’a retenu que la lutte des classes, l’action directe et la yrève générale, lui ont succédé. Récemment, sous le nom de néo-socialisme, des esprits distingués, comme A. Philip, J. Moch. 11. Dubreuil, professent une théorie de rationalisation générale, d’organisation économique visant a créer des biens par les entreprises les mieux établies, avec les coûts de production les moins -. et a raccourcir les routes de la circulation depuis le producteur jusqu’au consommateur. F. I.eitner. irtscha/tslehrr der Vnlernehmung, "> éd.. 1926. attitude n’offre rien de spécifiquement socialiste et n’attente pas à la propriété. De même, nous n’avons nous occuper des théories dites intervention--, ni du socialisme d’I’.tat. jour la même raison. Quant au communisme (anarchisme, école libertaire t. il enseigne un individualisme outrancier et n’entend abolir la propriété privée que parce qu’il v voit, après l’rmidhon. le moyen d’opprimer les non-possédants ; il l’ailleurs supprimer toute autorité, persuadé— que -on et la science établiront demain entre tous les homme— un ordre naturel et spontané. Le bolche isme, pour le moment, s’efforce de réaliser le marxisme. Iran indispensable entre le r< ipitaliste et le

mmuniste. car. avili par l’esclavage millépeu homogène peu souple, individualiste eni

infecte du v IrUS petit bourgeois, le prolétaire n’.lequel i a

qu’au prix d’efforts, prolongés pendant plusieurs gêné rations, l’espril de solidarité communiste, d’acquiescé ment ahsoiu a la volonté générale, de soumission parfaite et spontanée aux Intérêts de la collectivité

2. Les arguments du socialisme. Le socialisme appme ses attaques contre la propriété privée sur trois fondements bien distincts, qui récapitulent en quelque

sorte les phases de son évolution historique,

a) Fondement éthique. Le socialisme n’a pas

renoncé aux forces sentimentales et morales. il ne

Suffit pas, déclare li. lalon, de faire appel aux Intérêts économiques et aux haines de classe. car le socialisme ne se laisse pas enfermer dans la coquille du procès sus économique. C’est la. avouons le, l’aspect le plus Sympathique et aussi le plus tenace du socialisme. Les

Dialogues socialistes d’Ed, Berth, 1901, glorifient la valeur moralisatrice du socialisme, qui émancipe les deux puissances les plus aptes à moraliser l’homme : le travail et l’amour ; le travail élevé du régime du salariat au régime de l’association, l’amour rénové au sein de la famille ou entre les sexes par l’indépendance donnée a la femme. Charles Andler estime lui aussi que l’on est d’abord socialiste par I’adhésion du cœur à un idéal qui se propose à nous pour sa beauté Le travail débarrassé de préoccupations égoïstes et mercenaires : tel sérail l’idéal du socialisme : il ajoute aussitôt que ce socialisme-là n’est pas le socialisme que l’on rencontre aujourd’hui… Sous ces sentiments infiniment respectables et tout à l’honneur de ceux qui les ont conçus, que découvrons nous de précis ? I.a nausée d’un régime où la possession des richesses semble la Bn de tout effort humain, le but unique du travail et souvent même le honteux carcan où étouffent nos plus spirituelles aspirations. C’est de cela qu’on accuse l’institution de la propriété privée, considérée comme le pivot du régime capitaliste tout entier et comme l’instrument de toutes les spoliations et de toutes les servitudes.

b) Fondements économiques. Plus précise, mais plus discutable, se présente la base économique du socialisme.

Dans une thèse ironiquement intitulée L’utilité sociale de la propriété individuelle. 1901, Ad. Landry oppose cette institution à l’intérêt social. Le producteur, parce qu’il est mû par l’appât du profit individuel. peut être amené à orienter ses efforts dans une direction nuisible au bien général ; ce qui l’intéresse, c’est moins la productivité i que la rentabilité » de son entreprise : il a intérêt a jeter à la mer ou à brûler une partie de sa récolte de blé ou de café, afin de maintenir les cours et d’obtenir un bénéfice définitif plus grand ; il peut substituer l’élevage a la culture sur ses terres.

Dans les deux cas. son intérêt individuel l’emporte donc sur l’intérêt social, précisément a cause du caractère individuel de la propriété. I.a consommation, à son tour, est mal servie a cause de la propriété privée : il paraît juste de pourvoir aux besoins essentiels de l’humanité avant de satisfaire des besoins moins intense., ou artificiels, ou même nuisibles. Or. aujourd’hui, la consommation qui exerce la plus mande influence si r le marché, à cause de la propriété individuelle combinée avec la libre concurrence, est la consommation des riches ; en ce sens d’abord qui les

riches, par la hausse des prix, obtiennent seuls les denrées de première nécessité’si celles ci v iennelil a se i ai é

fier : de plus, en ce sens que la product ion, orientée par la demande des consommateurs fortunés, s’applique a des industries de luxe, sans souci d’autres activités qui seraient moins rémunératrices, mais dont le besoin

se fait sentir tragiquement pour la roule des miséreux. i Fondements philosophiques. Sans prétendre uiei

qu’il v eut d’original dans l’ouvre de Karl Mais.