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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/428

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PROPR] III ESSAI DE SYNTH l SE

L’appropriation est la condition, la rançon m l’on veut, de la matérialité qui caractérise nos gestes humains les plus courants soit que nous absorbions et nous appliquions des utilités, soit que nous en élaborions,

I i aractères généraux et divers de l’appropriation. Nous avons a.lmis que l’usage d’application, Isant a satisfaire des besoins présents en leur appliquant des utilités existantes, » >tli » moins d’élasticité que l’usage d’élaboration. Il est à prévoir que l’appropriation de fait jouit elle.uism d’une Inégale f. nulle d’extension, selon qu’elle s’attache à l’un <>u à l’autre usage. Et, de même que la nécessité d’élaborer des utilités n’est pas Immédiate, mais conditionnée par celle d’en consommer qui est seule absolument rigoureuse, « le même il y a une appropriation indispensable : c’esl celle qui s’opère dans et par l’usage d’application, tandis que l’appropriation qui sort l’usage d’élaboration n’est que d’une nécessité conditionnelle et relative.

Mous non-, rencontrons ici. après bien îles travaux d’approche, avec la doctrine exprimée dans II 11°, q. ii. a.’_’. Observons cependant qu’en cet article, saint Thomas parle absolument tVusus pour désigner

te que nous avons appelé usage d’application et que

maints auteurs nomment Jouissance ou consommation. A l’usus ainsi entendu fait face la procuratio et dispensatio : cela évidemment n’est pas autre chose qu’une manière particulière d’user, mais qui correspond plus précisément à l’élaboration. Le R. P. Brunet interprète exactement cette nuance lorsqu’il dit que, dans l’usage général tel que le conçoit l’art. 1. par opposition à la natura rcrum. soumise au seul pouvoir de Dieu, dans l’utilisation humaine il faudrait distinguer administration d’une part, ou si l’on veut, en langage moderne, production et échange (potestas irandi et dispensandi }. et. de l’autre, jouissance ou consommation (usus) ». La propriété privée chez Maint Thomas, dans S’onvelle renie théologique, nov.déc.

F.n ce qui concerne Vusus ou usage d’application, nous savons qu’il entraîne une appropriation de fait, la consommation même, du moins s’il s’agit d’umatériel de biens matériels. Et, par ailleurs, nous ns que cet usage d’application s’impose directement a tout homme, au même titre du besoin, dans la mesure du besoin, avec la rigueur d’une nécessité naturelle. L’appropriation de fait inhérente à l’usage d’application ne peut donc être considérée comme le priquelqucs-uns. ni comme un droit prescrip tible ou cessible, (.’est en ce sens que les utilités extérieures doivent être considérées comme communes : non habsre res exteriores ut proprias sed ul communes. formule n’écarte pas l’appropriation de fait, n exclusive de telle chose à telle personne, condition nécessaire de la consommation : elle exige lient que tous aient part, sans exception, dans la re de leurs besoins, a cette consommation, parce que tous v ont droit au même titre. Remarquons d’ailleurs que <e droit de tous ; i l’usage d’application n’implique pas un régime juridique de propriété individuelle généralisée. Pendant des millénaires, la plupart très humains, soumis à la » ut, ’t<is d’un paler ou d’un maître, ne pouvaient prétendre a aucun droit de propriété pas même a l’existence juridique ; ils vivaient lient par la consommation leur

naturel et imprescriptible a Vusus d’application. ippropriant de f.iit les utilités nécessaires a leur port, il n’y a pas de différence essen-un milliardaire, entre le sécu ux rpii ; i renoncé a tout droit de pro n va autrement de l’appropriation inhérente à i rat ion, c’est-à-dire île l’appropriation roduction et : i I ruent des utili tés nouvelles, à la procuratio et a la dispensatio. Vois

sommes Ici en pleine contingence historique et sociale.

Rien de plus variable que les régimes de production ;

or. chacun d’eux a ses exigences particulières en matière d’appropriation. Essayons de nous en rendre compte sans verser dans un détail qui nous retiendrait Indéfiniment.

Il existe, in tous les régimes, une part d’activités pro ductrices qui reviennent aux individus ou au groupe

restreint de la famille ; cette part est relativement Importante dans les ci il is.it ions simples ; elle va en dimi nuant à mesure que le reseau des relations sociales se

resserre et s’enchevêtre. Voyons comment un Pygmée

résout le problème alimentaire. Il s’empare d’une branche toile et souple, il la façonne longuement et minutieusement pour en faire un arc : il conserve par devers lui de manière exclusive cet outil de producl ion. afin de pouvoir s’en servir en temps utile ; il abat une pièce de gibier ; il conserve et prépare celle nourriture

jusqu’à l’heure où il se l’approprie définitivement par

la consommation. Cet homme s’est comporté en fait comme un propriétaire absolu et exclusif, parce que cette attitude lui était imposée par les conditions mêmes de la production. S’il s’était départi un moment de sa propriété de fait, la série des opérations logiquement ordonnées à la production se fût trouvée interrompue.

Comparons à ce type la manière dont se réalise la production des utilités dans un régime économique de grande chasse : la technique de la chasse s’étant perfectionnée exige un personnel nombreux aux fonctions spécialisées ; le groupe social intervient plus fréquemment, pour la répartition des terrains entre les familles ou entre les équipes de chasseurs, pour la distribution du butin entre tous ceux qui prirent part de près ou de loin à l’expédition, pour l’observation des prescriptions rituelles relatives à la chasse et des règlements de sécurité dont l’opportunité a été juridiquement reconnue. Le processus de production n’est plus mené à terme par un seul homme, mais il se réalise par une collaboration fondée sur un échange de services et une multiplication sociale des efforts de. chacun. Il suit de là que la rigueur individuelle de l’appropriation se relâche : l’outillage d’armes et de filets appartient au groupe qui le fait entretenir par des spécialistes ; d’autre part, le gibier ne demeure pas nécessairement aux mains de l’homme qui s’en est saisi, mais il est distribué selon les prescriptions de la coutume ou la volonté du chef. Il n’est donc pas nécessaire que chacun se comporte en propriétaire exclusif et absolu pour que se déroule elTicacement la série des actes de production. Cela suffit à expliquer pourquoi, selon les régimes économiques, les plus grandes variations s’introduisent dans les conditions de la propriété. Tantôt la plupart des gens, pour subvenir à leurs besoins par l’usage d’application, se livrent aux mêmes opérations de production simple ; celle égalité dans l’usage d’élaborai ion suppose qu’ils détiennent tous, en appropriation de fait, une quantité à peu près égale de moyens de pro duel ion : chacun a par exemple son arc : chaque famille son lopin de terre, sa barque, son troupeau. Tantôt, grâce au développement et à la différenciation des techniques, OU pour des raisons d’ordre social (telle la présence d’une classe noble de prêtres ou de guerriers, ou d’une caste issue d’anciens envahisseurs), on réalise l’usage d’à p| /lient ion au pro lit de tous sans s’attacher à conserver entre tous cette égalité dans l’usage d’élaboration. Les fonctions se distinguent, et entre elles l’équilibre s’établit grâce à l’échange d’utilités (den rées ou services). En même temps, des hiérarchies éco nomiques se dressent, subordonnant les unes aux

autres les diverses activités de production. La proCU

ratio et dispensatio, l’usage d’élaboration devient le