Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I

3

SC H I PULE. REMÈDES

I

mal. Cela vaut pour l’assistance à la sainte messe, la récitation des heures de l’office divin ou du chapelet. Suint Alphonse va d’ailleurs jusqu'à déclarer : Si quis pateretur graves anxietales, posset aliquando etiam ci interdiei recilalio ofllcii, donec videatur pusse recitare sine lanto incommodo ; cum magnum incommodum excuset per se a prssceptis Ecclesi&e. Theol. mor., I. IV. n. 177. Cette remarque du grand moraliste nous amène à étudier les privilèges des scrupuleux.

2. Privilèges des scrupuleux. En vertu d’un adage anci< ii, toujours vrai pour la conduite morale, nullu lex positiva obligal cum nimio incommodo, des lois posit Lves cessent d’obliger sous peine de faute, quand il y a imp issihilité morale ou un grave inconvénient à les accomplir. Le scrupule, selon l’avis des théologiens, est à coup sûr une difficulté notable, qui dispense de certaines obligations ; sinon ceux qui en sont affectés s’exp « seraient à des embarras de conscience tels, que leur état s’aggraverait et risquerait de compromettre dangereusement et pour toujours peut-être leur équilibre physique et moral.

Cette exemption de la loi n’est pas un pur conseil ; le scrupuleux doit la considérer comme obligatoire, si son confesseur la lui impose, car en vertu du cinquième commandement du décalogue il est tenu de prendre les moyens nécessaires pour sauvegarder sa vie physique et spiritm lie.

Le privilège essentiel a Irait à l’intégrité matérielle de la confession. Cf. Priïmmer, loc. cit., 1. 1, n. 323. Aussi, selon l’avis du directeur de conscience, l’examen préparatoire à la confession doit-il être bref, parfois même il sera totalement interdit. Il suffira que le pénitent s’excite à la contrition et au ferme propos sur les péchés graves de sa vie ou, s’il n’en a pas commis, sur tilles fautes vénielles plus sérieuses. Il suffira d’accuser deux ou trois fautes au maximum, sans détail et sans entrer dans les circonstances. D’ailleurs, en vertu du principe exposé antérieurement, le scrupuleux ne doit considérer comme matière obligatoire du sacrement de pénitence que les péchés mortels évidemment connus et certainement jamais accusés dans une bonne confession. Si après l’absolution il survient des inquiétudes il faut les mépriser.

Sur ce sujet très grave, le P. Berthier écrit, Abrégé de théologie, Paris, 1902 : « Qu’on défende aux scrupuleux d’accuser les péchés qui les tourmentent contre la foi, l’espérance, la charité, la chasteté, de répéter leurs confessions du passé et même de chercher à se rendre compte si elles ont été mal faites. Il importe que le confesseur leur fasse cette défense, avec bonté sans doute, mais avec force et sans hésitation… Qu’il ne craigne pas de l’assurer que si, en obéissant, il fait un péché matériel, ou s’il n’accuse pas une faute grave en confession, cela ne lui sera pas imputé. Il est, en effet, des scrupuleux tellement anxieux qu’ils ne sont pas tenus a l’intégrité de la confession. »

C’est pourquoi également, en dehors de la confession, au temps p -nuis par le guide spirituel, le scrupuleux pourra s’approcher de la sainte table, en dépit de tous les troubles intérieurs qui pourraient surgir, même si, ajoute Dutïner, étudiant cette hypothèse,

vous croyez avoir l'évidence de péchés tu >rtcls [ceux contre le respect de la vie d’aulrui, la justice et la pureté, au m oins par un acte extérieur, exclus]

certains eu is depuis la dernière confession, p >urvu

que vous fassiez un acte de charité ou de contrition parfaite avant de communier ». Pour consoler et guérir les scrupuleux, dans Nouvelle revue thiologique, 1932, p. 946.

Dans L’ange conducteur, qui, après avoir été d.-i

au Saint Office, fut approuvé par cette Congrégation

(voir Duffner, l<>c cit., p. (.U7), le P. Dubois écril :

Que le scrupuleux fasse donc toutes les communions

que lui prescrit son confesseur. Qu’il les fasse en aveugle, foulant aux pieds toutes ses inquiétudes, quelque grandes qu’elles soient, d’avoir commis des péchés mortels depuis l’absolution, Il doit faire toutes ses communions sur un simple acte de contrition… sans retourner trouver aucun confesseur. » Dubois. L’ange conducteur, p. XI.

Les scrupuleux occasionnels doivent s’appliquer les privilèges particuliers durant tout le temps de leur crise morale ; ceux qui le sont de par leur constitution le pourront toute leur vie, au moins aussi longtemps qu’ils seront affectés. Cela n’empêchera pas ces derniers de recourir aux avis d’un médecin éclairé, si le confesseur le leur conseille.

3. Le traitement médical. Sans vouloir nous étendre sur ce sujet, qui ne relève pas directement de la théologie morale, rappelons cependant que des soins hygiéniques sous forme de sommeil prolongé, d’exercices physiques, de vie au grand air, d’hydrothérapie pourront être excellents. Parfois il faudra, pour obtenir une amélioration, modérer les occupations intellectuelles, diminuer le travail, suivre un régime de calme ; en d’autres cas, certains toniques seront nécessaires. Prendre un soin raisonnable de notre corps n’est pas trop accorder à la nature, ni nuire aux exigences de la perfection, mais se soumettre dans la maladie à la divine volonté. C’est pourquoi saint François de Sales, saint Vincent de Paul, Bossuet, Fénelon et tant d’autres excellents directeurs de conscience ont exigé de leurs pénitents l’obéissance au médecin des coi p.. Voir d’Agnel et Dr d’Espiney, Direction de conscience et psychothérapie des troubles nerveux, p. 2(14-27( ».

En certaines circonstances il faudra même avoir recours à des psychiatres, car si le scrupule est développé au point d'être devenu une véritable obsession, c’est que le fonctionnement du mécanisme cérébral, instrument de l'âme pour l'élaboration de ses pensées et de ses sentiments, est lui-même défectueux. Sur ce point, on pourra consulter avec profit l’excellent travail du docteur Vittoz, Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral, Paris, 1921.

Malgré sa gravité, et les perturbations graves qu’il jette dans le corps et l'âme, le scrupule est donc un mal qui n’est pas sans remède. La fidélité aux règles particulières, l’acceptation généreuse des privilèges et surtout l’obéissance aveugle au confesseur éviteront de transformer la vie du scrupuleux en un martyre et lui apporteront un minimum de paix, souvent même la guérison totale.

En toutes hypothèses, l'épreuve doit être vécue avec confiance, car si nous vivons dans l’incertitude de notre rédemption finale, c’est pour notre plus grand bien. Aussi quand le scrupuleux fait ce qui lui est moralement possible pour ne pas pécher, ! ] doit espérer en la miséricorde et en la gr ; ce du Seigneur.

Tous les auteurs de théologie morale font une place a l'étude du scrupule ; nous ne donnons les noms que de ceux qui ont île allègues dans l’article, s. Alphonse. Theologia

moridis, Ôdlt. Gaudé, 1. I. Moine, 1905, n. 2-19 ; Arnaud

d’Agnel-D* d’Espiney, Direction de conscience et psychothérapie des troubles nerveux, Paris, i (.122 ; Arnaud d’Agnel, Lc scrupule, Paris, 1929 ; liautain, La conscience. Paris, 1869 ; F. liouillier. De la conscience en psychologie et

en monde. Palis, 1X72 ; BrocardUS, Tractatiis de eonseieiilia, dans Migne, Tlwnlmj. cars., t. xi, q. ii, ait. l-ô ; Dubois,

L’ange conducteur des Ames scrupuleuses, Lille et Paris, 1905 ; Duffner, Pour consoler ci guérir les scrupuleux, dans Nouvelle renie theol.. 1932, ». 804-814, 926-950 ; 1933, p. 857 359 ; Kyinicu, Obsession et scrupule, Paris, P.I22 ; Gearon, Le »

Ames scrupuleuses consolées, l’avis, 1931 ; Gousset, Théologie morale, t. ii, lo « édlt., Paris, 1855 ; s. Ignace de Loyola, Exercltta spirttualta. Home, 1854, Régula ; de scrupulls ; Jennesseaux, traduction de l'œuvre d’Ignace de Loyola, Paris, 13 « édlt., 1891 : Raymond, Le guide des nerveux et des

scrupuleux, Paris, 1926 ; Hculcr, Sco-con/cssorius, Palis-