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SCYTHES (MOINES)

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nisdas le 29 juin, décrit ainsi : De l’entourage de V italien — te magister militant qui avait assuré à Justin i a son neveu Justinien le pouvoir suprême après la mort d’Anastase Us prétendaient faire agréer par l’autorité du pape un certain nombre de capitula dogmatiques, l’un entre autres selon lequel il fallait atlirmer que l’une des personnes de la Trinité a été crucifiée (unum de Trinitate erucifixum). A les entendre la formule de Chalcédoine ne suffisait pas pour confondre le nestorianisme qui relevait la tête. Texte dans la Collectio Avellana, Epist., ccxvi, du Corpus de Vienne, t. xxxv b, p. 675-676.

Avant même l’arrivée des légats, ces remuants personnages avaient eu une altercation doctrinale avec Victor, un diacre constantinopolitain, précisément sur cette question et sur d’autres qui lui étaient connexes. Sitôt parvenue à destination, l’ambassade romaine avait été saisie de leur plainte contre ce diacre. Vainement avait-elle 'essayé d’apaiser le différend dans un colloque tenu en présence du patriarche lui-même. Celui-ci ayant fait lire les décisions dogmatiques de Chalcédoine avait déclaré qu’il n’y avait rien à y ajouter ; qui les recevait devait être tenu pour catholique. Victor n’avait fait aucune difficulté de les admettre. Mais les moines scythes de répliquer : » Il faut encore ajouter l’unus de Trinitate. « Les Romains répliquèrent qu’il ne leur semblait point possible d’exiger ce qui n'était défini par aucune autorité. La chose en était restée là, au moins pour ce qui concernait la légation pontificale, car il y eut, semble-t-il, de nouvelles tractations entre Victor et les Scythes auxquelles se mêla Vitalien. Récit de cette première entrevue des Scythes et des légats dans une autre dépèche de Dioscore, du 15 octobre, Epist., ccx.xiv, p. ii.s5-(>86. Les Scythes avaient également porté des accusations d’ordre doctrinal contre les évêques de leur province — la Dobroudja d’aujourd’hui — et spécialement contre Paternus, de Tomi. Epist., ccxvii, 5, p. 678. Et, sans doute pour faire pièce à Dioscore, dont ils étaient mécontents, ils avaient fait obstacle à la désignation de celui-ci comme patriarche d’Antioche. Ibid.. 2, p. 077.

Qui étaient ces moines, à qui leurs rapports avec Vitalien donnaient une telle puissance ? Leurs noms sont donnés pour la première fois dans une lettre adressée à Rome le 21* juin par Justinien, alors associé à l’empire. Signalant leur agitation au pape, il ajoutait : Leurs noms, c’est Achille, Jean, Léonce et Maurice. > Epist., clxxxvii, .'i, p. 644. Sur l’identification de Léonce avec Léonce de Byzance, voir ici t. ix, col. [00[01, où l’on a rejeté les conclusions de I.oofs. Le Jean qui est signalé ici est certainement le même qui, dans la dépêche de Dioscore du 2 !) octobre, est appelé

Maxence ; i il se prétend abbé et chef d’une congrégation, mais il serait bien en peine de dire dans quel monastère il a jamais vécu, sous quel abbé il a l’ail profession ; l’on en pourrait dire autant d’Achille. » Epist., CCXXIV, 11, p. 687. Léonce, lui, se réclamait de sa parenté avec Vitalien. Epist., CCXVI, (i, p. 675. Le magister militum était lui aussi, paraît-il, de la province de S ; vthn il n aurait lien détonnant dans le l’ait qu’il aurait amené lui-même à Constant ! nople les moines en question. Nous verrons ultéricu renient que la disparition du général fait rentrer

presque aussitôt dans l’ombre les ^ens qui se récla

niaient de lui. Comme leur protecteur, ils étaient d’ori glne barbare, ce qui ne les empêchait nullement de parler latin : ainsi faisaient nombre des barbares établis dans la région danubienne ; ainsi Taisait leur

compatriote Denys le Petit, dont il s’est conservé une

lettre adressée a ses trères très chers Jean Maxence et Léonce. Denys leur envoyai ! la traduction latine des

deux lettres de saint Cyrille a l'évêque Successus, et

leur promettait d’autres traductions encore de l'évêque d’Alexandrie. Texte dans ScbwartZ, Acta Concil. acum., t. iv, vol. n. p. xi-xii. Cette particularité révèle que les Scythes étaient plus familiers avec le latin qu’avec le grec,

Nous ne discuterons pas ici des origines, de la signification, de la portée de la formule « théopascliilc, que les Scythes voulaient imposer autour d’eux comme tessère d’orthodoxie. Voir ThÉOPASCHITE (Controverse), Il reste que la légation romaine jugea leurs exigences au moins inopportunes. Déboulés par les envoyés du Siège apostolique, mais encourages par Vitalien, les Scythes se décidèrent à porter à Home même leurs exigences ; on verrait bien, si oui ou non, le pape prendrait position à l'égard des capitula quc ses légats avaient refusé de prendre en considération, lui août de cette même année 519, ils étaient à Rome ; mais ils y furent bientôt rejoints par les dépèches des légats qui dénonçaient à leur maître l’agitation brouillonne de ces personnages. Epist., ccxvi et ccxvii, p.)>75, (177, datées du 21) juin. Loofs a supposé que Jean Maxence n’avait pas fait partie de cette mission à Rome et était demeuré a Constantinople.

2° Les moines sci/lhes à Rome. — Tiraillé en sens divers, Hormisdas reçut d’abord très bien les Scythes ; ils étaient les protégés de Vitalien à qui le pape avait des obligations. Dans une réunion où figuraient de nombreux évêques et sénateurs, le pape aurait approuvé les capitula rejetés à Constantinopte par les légats. C’est du mains ce qu’allirme le titre qui se lit en tête du libellus fidei de Maxence : Incipit libellus fidei oblatus leg.ilis apostolica Se lis Constantinopolim, quem aceipere noluerunt, susceptus est oero Rome a beato papa Hormisda et in conoentu episcoporum sioe totius Ecclesiæ nec non omnium senatorum lectas catholicus est per omnia approbatus. Schwartz, op. cit., p. 3. Les dépêches des légats refroidirent les bannes dispositions d’Hormisdas. La cause lui étant apparue comme ayant à Constantinople tous ses tenants et aboutissants, il pensa que le patriarche serait plus à même d’en connaître et il eut d’abord l’idée de lui en renvoyer le jugement. Cf. dépèche de Dioscore du 15 octobre, qui répond à la suggestion d’I Iormisdas : l’isiun /lierai apostolatui vestro episcopo Constantinopolitano causam delegare. Epist., ccxxiv, 1, p. GS5. Mais les Scythes ayant refusé, le pape déclara cru 'il attendrait, pour juger définitivement sur le fond, le retour de ses légats ; il demanda aussi que l’on envoyât à Rome le diacre Victor, cause première des incidents. Lettre d’I Iormisdas à Justinien, Epist., ci.xxxix, p. 646-647.

Cependant un revirement s’opérait à Constantinople dans les idées de Justinien et de Justin. Jusque là ils s'étaient montrés plus que réservés à l’endroit des Scythes et de leur formule. Mais, au cours de l’automne, ils avaient reçu des informations leur révélant cpie diverses provinces d’Orient, craignant un réveil du nestorianisme, se rangeaient du côté des fameux capitula des Scythes. C’est ce qu’expliquèrent au pape une lettre de Justin du 19 janvier 520, Epist., clxxxi, p. 636, et une autre, moins explicite, de Justinien, Epist., ci.xxxiii. p. 638 ; le patriarche Jean se joignait aux souverains pour demander que Rome lit tout le nécessaire pour sauvegarder l’unité. Epist., clxxxii, p. 637. La réponse d’I Iormisdas. du mois de février ou mais, ne laisse aucun doute sur le sens des demandes

Impériales ; il s’agissait bien île mettre en sûreté le

caractère indivisible de la Trinité, de laquelle les nconestoriens semblaient vouloir séparer la personne du Verbe incarné. Voir Epist., cevi, I. p. 665.

En juillet 520. les lésais romains partirent enfin de Constantinople, porteurs de plusieurs lettres impériales ; la plus importante était celle de Justinien. qui

s’exerçail déjà au métier de théologien. Sans reprendre