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SCYTHES MOINES

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la formule scythe dans ce que l’on pourrait appeler sa brutalité, il proposait un texte transactionnel. « Il nous semble, disait-il. que Jésus-Christ. Dé de la Vierge Marie, et dont le prince des apôtres dit qu’il a soulifert dans la chair (1 Petr.. iv. 1 I, est a bon droit déclare l’un de la Trinité, qui règne avec le l'ère et l’Esprit-Saint. Sans doute la formule l’un de la « Trinité, quand l’on n’exprime pas le nom de JésusChrist, demeure-t-clle ambiguë ; mais nous ne doutons pas que la personne du Christ ne soit unie dans la Trinité avec cettes du l'ère et du Saint-Esprit ».

Mais Hormisdas, puisqu’on ne lui avait pas envoyé le diacre vittor a ut lui uissi change d ais il ne voulait pas a Rome de nouvelles joutes théologiques. Dès qu’il apprit que ses légats s'étaient mis en route, il donna aux moines seythes l’ordre de déguerpir. Ils ne le tirent pas sans de véhémentes protestations. Si le pape, disaient-ils. après avoir indéfiniment renvoyé sa sentence, se dérobait de la sorte, c’est qu’il craignait de voir mettre en fâcheuse posture, par l’argumentation des Scythes, son légat Dioscore dont le nestorianisme était avéré. Noir Jean Maxcnce. liesponsio adversus Hormisdse epistulam, n. 3(5, dans Schwartz, op. cit., p. 54-55. Ultérieurement le pape se plaindra des troubles que le zèle brouillon des moines s’efforça de causer. Il réussit néanmoins à les faire embarquer pour Constantinople, où ils arrivèrent au début de l’automne. Ils apprirent, en débarquant, la mort de N' italien, assassiné fin juillet. Ce deuil inopiné les privait de leur plus ferme protecteur ; ils purent craindre que Justin et Justinlen, délivrés d’une tutelle gênante, ne les abandonnassent, eux et leur formule. Pour ce qui est de cette dernière, les deux basileis ne la sacrifièrent pas entièrement. Le 9 septembre, deux lettres parallèles de Justin et de Justinien insistaient auprès du pape pour que satisfaction fût donnée aux vœux des provinces de l’Orient par une explication écartant tout soupçon de nestorianisme. Epist., ccxxxii, 7, 8, p. 703 ; ccxxxv, 3, p. 715. Dans les conseils impériaux, la formule scythe était tout près de triompher.

Les moines seythes et les Africains.

.Mais si, de ce côté. Maxence et ses compagnons obtenaient quelques apaisements, leur situation dans la ville impériale ne laissait pas de devenir pénible. Un évêque africain, Possessor, qui, fuyant la persécution vandale, s'était réfugié à Constantinople, ne se privait pas de dénigrer les Scythes et de raconter partout l'échec qu’ils avaient enregistré à Rome. Ce faisant d’ailleurs, il croyait exécuter les consignes d’Hormisdas. De fait, en réponse à une lettre de Possessor lui demandant son avis sur les livres et la doctrine de Fauste de Riez, voir ci-dessous, art. Semi-pblagianisme, qui était mis en cause en Orient, le pape avait exprimé sa pensée sur la question ; mais aussi, puisque les Scythes avaient pris part a ces disputes, il avait saisi l’occasion de faire connaître a Constantinople l’attitude qu’avaient prise à Rome ces redoutables intégristes. Le portrait qu il traçait d’eux n'était pas flatté. Cf. Epist., ccxxx. p. 695, de Possessor à Hormisdas ; CCXXXI, p. 696, réponse d’Hormisdas. Après la publicité donnée a cette lettre, les Scythes axaient perdu la lace ; le brutal pamphlet que Maxence opposa a la lettre du pape, voir ci-dessous, ne dut pas contribuer a faire retrouver aux Scythes une grande considération dans les milieu v religieux.

A défaut de Rome qui les désavouait ou tout au moins n’entendait pas se commettre avec eux, ils essayèrent de trouver un appui on une consolation chez les évêques africains, déportés en Sardaigne par les Vandales et qui passaient pour représenter au mieux la pensée du grand docteur occidental, saint Augustin. Au cours de l’une des années suivantes, sans que l’on puisse préciser la date — mais ce devait être

avant ; >_> ; > car, après la mort de Thrasamond les évêques africains lurent rappelés d’exil les moines Pierre, Jean (Maxence), Léonce et le lecteur.Iran repartaient pour Home, mais pour s’aboucher depuis là avec les exilés de Sardaigne. Leur missive s’est conservée dans la correspondance de saint Fulgence, Epist., xvi. /'. L., t. i.xv, col. 112 151. Elle exposait avec force détails l’altitude que les moines seythes avaient adoptée dans les deux questions de l’incarnation et de la grâce, attitude qui, tout au moins pour le premier point, était celle de toutes les Églises d’Orient. Elle demandait aux vénérables confesseurs de la foi de vouloir bien donner leur avis sur ces deux problèmes théologiques ; leur suffrage serait de nature a faire taire les bouches Iniques qui contestaient la légitimité de la doctrine professée par les Scythes. La réponse des Africains, rédigée par saint Fulgence, ne donna aux moines qu’une demi-satisfaction. Fulgence, Epist., xvii, /'. L., t. lxv, col. 450-493. Sans doute elle abondait dans leur sens pour ce qui était de l’absolue gratuité du secours divin, mise en péril par le semipélagianisme de Fauste ; mais, pour ce qui touchait le point qui tenait le plus à cœur aux Scythes, l’unus de Trinitate passus est, elle se tenait systématiquement aux formules chalcédoniennes, sans approuver ni rejeter la phrase litigieuse.

Nous sommes dans l’ignorance sur les événements qui marquèrent le second séjour des Scythes en Occident, nous ne savons ni quand, ni comment ils rentrèrent dans leur pays. Ils disparaissent aussi mystérieusement qu’ils étaient apparus. Quoi qu’il en soit, l’agitation un peu factice que cette poignée de moines avait un moment créée tant à Rome qu'à Constantinople ne fut pas absolument sans résultat. Dix ans après les incidents que nous venons de raconter, la formule théopaschite faisait officiellement son entrée dans la théologie ; dans cet événement les moines Scythes ont eu leur part de responsabilité.

IL Les écrits de Jean Maxence. — D’après les dépèches de Dioscore, Jean Maxence apparaît comme l’animateur du groupe scythe, son porte-parole, celui encore qui rédige les documents essentiels. Le m s. Laudianus 580 de la Bodléienne d’Oxford a conser é un certain nombre des papiers de ce moine. Déjà connus — voir /'. G., t. lxxxvi, col. 75-158 — ils ont été réédités au complet et dans l’ordre même du manuscrit par E. Schwartz, dans Acta conciliorum œcumenicorum, t. iv, vol. ii, Strasbourg, 191t. Ces textes sont tous en latin et le latin en est l’original.

1° Libellus fidei (p. 3-10 ; P. G., col. 75-86). — Comme il ressort du titre (cf. ci-dessus, col. 1748), c’est le factum présenté par Maxence aux légats romains a leur arrivée à Constantinople, présenté ultérieurement au pape dans une assemblée romaine et qui aurait été approuvé par Hormisdas. Les premières lignes en font bien saisir l’argument : « Plusieurs personnes, voyant que, à rencontre de ceux qui veulent renverser la loi de Chalcédoine, nous apportons des textes patristiques et que, par des paroles toutes catholiques, nous nous opposons aux arguments nouveaux des méchants, pensent que nous ajoutons quelque chose a la l"i nie, ou que nous allons contre les statuts conciliaires ; nous avons donc cru nécessaire d’extirper par lionnes preuves cette opinion d'âmes trop timides, montrer que nous ne sommes nullement les adversaires du concile et mettre au clair, pai Ks textes mêmes des Pères approuvés en celui ci. la fausseté' de la position des hérétiques. Comme on le voit, Maxence est d’av is

qu’il y a a Constantinople une poussée de nestorianisme a laquelle il est urgent de couper court en ren louant les définitions de Chalcédoine. On s’expliq

au vocal) le ThÉOPASi mi i i (Controverse Lsur la ri

de ce péril.