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SERGE I er — SERGE I I

1916

(688-700) s’employa à le (aire cesser dans la partie de l’Italie qui relevait de lui, c’est-à-dire dans la région continentale dépendant « le Cividale. Il convoqua à l’a vie un concile où discutèrent les évêques catholiques et les schismatiques d’Aquilée. On finit par faire comprendre à ces derniers que le V" concile (de 553) ne portail pas atteinte aux décisions de Chalcédoine ; « les légats furent envoyés au pape, porteurs d’une lettre de Dainien. évêque de Pavic, enregistrant les concessions des schismatiques, tandis que, de leur côté, les gens d’Aquilée arrivaient eux aussi à Home. Les exhortations de Serge eurent raison des dernières résistances et les envoyés d’Aquilée entrèrent finalement en communion avec le Siège apostolique. Il est impossible de préciser d’une manière absolue la date de cette réunion sur laquelle nous sommes renseignés par le Liber pontificalis et par le Carmen de synodo T icinensi, dans Mon. (ierm. hist., Script, rerum langob., p. 189-191.

Nous voyons aussi Serge I er renouer avec le royaume des Francs des rapports qui s'étaient beaucoup raréfiés ; uix générations précédentes. Le maître de la situation était pour lors le maire du palais, Pépin II d’Hérîstal, le vainqueur de Tertry (687). Il s’intéressait a l’effort missionnaire qui tentait de dépasser, dans la direction de l’Est, les frontières de l’empire franc, tout spécialement à l’action de Willibrod dans la Frise. Anglo-Saxon d’origine, celui-ci, avant de commencer son œuvre, était déjà venu demander à Serge I er bénédiction et encouragement, Bède, Hist. eccles., t. V, c. xi, P. L., t. xcv, col. 245. Après quelques années d’apostolat, il revint à Rome, à la demande de Pépin. Le maire du palais invitait cette fois le pape à consacrer Willibrod comme archevêque des Frisons. Ibid., col. 246. Ainsi fut fait : le 21 novembre 695, dans l'église Sainte-Cécile, le missionnaire fut ordonné évêque par le pape lui-même qui lui donna le nom de Clément. Voir Liber pontificalis, t. i, p. 376 et les notes p. 382, où Duchesne rectifie la date fournie par Bède.

Depuis le temps de saint Grégoire, le Siège apostolique s’intéressait d’une manière plus spéciale à l’Angleterre, où lentement l’Heptarchie anglo-saxonne se convertissait au christianisme. En 688, on vit arriver à Rome le roi de Wessex, Ceadwalla, qui, ayant abdiqué, venait demander le baptême. Il fut baptisé par le pape le samedi saint de l’an 689 et, comme il le souhaitait, mourut dans le courant de la semaine pascale, in albis adlme positus. Bède, ibid., t. V, c. vii, col. 236 sq. Les affaires ecclésiastiques anglaises continuaient à être fort embrouillées. Wilfrid d’York, rétabli sur son siège par le pape Agathon, en 679, n’avait pu obtenir qu’en 686 sa réintégration. Encore se retrouvait-il en lutte, dès 691, avec le roi Aldfrid et, peu après, avec Berlwald, élu depuis le 1 er juillet 692 archevêque de Cantorbéry. Une nouvelle fois, Wilfrid interjeta appel à Rome ; Serge ordonna que lui fût rendue la dignité dont il avait été privé, ses accusateurs devraient se présenter à Home. Jaffé, r. 2131. Il faut croire néanmoins que Bertwald fournit au pape des explications satisfaisantes car, l’année suivante, 693, Serge lui conférait, sans doute par l’envoi du pallium, la juridiction sur les Églises de la Bretagne anglo saxonne. C’est en ce sens qu’il convient d’interpréter le mot du Liber pontificalis : II ic (Sergius) (inlihtii’it Bertoaldum Britanniss archiepiscopum. Il ne

peut s’agir de. la consécration épisCOpale donnée par le pape au DOUVel élu, car Bède est formel dans son affirmation : Bertwald fut consacré SUT le continent

pai I évêque de Lyon, Goduin, le '_". juin 693. Hist.

eccles., I., c. viii, col. 240, Celle interprétation du

pontificalis permet de donner quelque valeur

au iv lettres de Serge citées par Cuillnume de Malmesbury, annonçant aux divers souverains de

l’Heptarchie et aux évoques de la Bretagne majeure la reconnaissance du droit primatial de Bertwald. Jaffé n. 2132, 2133. A quelque temps de là, Serge, saisi de nouvelles questions relatives à l’Angleterre, demandait a l’abbé du monastère de Jarrovv - celui-làmême où commençait a professer Bède — d’envoyer à Rome un de ses moines ( peut-être Bède lui-même), pour aider les curialistes a débrouiller des affaires complexes. Jaffé, n. 2138.

A son habitude, le Liber pontificalis s'étend avec complaisance sur les travaux d’embellissement accomplis à Rome pai' Serge : retenons au moins la translation, du secretarium de Saint-Pierre dans la basilique même, du corps de saint Léon I", son grand prédécesseur, auquel le pape consacra une louangeuse inscription. Texte dans Duchesne, Le Liber pontij., t. I, p. 379, n. 35. Non moins intéressante est l’inscription où sont relatés les dons faits à l'église Sainte-Suzanne, dont Serge avait été le titulaire. Ibid., n. 38. A signaler également l’introduction à la messe du chant de VAgnus Dei pendant la fraction du pain et l’ordonnance relative à la célébration des quatre fêtes de la Vierge : annonciation, dormition, nativité et purification ; elles existaient à coup sûr avant Serge, mais c’est la première attestation que nous en ayons. Les collections canoniques ont conservé trace de deux décisions de ce pape ; un prêtre qui, sans avoir été baptisé, a reçu l’ordination, doit être définitivement écarté ; toutefois s’il était persuadé qu’il avait été régulièrement baptisé, il retiendra son ollice, après avoir été réordonné. Quant aux personnes qui auraient été baptisées par lui, elles n’ont pas à s’inquiéter, leur baptême est valide. Jalïé, n. 2136, 2137.

Fort développée pour ce qui concerne le début du pontificat, la notice du Liber pontificalis nous renseigne peu sur les dernières années ; elle marque la date obituaire au 8 septembre de la xiv 1- indiction (701). C’est le jour que le Martyrologe romain a gardé.

Liber pontificalis, éd. Duchesne, t. i, p, 371-382 ; Jaffé, Regesta pontificum, t. I, p. 244-245 ; Gregorovius, Gescliicl le der Stadt Rom im Millelaller, 5° éd., t. ii, p. 178-188 ; L. Duchesne, L'Église au VIe siècle, p. 253-254 ; E. Caspar, Geschichte des Papsttunis, t. ii, Tubingue, 1933, p. 620-636 ; H. Aigrain, dans FHche-Martin, Histoire de l'Église, t. v, p. 401-409 ; 316-323 (pour les affaires anglaises).

É. Amann.

2. SERGE II, pape de janvier 841 au 27 janvier 847. — D’une très noble famille romaine, qui avait déjà donné à l'Église le pape Etienne IV et lui donnera encore le pape Hadrien II, Serge avait été fait acolyte par le pape Léon III († 816), sous-diacre par son parent Etienne IV (816-817), prêtre du titre de Saint Silvestre par Pascal I" (817-824) ; sous Grégoire IV (827-84 1), il avait reçu la dignité d’archiprètre. A la mort de ce dernier (premiers jours de janvier 844), il se trouvait être tout désigne aux suffrages de l’aristocratie laïque et ecclésiastique de Rome. Mais, dans le petit peuple, on s'était mis du côté d’un diacre Jean, que l’on se hâta d’introduire pal force au I.atran et d’acclamer pape. L’aristocratie tint bon ; marchant en force contre, le palriarchium, elle réussit à en débusquer Jean, qui eu fut pour sa courte honte. Ainsi fut proclamé pape Serge IL Pour couper court à toute agitation ultérieure, on décida de lui faire donner aussitôt que possible la consécration épiscopale sans attendre, comme le prescrivait le Constitutum de S2I, l’autorisation de l’empereur l.othaire.

Celte violation du droit impérial ne pouvait passer inaperçue. Au moment même où se déroulaient à Home les événements que l’on vient de dire, l.othaire venait d’envoyer en Italie, comme une sorte (le vice roi. sou jeune lils Louis, qui s’installait à l’avic. ayant comme mentor Drogon, archevêque de Met/, un des bâtards