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qu’aux efforts de l’évêque d’Alexandrie, Denys, qui s’était déjà interposé auprès du prédécesseur de celui-ci. Eusèbe a conservé des fragments de deux lettres adressées à Xyste par Denys. Encore qu’il fût partisan de l’usage romain qui ne rebaptisait pas les hérétiques, l’évêque d’Alexandrie faisait valoir les raisons qui pouvaient militer en faveur de l’usage africain prescrivant ce baptême. D’une part, antérieurement à l’action d’Etienne, disait-il, des décisions avaient été arrêtées par des s tiodes importants dans le sens de l’usage africain. Texte dans H. E., VII, v, 4. D’autre part, d’une enquête à laquelle s’était livré Denys, il ressortait qu’en divers cas la manière dont le baptême était administré clic/ les dissidents laissait planer des soupçons sur la valeur du sacrement. Ibid., ix, 2-5. lin même temps Denys s’adressait aux deux conseillers du pape, les prêtres I >enys (qui deviendra pape à son tour) et Philémon, qui avaient jadis partagé l’avis d’Etienne et « pie l’évêque d’Alexandrie, d’ailleurs interrogé par eux, essaya d’amener à une attitude plus irénique à l’égard de ceux qui ne se ralliaient pas à l’usage romain. Ibid., v. l> ; vii, 1-5, (i. Sans que l’on puisse dire de quelle manière les choses se passèrent, il paraît assuré que de bonnes relations reprirent alors entre Home et Carthage. Le drame du 6 août 258 était bien de nature à parfaire la réconciliation ; six semaines plus tard ce fut le tour de Cyprien de donner généreusement son sang pour le Christ (1 1 septembre). L’auteur de la Vita Cypriani, quand il appelle Xyste bonus et pacifiais sacerdos ne proplerea beatissimus martyr, montre bien que le souvenir de ce pape était en vénération à Carthage.

Au iv siècle, on attribuait assez couramment au pape Xyste un recueil de courtes sentences morales en grec, remontant en fait à un philosophe pythagoricien nommé Sextus et que possédait déjà Origène. Cf. Contr. Celsum, VIII, 30 ; In Matth. comm., xv, 3 (Matth.. xix, 12). Au deuxième tiers du ni’e siècle, ce recueil avait été remanié par une plume chrétienne, peut-être à Alexandrie. Acceptant trop aisément l’attribution courante, Rufln en lit une traduction latine qu’il adressa à un de ses amis de Rome : Sextum in latinum verti, écrit-il dans sa préface, quem Sextum ipsum esse tradunt qui apud vos, id est in urbe lionm, Xystus vocatur, episcopi et marlyris gloria decoratus. Quand Jérôme se fut brouillé avec Rufin, il lit des gorges chaudes de cette bévue. Voir Epist., c.xxxin, n. 3, P. /… t. xxii. col. 1152 ; In Jerem., xxii, 24, l. xxiv, col. 817 ; In Ezech., xviii, 5, t. xxv, col. 173. Chose curieuse, saint Augustin qui eut en mains la traduction latine (dont il ignorait l’auteur) cite un passée du recueil comme étant du pape Xyste. De nul. et (/rai., n. 77, P. L., t. xi.iv, col. 285. Comme le texte paraissait favoriser le pél.igianisme. il s’efforça d’en faire une exégèse orthodoxe. Plus tard il apprit le véritable état civil du philosophe Sextus et retira l’explication bienveillante qu’il en avait donnée. Retract., I. 1 1. xi.u. I. xxxii, col. (i 17. Cette attribution au pape Xyste d’un livre de sagesse païenne a laisse une (race dans le Liber pontificalis : Xyste avant d’être pape aurait été philosophe > : Xystus nalione Grtecus, ex philosopho.

Nous avons signalé plus haut. art. Novatien, t. xi, col. 830, l’hypothèse de A. von rlarnack, attribuant au pape Xyste II le traité Ad Novatianum, mis au nombre des œuvres de Cyprien. Cette hypothèse ne

semble pas s’imposer.

Le liber pontificalis, éd. Duchesne, p. <>-7, ii, 68-69, 7."> ; JaOé, Hegtsta ponttflcum romanorum, i. i, p. 21-22 ; sur le martyre et le témoignage fourni par les Inscriptions, voir i. Sch&fer, Die Bedeutung der Eplgramme des Papstes Damasus L, Rome, 1932, p. : t.s-r>i>. Sur les Prooerbia

Sixtl, voir.1. Krnll, < 1 : i ji s E. I leiineclie, Xiiitesliiiiwntlkliv

Apokrgphen, 2e édit., 1924, p. 625-643, où l’on trouvera, avec une introduction, la traduction allemande de la version de Rufln.

É. A.MANN.

    1. SIXTE ou XYSTE III (SAINT)##


3. SIXTE ou XYSTE III (SAINT), pape du 31 juillet 132 au 10 août 440. Romain de naissance.

Xyste était déjà prêtre au temps du pape Zosime (417-118). peut-être auparavant, et exerçait à la Curie pontificale une influence considérable. Nous le savons par deux lettres de saint Augustin de 418. Epist., CXC1 et CXCIV, P. L., t. xxxiii. col. 8(57 et 874-891. D’après ces textes. Augustin s’était préoccupé de l’attitude prise à Rome par le prêtre Xyste au moment où le pape Zosime avait semblé favoriser sinon les doctrines, au moins les personnes de Pelage et de Célestius. A tort ou à raison, le prêtre Xyste passait pour être dans les mêmes idées : en Afrique, on le disait même plus ou moins rallié à la doctrine pélagienne. Après les événements du printemps de 418 : réunion du grand concile de Carthage, intervention impériale, finalement Tractoria du pape Zosime, cf. art. Pi i oianisme, t. xii, col. 696-702, Xyste crut nécessaire d’établir clairement sa position. D’une part, à Rome, en une assemblé (’ecclésiastique, il déclara réprouver la doctrine de Pelage, d’autre part il manda aux deux chefs de la lutte antipélagienne, le primat de Carthage, Aurèlc. et l’évêque dl lippone, Augustin, qu’il se ralliait à leurs vues. La première lettre d’Augustin n’est guère qu’un accusé de réception : dans la seconde. l’évêque d’Hippone s’étend assez longuement sur l’exposé et les preuves de la doctrine qu’il faut opposer au pélagianisme, il prie en même temps son correspondant d’user de tout son pouvoir à Rome pour démasquer les pélagiens plus ou moins larvés et les ramener, si possible, à une foi plus correcte.

Nous ignorons ce que fut l’altitude de Xyste sous les pontificats suivants de Honiface et de Célestin. La manière pourtant dont il parle des lettres adressées en Orient par ce dernier pape laisserait penser qu’il a pris une part plus ou moins considérable à leur rédaction. A la mort du pape Célestin, Xyste qui était le candidat tout désigné, fut élu avec une parfaite unanimité ; il fut consacré le 31 juillet 432.

A cette consécration se trouvèrent assister deux évêques orientaux venus de la part de saint Cyrille d’Alexandrie pour mettre le Siège apostolique au courant des difficultés créées à celui-ci par l’attitude de Jean d’Antioche depuis la dissolution du concile d’Éphèse. Voir l’art. Nestorius, t. ix, col. 119 sq. La cour impériale, dès ce moment, avait pris l’affaire en main et voulait amener une réconciliation entre les deux patriarches d’Antioche et d’Alexandrie. Cyrille se faisait lentement à l’idée de ne demander plus qulla condamnation du seul Nestorius et de se réconcilier avec Jean. Les deux lettres remises par le pape Xyste aux évêques présents à Rome et adressées respectivement aux prélats orientaux et à Cyrille insistent sur cette solution pacificatrice. Jaffé, n. 389 et 390 ; les

textes dans P. L., t. L, col. 583 590, eu latin et en grec ; elles figurent dans les actes du concile d’Ephèse. C’est dans ces lettres que Xyste s’exprime comme s’il avait rédigé lui-même la correspondance de Célestin dans l’affaire nestorienne.

Néanmoins, maigre son affirmation qu’il ne faisait

tpie continuer la politique de son prédécesseur. Xyste ne semble pas avoir montré la même intransigeance « pie Célestin à l’endroit de ceux qui avaient soutenu et qui soutenaient encore Nestorius. Nous ne sommes quc très Imparfaitement renseignés sur la part qu’il prit aux délicates négociations qui devaient amener l’accord de 133. D’une lettre d’Acace de Bérée. il ressort que Xvsle lui écrivit une fois à lui-même à ce sujet et plusieurs lois au patriarche d’Alexandrie.