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SIXTK IV

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Venise également, on ne tarda pas à se convaincre que les résultats obtenus ou possibles ne répondaient

nullement à la grandeur des sacrifices. De part et d’autre, dès 1184, s’affichait un vif désir de la paix.

Cependant les Colonna et les Savelli s'étaient réconciliés avec le pape et, le 15 novembre 1 183, les deux cardinaux Colonna et Savelli avaient été mis en liberté. Mais bientôt de nouvelles discussions éclatèrent entre les Colonna et les Orsini. Ces derniers y donnèrent naissance en chassant Antoine Savelli d’Albano, et la guerre civile recommença. Voulant mettre fin à ces luttes, Sixte IV convoqua, le 30 mai 1 183, Laurent Colonna à son palais. Celui-ci, malgré sa volonté de donner suite à l’appel du pape, en fut empêché par ses amis. Accusé du crime de lèse majesté, Laurent fut assiégé dans son palais par Jérôme Riario et Yirginio Orsini et, après deux heures de résistance. il fut pris et enfermé au château Saint-Ange ; son palais fut dévasté et rasé. La guerre civile lit rage aux alentours de Rome ; le 27 juin, tomba Marino, d’où les Colonna se réfugièrent à Rocca di Papa. Le 30 juin, Laurent fut décapité. La guerre continua contre les Colonna, qui opposèrent une résistance acharnée. Tous ces faits exercèrent une influence néfaste sur le pape, déjà malade, et aggravèrent si fortement son état qu’au début du mois d’août, il reçut les derniers sacrements. Un autre fait, qui hâta la fin de Sixte IV, ce fut la défection de Ludovic le More de Milan, qui, en 1484, lâcha l’alliance pontificale pour adhérer au parti des Vénitiens, ainsi que la paix qui fut signée à l’insu du pape à Bagnolo, le 7 août 1484 : le roi de Naples rentrait en possession de Gallipoli et les Vénitiens obtenaient la Polésine (bouches du Pô), au détriment du duc de Ferrare. Sixte IV en fut atterré. Son état s’aggravant de jour en jour, il expira le 12 août 1484. Il fut enterré dans la basilique de Saint-Pierre, où le cardinal Julien Délia Rovere lui érigea un magnifique monument dans la chapelle du Saint-Sacrement.

Dans sa politique italienne, Sixte IV ne s’est point laissé diriger en général par le bien commun des États pontificaux et ne s’est révélé ni un habile diplomate ni un homme d'État supérieur et indépendant, il fut sans cesse dominé par son neveu Jérôme Hiario. dont il subit la néfaste influence jusqu'à se jeter dans les aventures les plus dangereuses pour la papauté.

Jérôme Riario fut le mauvais génie de Sixte IV, l’instigateur premier de la conjuration des Pazzi et donc de la guerre contre Florence, puis de celle contre Ferrand de Naples, qui, outre qu’elle exposait l'État pontifical à une invasion napolitaine, risquait de livrer a l’inquiétante Venise le Ferrarais, couverture de la Romagne, antimurale romaniole, comme dit un document pontifical. Entachée d'égoïsme et de violence, servie par des Intrigues multiples, l’action diplomatique de Jérôme fui détestable : plus d’une t’ois la sage Influence du cardinal Julien Délia Rovcrc voulut s’interposer ; elle ne parvint à prédominer qu'à la fin, convertissant la folle guerre contre Naples en une sage guerre contre Venise. » Ch. Poulet, op. cit., p. 310-311.

3° L( gouvernement de l'Église. - Si Sixte IV s’est montré un prince médiocre dans sa vie politique, il s’est acquis plus de gloire dans le gouvernement spirituel de l'Église.

Il a veillé avec soin sur la pureté de la doctrine catholique en procédant avec vigueur contre les sectes hétérodoxes en Piémont, en France, en Allemagne et en Hongrie, comme en témoigne la bulle Ail compri mendam <u 28 octobre l 183, portée contre les hérésies répandues en Allemagne et publiée en partie par L.von Pastor, op. cit., t.n, Fribourg mil., 1923, Appen dice, n. l 17<i. p. 798 799, et la nomination du domini

cain Nicolas Ignace de Cassovia comme inquisiteur en Hongrie. Ibid., Appendice, a. l 17/>, p. 799. L’humaniste Galeotto Marzio, accusé d’hérésie, fut absout par Sixte IX. Celui-ci confirma par la bulle J.icet eu, du 9 août 1479, la condamnation de plusieurs propositions de Lierre MartineI. d’Osma, professeur de théologie à l’université de Salamanque, au sujet du sacrement de pénitence, portée par l’archevêque de Tolède le 24 mai 147'. ». Cf. Denzinger-ISannwart. Enehiridion, n. 724-733 : N. Laulus, dans Zeitschr. I. kath. Théologie, t. xxxiii, 1909, p. 599-608 et dans Katholik, 1898, t. ii, p. 92 sq. et 175 sq. ; F. Stegmuller. Pedro de Osma, dans ROmische Quartalschr., t. xi.n. 1935. p. 205-266. Il condamna aussi par la bulle Ad C.hristi vicarii du 3 janvier 1 17 1 plusieurs erreurs de Pierre de Rivo d’Alost en Belgique, professeur à l’université de Louvain, sur la vérité des futurs contingents. Denz.liannw., n. 719 723. Il ordonna aux inquisiteurs de procéder contre les magiciens et les sorciers ; cf. J. Hansen, Zauberwahn, Inquisition und Ilexcnprozess im Mittelaller, Munich. 1900 ; Quellen und Untersuchungen zur Geschichte des Hexenwahns und der Hexenverfolgung un Mittelaller. Bonn, 1901. Le 17 mars 1479. Sixte IV autorisa le recteur et le doyen de l’université de Cologne a frapper de censures ecclésiastiques ceux qui imprimaient, achetaient, se procuraient ou lisaient des livres hérétiques. Il s’efforça île conserver le caractère monarchique de la constitution ecclésiastique. Dans ce but, en 1 178, il déclara nuls les décrets du concile de Constance, auxquels Martin Y avait déjà refusé son assentiment, à l’exception toutefois des articles concernant la foi. Lu 1 I78 il renouvela la bulle Exsecrabilis de Lie II du 18 janvier 1460, cpii défend l’appel à un concile. Il déploya un grand zèle en faveur de la liberté de l'Église et. en 147(>, il urgea l’observation des lois canoniques contre ceux qui emprisonnaient ou maltraitaient les clercs dans leur personne ou dans leurs biens.

Sixte IY se distingua par une tendre dévotion à la sainte Vierge. Il célèbre la Vierge avec une telle ardeur et une si profonde piété que l’on croit lire saint Bernard, par exemple dans les invocations gravées dans le cloître de Santa Maria délia ConsolaLione. Il prit grand soin des sanctuaires italiens dédiés à Marie, surtout de ceux de l.orctte et de (ienezzano. En 1 17.">, il promulgua une bulle pour remettre en honneur la fête de la isitation. Il s’efforça de promom oir la dévotion au rosaire et d’engager les chrétiens à sa récitation fréquente. Il fit construire à Rome plusieurs célèbres enlises en l’honneur de Marie, comme celles de Santa Maria del Popolo, Santa Maria délia Lan et la chapelle Sixtine, dédiée a l’Immaculée Conception. Il se montra aussi un vrai fils de saint François dans la défense assidue de l’immaculée conception, qui, pendant son pontificat, lut fortement attaquée en Italie par les dominicains, principalement par Y. Bandelli. Ce dernier ouvrit le feu en publiant, en 1175. à Ferrare, sous l’anonymat, un livre intitule : De In vérité de lu conception, dans lequel il accusait ses adversaires d’ignorance, de témérité, d’ambition et d’imposture et. pour combattre la préservation origj nelle de la Vierge, employait les arguments dont avait

use saint Augustin pour attaquer les hérésies de son temps. Ce liv re passionné lut aussitôt pris a partie par Lierre Duinont. Jean Ajora et les deux franciscains Louis de La Torre et Antoine Ciicaro, évêque d’A ceriio. Dans une dispute publique organisée par Ihi cuie d’Esté, (im de Ferrare, V. Bandelli, O. L..

défendit l’opinion des maculistes, tandis que le Iran

ciscain Barthélemj Bellati soutint la thèse de l’huma culée conception.. Bandelli s’at tribua tout le succès dans le récit de la séance qu’il composa et qui lut condamné par Sixte IV comme injurieux et outrageant