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SPINOLA [CHRISTOPHE DE]

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circulation un grand nombre d'écrits diffamatoires dans lesquels on n’attaquait pas seulement ses projets, mais son orthodoxie. Très sensible sur ce point, il fit rédiger un instrument dans lequel il rassemblait

tous les témoignages des protestants au sujet de son intransigeance en matière dogmatique et prit la décision de ne plus s’occuper de l'œuvre de l’union et d’en informer le pape et l’empereur. Promu, au mois de mars 1685, évêque de Vienne-Neustadt, il se consacra entièrement à son nouveau diocèse. L’abandon total de l'œuvre de l’union de la part de Spinola lit mauvaise impression sur les protestants qui croyaient que, ayant obtenu le diocèse de Vienne-Neustadt, il avait réalisé le rêve de sa vie. Voir une lettre du capucin Denis de Werl à Spinola du 6 novembre 1687, dans G. Menge, art. cit.. p. 48.

Ce désistement de Spinola ne dura toutefois pas longtemps et un appel du roi d’Angleterre le fit sortir de son inaction. Vers 1688, il reçut une lettre d’un cardinal, qui. au nom du roi.Jacques II, le priait de lui indiquer la meilleure méthode à suivre pour obtenir l’union entre protestants et catholiques et l’invitait ù aller en Angleterre pour y travailler en ce sens. Spinola exposa à ce cardinal le plan qu’il avait suivi jusque là en Allemagne, se disant tout disposé à partir pour l’Angleterre. Voir Ci. Menge, art. cit., p. 48-49. Mais la révolution éclata dans ce pays et le roi Jacques II se vit obligé de s’enfuir, le 4 janvier 1689, mettant ainsi t’m à l'œuvre de l’union projetée. D’autres mobiles encore déterminèrent Spinola à reprendre le travail de la conciliation interrompue, à savoir les demandes instantes de la part de plusieurs princes protestants et surtout de l’empereur. Ne voulant rien entreprendre sans l’ordre du pape et l’assistance de théologiens, l’empereur en référa à Rome et Alexandre Y 1 1 1 concéda la reprise de l'œuvre de l’union, désignant quatre théologiens, deux dominicains et deux jésuites, pour aider Spinola dans son entreprise. Le 20 mars 1691, l’empereur lui donna pleins pouvoirs pour traiter la question religieuse avec tous les princes et théologiens de l’empire et des provinces soumises à l’empereur et défendit à tous ses sujets de s’opposer à l’entreprise de Spinola. Cette reprise fut accueillie par plusieurs protestants avec empressement, surtout par ceux de Hanovre. Molanus composa en 1691 ses Cogitationes prioaiie de methodo reunionis Ecclesise protestantium cum Ecclesia romana catholica, dans lesquelles il se tenait strictement au point de vue déjà exposé dans sa Methodus reducendæ unionis ecclesiaslicæ inter romanenses et protestantes et ses Régula circa christianorum omnium ecclesiasticam reunionem ; Leibniz, qui cherchait à gagner d’autres personnes à ce plan, écrivit à Spinola, le 21 avril 1691, une lettre très encourageante. Innocent XII, de son côté, évita scrupuleusement de se mêler directement dans les tentatives de Spinola, parce qu’il ne voulut point compromettre son autorité ni faire des concessions inutiles et dangereuses aux protestants. Tout en conseillant à Spinola d'être prudent, il le laissa faire, espérant de la miséricorde de Dieu le rétablissement de l’union religieuse en Allemagne. Yoir Ph. Hiltebrandt, op. cit., p. 87. Spinola se remit donc a l'œuvre, parcourut l’Allemagne et lança aux princes et théologiens protestants favorables à ses projets une invitation pour la prochaine réunion qui se tiendrait à Vienne et dans laquelle protestants et catholiques discuteraient ensemble des points qui les divisaient. Quand tout fui sur le point d’aboutir, le projet de réunion si soigneusement étudié lit naufrage. Les théologiens protestants se retirèrent ou refusèrent de venir, de peur d'être critiqués parleurs collègues opposés à la réunion. Leibniz même et Molanus. tout en s’excusant auprès de Spinola, n’eurent pus le courage de se présenter. Déçu au plus

haut point, Spinola renonça définitivement à continuer son œuvre d’union et se retira à Vienne pour s’y préparer à la mort. Comme son état de santé empirait de jour en jour, il désigna comme son successeur dans l'œuvre de la conciliation le franciscain Bénigne Schimaditsch, auquel il remit tous ses documents et, craignant que les attaques antérieures ne se renouvelassent et ne vinssent troubler son repos, il écrivit une Apologie, dans laquelle il se défendait contre les différentes accusations qui avaient été répandues contre lui et son orthodoxie. Cette Apologie a été publiée par G. Haselbeck, art. cit., dans Katholik, 1913, t. ii, p. 35 sq. Spinola mourut le 12 mars 1695. Au sujet des tentatives faites pour réunir les théologiens protestants et catholiques dans une assemblée et le résultat des efforts qu’il avait faits dans ce sens, Spinola rédigea en 1691 un rapport à l’empereur intitulé : Sincera relalio. Origo et status præsens commissionis episcopi Neosladiensis circa reunionem protestantium cum Ecclesia romana, édité par G. Haselbeck dans Jahresberichl des seraphischen Kollegs Walerslegde, 1911-1912, ITiIda, 1912.

Pour pouvoir apprécier à sa juste valeur l'œuvre d’union de Spinola, il faut avant tout tenir compte du but poursuivi et de la méthode employée. Hansiz, Episcopatus Neostadiensis, inédit, conservé à la bibl. nationale de Vienne et qui constitue une des meilleures sources de la vie et de l’activité de Spinola, les résume comme suit : Princeps consiliorum scopus eral… restitulio religionis catholicæ, id quod non armis, non vi, non decretis, aut imper Us, quæ remédia et ambigua sunt et invisa, sed compendio quodam et illico conficere studebat ; eo nitens, ut acerbitate œmulationum contentionumque sublata pacificis amicisque colloquiis voluntates primum tractabiles redderet, deinde rationibus et explicatione rationabili et sequa speclra Ma dissidiorum, quæ per odium sludiumque parlium inhorruerant, amollirctur. G. Menge, art. cit., p. 57. Le but poursuivi par Spinola était donc le rétablissement de la religion catholique. Pour arriver à ce résultat, il voulait d’abord aplanir la voie en disposant favorablement les protestants pour ses projets dans des pourparlers bienveillants et amicaux et, ensuite, enlever dans des discussions et des explications les mésintelligences que la haine et le parti pris avaient fait naître entre catholiques et protestants. Comme, d’un côté, Spinola ne pouvait faire de concessions dogmatiques et que, d’autre part, on ne pouvait exiger que les protestants rejetassent tout d’un coup toutes leurs doctrines, il fallait trouver une voie intermédiaire pour aboutir à la réunion projetée et obtenir la conciliation entre catholiques et protestants. Il fallait trouver un principe fondamental, dont l’admission pouvait aboutir à une union, en dépit des différences doctrinales. Ce principe, Spinola le trouva dans l’admission de l’autorité doctrinale de l'Église, au moins provisoirement, sous cette forme que le pape et le concile ensemble sont infaillibles. Il s’en suivait qu’il fallait admettre toutes les doctrines définies par un concile légitime. Restait à prouver la légitimité du concile. Pour ce faire, il recourait à des motifs qui pouvaient être admis par les deux partis, à savoir la présence des conditions que l’on trouve réalisées dans les quatre premiers conciles. Dans le cas où l’on ne s’accorderait pas sur la légitimité d’un concile (ici il s’agissait du concile de Trente), on pouvait le suspendre, en convoquer un nouveau et y traiter l’affaire. Pour s’assurer que les doctrines mises en cause pouvaient être tirées de tait du principe de l’autorité doctrinale de l'Église, Spinola divisait les dogmes en dogmata fundamentalia et non fundamentalia. Quant aux premiers, les deux partis devaient les accepter avant toute union, tandis que pour les dogmata non fundamentalia, Spinola exigeait