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STATTLER (1JKN0IT)


nunqucun finienda ob clararum notionum et cerlorum principiorum défection ; lites mère oocabularise ob (/(/(c/uni mutuse intellectionis ; cruciamenta discipulorum in obscuris phrasibus intelligendis ; plaustra inanium objectionum, quw unica ssepe distincta et accurata definitione praoccupari possent. Op. cit., p. 210-211. Stattler, on le voit, adopte, sans même le nuancer, le jugement de l’Aufklârung sur la philosophie scolastique.

Mais, s’il a de fait secoué le joug d’Aristote, il n’a pas, en revanche, élaboré une philosophie aussi personnelle qu’il le dit parfois : novæ et melioris logicæ et metaphgsicse instaurator. Authentische Aktenstùcke, p. 90. i.es historiens de la philosophie ont relevé ses emprunts aux empiristes, à Leibnitz, à WoH surtout, l’eut -être ont-ils exagéré sa dépendance à leur égard. Même dans les premières œuvres, elle porte beaucoup moins sur les doctrines que sur la méthode et la terminologie ; et l’auteur critique très souvent les positions de YVolf. Par la suite, en tout cas, le progrès de sa réflexion personnelle et surtout son opposition décidée au kantisme l’amèneront à construire un système plus original.

n faut savoir en effet que notre auteur prit une part importante à la lutte contre la philosophie kantienne alors en plein essor. Non content d’user de son autorité de censeur pour faire interdire les publications favorables à la philosophie nouvelle, il composa luimême une réfutation de Kant qui est « sans doute la plus pénétrante, écrit un historien récent, de toutes celles qui furent alors écrites par des catholiques et même par des non-catholiques ». Anwander, Die allgemeine Religionsgeschichte, p. 27.

Morale.

Dans le champ de la morale, Stattler

reproche aux casuistes et aux canonistes de n’avoir pas su établir leur enseignement sur une philosophie claire et solide et d’avoir ainsi fait le jeu des doctrines utilitaires et relativistes. Pour lui, armé d’une méthode meilleure, il s’attachera à prouver que la morale est nécessairement métaphysique et théologique ; il aura du même coup montré l’accord de la raison et de la révélation.

Il faut affirmer tout d’abord, contre YYolf, la distinction métaphysique du bien et du mal. Omnes res finitse partira metaphysice bonse, partira malse sunt. Ethica christ, unir., p. 14. Le réel et le bien sont identiques. C’est donc dans l’infinie perfection de Dieu, dont les réalités finies ne sont que des participations déficientes, qu’il faut chercher la norme suprême de la moralité et non, comme le fait Wolf, dans la perfection de la nature humaine. De même, à rencontre de l’autonomie prônée par Kant, faut-il concevoir la loi morale comme l’expression de la volonté divine, sous peine de faire disparaître toute différence entre ce qui est conseillé et ce qui est proprement obligatoire.

Y a-t-il entre ces bases métaphysiques et l’ensemble des conceptions morales de l’auteur une cohérence parfaite ? On n’oserait l’affirmer. Stattler subit en effet l’influence d » s doctrines utilitaires et d’une tradition eudémoniste qui se réclame de saint Augustin. Il est si préoccupé par ailleurs de s’opposer au formalisme kantien qu’il en vient à construire une science des biens objectifs capables de nous rendre heureux, plutôt qu’une théorie de la moralité. La moralité, pense-t-il, n’est autre chose qu’un amour exactement proportionné à la grandeur et à la nécessité d’un bien, a son utilité pour le bonheur de toute l’humanité. Hume a eu raison, déclare-t-il encore, de réduire le mérite des actes humains à leur utilité : Hunum qaod nclibus humanis inest… finale non est, sed rationem medii seu utilis solum habet. Eth. christ, univ., p. 605. L’unique fin morale étant la délectation suprême, les actes n’ont de valeur qu’autant qu’ils y conduisent.

Si cet eudémonisine est chrétien et théocentrique, c’est parce que l’amour de Dieu se trouve coïncider avec l’amour de soi-même. « La règle la plus générale de notre bonheur, c’est de travailler à la gloire de Dieu dans ce monde. » Dém. éoangél., dans Migne, t. x, col. 494.

La moralité ne réside donc pas principalement dans une attitude du sujet moral, dans l’intention. Puisqu’elle est amour du bien, jouissance du bien — amour et jouissance, c’est tout un — la moralité se réalise suivant une « loi physique ». Cette jouissance revêt un caractère moral quand elle est choisie librement, en vertu de la liberté d’indifférence. Le libre arbitre intervient donc nécessairement, à titre essentiel, mais secondaire ; la liberté ne tient qu'à notre condition d'êtres sensibles, attirés à la fois par les biens réels et par les apparents. Ni l’activité divine, ni même l’activité d’un esprit pur ne peuvent être appelées morales. Le Christ n’aurait pu mériter « s’il n’avait été libre, de la liberté d’indifférence, tout au moins de choisir entre un bien supérieur et un bien moindre ». Elh. christ, univ., p. 551.

En théologie morale, Stattler soutient le probabilisme et s’oppose nettement aux théories jansénistes. On voit même la faculté de théologie d’Ingolstadt le dénoncer au conseil ecclésiastique de Munich, en 1777, parce qu’il enseigne le probabilisme, le molinisme et la doctrine du péché philosophique.

Apologétique.

L’apologétique de Stattler se

trouve exposée surtout dans sa Demonstratio evangelica (que nous citerons ici d’après la traduction française de Migne, Démonstrations évangéliques, t. x). L’auteur y entreprend un exposé complet des titres de crédibilité de la révélation chrétienne. Malgré l’abondance excessive des développements, le plan est fort net, l’argumentation serrée.

Après avoir noté qu’il n’entend pas combattre les athées, mais les déistes, spiritus fortes, qui professent la religion naturelle mais repoussent toute révélation, après avoir rappelé les vérités fondamentales établies en théodicée et en psychologie, il définit la religion « la somme de toutes les règles des devoirs de l’homme… le recueil de toutes les règles où sont tracés les devoirs de chaque vertu ». Migne, t. x, col. 25. On notera au passage combien la religion est ici étroitement unie à la morale, sinon identifiée avec elle. Il développe ensuite sa démonstration suivant un schème qui sera désormais classique : nécessité, possibilité, existence de la révélation.

1. La révélation est nécessaire.

« Pour que les hommes en général ou du moins l’immense majorité des hommes puissent acquérir une connaissance suffisante de la vraie religion, il est moralement nécessaire que l’on ait recours à quelque révélation de Dieu. » Migne, col. 534. C’est la thèse classique de la nécessité morale de la révélation divine pour la connaissance suffisante des vérités essentielles de la religion même naturelle.

2. Elle est possible.

Après la nécessité, la possibi lilé. Celle-ci s'établit d’abord in génère. Mais, au lieu de démontrer, comme le font beaucoup de traités récents, la non-répugnance de la révélation sive ex parle Dei loquenlis, sive ex parle hominis, Stattler pari d’un fait empirique : l’imperfection de nos connaissances même naturelles. Nos idées sur Dieu sont bien limitées. Jamais, par exemple, un philosophe n’a expliqué clairement comment la connaissance des futurs contingents ne porte atteinte ni à la libeii é de l’homme ni a la toute-puissance de Dieu. Par conséquent, « il sera de la plus grande folie de repousser comme mensongers des dogmes attestés par des autorités dignes de foi, sous l’unique prétexte que ces dogmes ne sont pas compris par nous. Col. 564.