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I

STATTLER (BENOIT)

Le chapitre s’achève sur une remarque où apparaît bien ce qu’on peut appeler l’humanisme « le notre théologien : Quelle que ^oit la religion surnaturelle dont on attribue à Dieu la révélation, le premier et le principal caractère de sa vérité est et doit être de nous révéler d’une manière claire et distincte les dogmes premiers et essentiels de la religion naturelle. » Col. 576.

Ce n’est pourtant pas assez d’avoir prouvé qu’une révélation est possible in génère, ni même d’avoir montré que le christianisme est le meilleur fondement et l’expression la plus achevée des devoirs de l’homme, qu’il « présente à l’intelligence humaine, sous un jour plus méthodique et plus favorable, les lois de la religion naturelle », col. 594, il faut encore savoir si la teneur très spéciale du message surnaturel chrétien permet d’y voir une révélation divine. L’auteur montrera donc que les dogmes chrétiens n’impliquent pas de contradiction évidente et s’attachera à résoudre les principales difficultés : métaphysiques (Trinité, incarnation), physiques (feu de l’enfer, eucharistie), et morales (rédemption par la croix, péché originel).

3. Fait de la révélation.

Reste enfin une dernière question : en fait. Dieu a-t-il révélé? Stattler procède ici, très longuement, à l’examen des miracles, des prophéties, des critères médiats et extrinsèques… Il arrive ainsi à cette conclusion : « L’histoire de la religion chrétienne est attestée par des preuves infiniment plus grandes que toutes celles de l’histoire profane. » Col. 1001. L’origine divine de la révélation chrétienne, « sans être évidente…, atteint de très près le degré de la certitude physique ». Col. 1015. Elle « peut convaincre pleinement et sans laisser aucun doute raisonnable les esprits les plus subtils et les hommes les plus savants >. Donc l’obligation pour tous les hommes d’embrasser la religion chrétienne est évidente, parfaite et souverainement grave. Col. 1016.

IV. Doctrines ecclésiologiques.

Cinq ans après la Demonstratio evangelica paraissait la DemonsIratio catholica (1775), traité apologétique et dogmatique de l'Église. Nous ne pouvons en exposer le contenu par le détail. Il suffira d’y relever quelques propositions qui donnent le ton de l’ouvrage ou expliquent les polémiques et la condamnation dont il fut l’objet. Certaines idées du De locis theologicis, public la même année, trouveront ici également leur place.

1° L’autorité doctrinale dans l'Église ; le sujet de l’infaillibilité active. La Demonstratio catholica aborde comme suit la question de l’infaillibilité : il ne peut se faire que le jugement du pape en matière de foi soit tellement singulier que l’unanimité des évêques soit d’une opinion différente, car Lierre cesserait ipso judo d'être le fondement de l'Église et les portes de l’enfer prévaudraient contre elle. Dem. cath., p, 107. Aussi Stattler n’est-il pas loin de penser que le problème de l’infaillibilité du pape seul est un faux problème : I laque non video quo pacte magnum momentum habere possii loi contentionibus agitata quæstio illa : on sum mus pontifex, se solo judicans in rébus fidei, falli nequeat. P. 168, Les promesses du Christ ont en effel

pour objet, explique I ii, deux choses dont l’une ne peut se concevoir sans l’autre, à savoir que Pierre (ou .son successeur) sera toujours le fondement de la véritable Église et que l'Église elle même restera toujours bâtie sur ce fondement. Ergo née summus pontifex unquam solus recte in ni genus nuisis decernet

ul est m rébus ami suliile rel ruina universuli con nexis. née sine illo CŒtuS reeloruin injerioriuu oliUr

atque ///< decernentium, Ibid. De même n’y a t il pas

lieu dr se demander si l’autorité doctrinale de l’ensemble des évêques est supérieure ou inférieure à celle du pape seul. Pour la même raison encore, on ne peul OUtenil que le concile général soit le seul moyen pour

l'Église de définir infailliblement sa foi : su/]icit paucorum cum judicio Romani J’ontiftcis consensus, p. It17 ; au contraire, aucun concile général ne peut porter un jugement infaillible en matière de foi sans le consentement, l’approbation et la confirmation du pape. P. 166.

Quand l'Église exerce-t-elle donc son magistère doctrinal infaillible ? Premièrement, lorsque le pape parle « publiquement et solennellement » à l'Église universelle, à condition toutefois qu’il ait avec lui un certain nombre d'évêques, réunis en concile particulier ou même dispersés. Le pape seul n’est pas infaillible, parce que le pape seul ne représente pas l'Église, laquelle comprend nécessairement la tôte et les membres, le fondement et l'édifice : l-'cclesia Christi… ex primate supremo, ex episcopis nullo cerlo numéro, et ex subditis fidelibus, tum elericis, tum laicis, vi institulionis divinse per essentiam constat. De loc. theol., p. 187.

L’ouvrage que nous venons de citer ajoute à cette doctrine une remarque, plus méthodologique, sur l’autorité des Pères et des théologiens en matière de foi. Pour ce qui est des Pères, p. 201 sq., Stattler ne s'écarte pas de l’opinion commune. Quant aux théologiens, consensus illorum grave pondus et veritatis præjudicium facit ; ubi discrepant, tantum quisque valet quantum ratio quam ufjert. P. 205. On remarquera que l’auteur refuse ainsi pratiquement au consensus theologorum sa valeur propre de témoignage de la foi de l'Église, valeur indépendante des arguments apportés par chacun. On trouvera dans le tractatus Y de sa Theologia christiana theoretica, c. iv, p. 3Il sq., une curieuse application de ce principe à la question de la vision béatifique dans le Christ dès l’instant de sa conception. Voir sur ce point. IL Weisweiler, Ilot Stattler die Gotlesschau Christi geleugnet ? dans la revue Scholastik, t. v, 1930, p. 573-578.

Prérogatives juridictionnelles du primat.

Le

pape a juridiction suprême et universelle sur les évêques. Dem. calh., p. 302 sq. Il est donc toujours légitime d’en appeler des évêques ou d’un synode particulier au souverain pontife ; sur ce point Stattler se sépare nettement du fébronianisme ; mais il pense que la modération dans le gouvernement de l'Église » conseillera ordinairement au pape de déléguer ses pouvoirs à des juges pris dans le diocèse ou la province intéressés, plutôt que d'évoquer l’affaire en Cour de Home. L'Église gallicane agit sagement en exigeant ce moderamen. 1'. 321 sq.

Quant à la juridiction des évêques sur leur propre troupeau, elle leur vient immédiatement de Dieu. P, 208 sq.. 107. C’est à tous les apôtres et non au seul Pierre que le Christ a remis ses pouvoirs. Le pape n’a pas juridiction ordinaire immédiate, mais seulement médiate, sur les membres de l'Église soumis a la juii diction Immédiate d’autres pasteurs. P. 394 sq. Même le privilège des religieux exempts dépend absolument du consentement des évêques. I'. 107. Le pape ne peut donc s’immiscer dans le gouvernement des diocèses quc s’il y a des abus à corriger, ou si les Inférieurs font appel à son tribunal. 1'. 108. Stattler estime cl n’hésite pas a dire tout haut que ces ingérences papales sont trop fréquentes, qu’elles constituent un des prin cipaux obstacles au retour des protestants dans le sein de l’unique Église. P, 123 12 1. Il revient souvent sur

cette idée que la primauté voulue par le Christ est une primante de scr ice, non de domination ; cf. par exem pie p. 300. La primauté pontificale n’existe que dans la mesure où clic est nécessaire pour assurer l’unité de l'Église. Le pape n’est pas maître des saints canons en ce sens qu’il puisse eu dispenser arbitrairement, mais solum inoruli potestide… gaudei m online ad mdiflcationem, non ad ruinant Ecclesise, V. 303.