Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/536

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

STATTLER (BENOIT)

2574

Duns le cas d’un schisme papal, le concile général a autorité pour décider quel est, des deux élus dont eux, le véritable pontife. Si c’est nécessaire, il pourra même les déposer tous deux et en élire un troisième. Ainsi peut-on légitimer le mode d’agir singulier » du concile de Constance : il fallait mettre tin au schisme ; mais l’autorité du concile n’allait pas plus loin. De loc. theol., p. 187-188. Dans les cas de nécessité les princes euxmêmes et surtout l’empereur peuvent user de leur pouvoir temporel pour hâter la convocation et la réunion effective d’un concile, pour agir sur les évêques (au besoin en leur retirant leurs revenus temporels), et sur le pape lui-même. Ibid., p. 190.

Si en tin, en des matières qui ne touchent pas à la foi et à l’unité de l'Église, le pape commet une imprudence ou une erreur, donne le mauvais exemple ou édicté des lois nuisibles, les évêques ont non seulement le droit mais le devoir de l’avertir, communiter aut singillatim. au besoin de lui résister ouvertement, comme fit saint Paul à l'égard de saint Pierre. Dem. cath.. p. 175.

3° La « potestas coactiva » dans l'Église ; la tolérance. — Stattler admet que l'Église peut infliger des peines spirituelles pour contraindre ses membres à l’observation des lois divines par elle authenliquement déclarées, mais il insiste surtout sur la modération qu’il convient d’apporter dans l’emploi de ces moyens extrêmes. Plus que la thèse elle-même, le ton est révélateur de la pensée profonde : après avoir rappelé les règles de tolérance données par saint Augustin, l’auteur conclut : U quoi quantave Ecclesise mala nunquam l’idisset christianus orbis, si istas régulas attendissent redores gregis Christi priusquam cum virga venirent ad hune. Quid diceret Augustinus, si multitudinem excommunicationum « ipso facto » incurrendarum et censurarum calalogos legeret ; si audiissel de interdiclis regnorum, anathematis in principes et in régna latis ? Sonne illud : Heu ! quanta cum strage frumenti optimi

i : ania. o ministri Jesu Christi, eradicatis ante messrm.' Dem. cath., p. 277.

A l'égard des non-catholiques, quelle devra être l’attitude de l'Église ? S’ils ne propagent point publiquement leurs erreurs, il ne faut pas les inquiéter. S’ils cherchent à séduire les catholiques, il faut interdire a ceux-ci de les fréquenter. Si cette mesure est impossible, sufjiriet salubri instructione prsemunire gregem. Que ceux qui prescrivent une conduite plus sévère remarquent bien qu’ils donnent ainsi aux non-catholiques, la où ils détiennent le pouvoir, le droit de rendre la pareille aux catholiques ; qu’ils remarquent aussi que ces « règles de la tolérance chrétienne… ont été reçues en tout temps par les catholiques les plus --âges ». p. 277-279.

Le retour des protestants à l’unique Église.

La

pensée de Stattler sur ce grave sujet, qui fut une de ses constantes préoccupations, est résumée dans VAnacephaleosis ad DD. protestantes in Germania. Cet opuscule n’est pas daté ; traduit en allemand et augmenté, il donnera le Plan zu der allein môglichen Vereinigung tier l’rotrslanten mil der katholischen Kirche, un vol. in 8°, Angsbourg et Munich. 1781.

Avec une netteté et une franchise parfaites, l’auteur expose d’abord la condition essentielle de la réunion : Si nous n’admettons pas de part et d’autre, dit-il aux protestants, l’autorité et le jugement infaillibles de l'Église, …l’union n’est pas possible entre VOUS et nous ; on ne peut même pas l’espérer entre vous [protestants] ; si, au contraire nous tombons d’accord sur ce point, tout le reste s (. r a très facile, i Anæcphal., iv. v. C’est qu’en dehors de l’autorité de l'Église, on ne, trouvera pas de règle sûre pour l’interprétation de l'Écriture. II n’y a rien à répondre à Locke lorsqu’il écrit ; Si l'Écriture seule et l’interprétation de l'Écri- |

turc fondée sur le jugement personnel est l’unique règle de foi, pourquoi souscrirais-je à l’interprétation de tel autre plutôt qu'à la mienne propre ? » Ibid., viii. Mais à ce jeu le christianisme tombe en ruines. Ce n’est pourtant pas ce qu’ont voulu les protestants. Qu’ils sachent donc reconnaître, incontestablement exprimé dans l'Écriture et postulé par la nature même de la société voulue par le Christ, le dogme de l’infaillibilité doctrinale de l'Église.

Dans la seconde partie de son opuscule, Stattler en vient à formuler, lui simple théologien, des « propositions de paix », qu’il appelle Inconsidérément les « Canons de l’union ». Ibid.. xxvii sq. Ce curieux document nous montre comment certains esprits envisageaient alors, du côté catholique, le problème de la réunion. C’est pourquoi nous le résumerons ici.

Canon 1 : Vous ne serez obligés de croire de foi certaine, déclare-t-on aux protestants, que ce que l'Église a « solennellement déclaré dogme catholique ». Liberté entière, par conséquent, pour tout ce qui est opinions d'écoles (l’auteur admet-il qu’il n’y a pas de milieu entre les dogmes définis et les simples opinions d'écoles ? Il ne le dit pas expressément ; mais, au moment de sa condamnation, il exigera de même, pour rétracter ses opinions personnelles, une définition conciliaire ou papale. Si l’on se rappelle ce que nous avons dit plus haut de sa thèse sur la valeur du consentement unanime des théologiens, on sera porté à croire que sa pensée était loin d’avoir atteint sur ce point toute la précision désirable). — Canon 2 : L’autorité pontificale qu’on vous demandera d’admettre est un pouvoir médiat et purement spirituel. — Canon 3 : En fait de religieux, vous n’admettrez que ceux qui utrique reipubliese, sacræ et profanée, ex lequo utiles videbuntur ; encore l’exercice de leur ministère serat-il subordonné au consentement non seulement des évêques, mais des curés. — Canon 4 : Vous êtes dans votre droit en demandant qu’on n’ordonne pas plus de clercs et de prêtres qu’il n’y a de postes stables à pourvoir. — Canon 5 : Personne ne vous obligera à admettre quelques confraternités que ce soit. — Canon 6 : La puissance temporelle de vos princes restera intacte et indépendante. — Canon 7 : L’entretien convenable des églises et des ministres du culte sera établi d’après une estimation raisonnable et non sur le principe de la dîme. — Canon 8 : La sagesse divine qui inspire a l'Église le souci du bien de tous lui dictera aussi une grande modération dans l’exercice de son pouvoir législatif. — Canon 9 : Vous serez libres de n’admettre que les exercices religieux essentiels à la vie chrétienne et reçus par toute l'Église ; libres de rejeter ceux qui ont été inventés par des individus ou des communautés particulières.

Vellem plura addere, dit encore l’auteur ; sed sollicitudo me prohibel displicendi infirmis qui solidum cibum (erre non possunt. Ibid.. xxix-xxx. Il devine — et il ne se trompe pas — que ses propositions de paix ne recevront pas l’approbation unanime des catholiques. Il semble bien qu’elles n’aient pas rencontré chez les protestants eux mêmes l’accueil cm pressé qu’il souhaitait. Sa conclu ion du moins pour rait être signée par tous ceux qui désirent sincèrement l’union, l’rimus ad unionem gradus erit, si nos invicem vere christiana caritatr mutua prosequamur, omni in orcasionc illius argumenta sincerissima exhîbenles. Yoluntates enim semel conjunctse unionem intelleclus brevi ac certissime post se trahenl. Intérim sic mecum statuo : Unio acatholicorum omnium cum catholicis tam magnum est opus, ut non nisi divino disponi consilio possil. Deus solus scit, et volet certissime ni exsequi ; nisi humante voluntatis illi malilia sit obstitura. Ibid., .

Y. La mise a l’index. La Demonstratio catholica et le De locis theologicis donnèrent lieu tics vite a dis