Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/548

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querelle, voir É. Amann, dans Fliche-Martin. Histoire de l'Église, t. vi. p. 308 sq. Avec vigueur, il attaque la conception trop matérielle « le la communion, comme assimilation physique du cor/tus Christi, liant celui-ci

aux mêmes vicissitudes que les aliments ; il lui oppose une idée plus spirituelle de la communion qui est une réfection de l 'âme et qui n’a rien à voir avec la digestion.

Dans son premier opuscule (Contra Amalarium), dénonce l’inepl ie des préoccupations de son adversaire : Quant misera anxietate rentilatur et eoaretatur. eum cor pus Christi humante eorruptionis sordibus inquinari formidat… Addit quoqiie (corpus Cliristi in eorpore nostro montre) usque in diem sepulturæ, metuens ne oel tune, nisi neseio quo ùwisibili modo a nobis diseretum fuerit, corpus Christi conditione in puloerem dissoloatw… X. '.', P. L.. t. exix. col. 77. l’our dissiper ces imaginations, il n’est que de définir d’une façon réelle, mais spiri tuelle, le corpus Christi et de le distinguer des éléments visibles qui le cachent. Sans doute la niandueation réelle et matérielle des éléments visibles n’est pas inutile pour une véritable communion au Christ dans l’eucharistie ; elle la conditionne, mais ce qui importe c’est l’union réelle, mais spirituelle, directe du corps du Christ avec l'âme qu’il rassasie : Prorsus panis ille sacrosanctus oblationis corpus est Christi, non malerie oel specie visibili, sed virtute et potentia spirituali… Mentis ergo est cibus iste, non ventris ; non corrumpitur, sed permanet in vilam œlernam quoniam pie sumentibus conjert vitam « lernam… Corpus igitur Christi non est in specie visibili, sed in virtute spiriluali, nec inquinari potest fœce corporea quod et animarum et corporum vitia mundare consuevit. Ibid., col. 77.

Le second opuscule, écrit après le concile de Quierzy, justifie la condamnation d’Amalaire en ce concile. Dans le style d’Augustin, Florus oppose la manducation réelle et matérielle des espèces, et l’assimilation spirituelle par le cœur et l'âme de l’aliment céleste, invisible et incorruptible. En commentant Joa., vi, 32, 56, 58, il écrit : Manet igitur in mente fldelium incorrupla venerabilis mijslerii virlus et efjîcacissima potentia, purgans delicta… Cumque putvis revertitur in lerram, spirilus tamen, hufus muneris solutio jretus, redit ad Dominum qui dédit illum nec in depositione corruplibili corporis sui amiltens incorruplibilem gratiam corporis Christi. Col. 83 et 84.

En partant de ces prémisses qui distinguent parfaitement entre le visibile sacramentum, qui est corruptible et a le sort des aliments, et le corpus Christi qui est incorruptible, immortel et spirituel, les questions envisagées par Amalaire ne se posent plus. Mais il reste que le langage spiritualiste de notre auteur, qui sauvegarde bien le caractère vivifiant de l’aliment céleste, ne marque pas assez que la chair vivifiante, si spiritualisée soit-elle, reste une chair cependant, non corruptible, certes, mais distincte de la vertu spirituelle qu’elle apporte à l'âme du communiant. Florus semble entendre la présence réelle du corps du Christ comme une vertu spirituelle.

2° Suite de la controverse : Pascase Radberl, Raban Maur, Ralramne. — Pascase, dans son traité De eorpore et sanguine Domini, écrit vers 831, dédié à Charles le Chauve en 844, est avant tout préoccupé d'établir l’identité absolue du corps historique et du corps eucharistique qui se trouve sur l’autel après la consécration. En vertu d’un mystérieux changement intérieur et spirituel, la substance du pain et du vin est transformée au corps et au sang du Christ. C. xxi, 9, P. L., t. cxx, col. 1340. Au fait, les apparences ne changent pas : la vue et le goût ne perçoivent aucune modification, cela afin que la foi soit exercée. Op. cil., i, 5, col. 1271.

Est-ce u dire que nous soyons déjà en face de la distinction scolastique entre substance et accidents. Les

apparences dont parle Pascase ont-elles l’objectivité que saint Thomas reconnaît aux accidents ? Non pas. Le mot species chez Pascase ne signifie qu’apparence. « Il y a un abîme entre la notion d' « apparence «  telle qu’il la conçoit et la notion scolaslique d' « acci » dent ». L’accident est de I' être » pourrait-on dire ; mais les > apparences > de Radbert n’ont pas d'être, n’ont pas de réalité objective : elles présentent seulement l’aspect extérieur que Dieu laisse à la vraie chair et au vrai sang du Clirist pour ne pas nous choquer ; il y a là une sorte de miracle permanent, agissant sur nos sens à la façon d’une vision au sens large du mot. » H. Peltier, Pascase Radbert, Amiens, 1938, [>. 236. En vérité, selon l’expression souvent répétée de Pascase, au terme de la conversion substantielle, il n’y a plus que la chair et le sang du Christ. Op. cit., i, 2, col. 12C9. Dès lors, c’est uniquement une nourriture d’incorruptibilité et d’immortalité. Sans doute, remarque-t-il, c’est tout l’homme qui est racheté par le Christ, corps et âme ; notre corps lui-même a besoin d'être spiri tualisé et, dans la communion, il est merveilleusement préparé à l’incorruptibilité. C. xix, col. 1327. .Mais par là nous ne devons pas nous imaginer que l’eucharistie nourrit physiquement notre corps. C. xx, col. 1330. Rien de charnel dans la communion, elle est nourriture spirituelle.

Mais, en outre de cette nutrition spirituelle de l'âme par le vrai corps du Christ, n’y a t-il pas à se préoccuper d’une autre nutrition du corps par les « espèces ou apparences » du pain et du vin demeurées après la consécration. Pascase sait les préoccupations de certains de ses contemporains au sujet de ce que deviennent ces « apparences » entraînées dans le courant de la digestion. Tels et tels se demandent si le jeûne ne doit pas être continué quelque temps, par respect, après qu’on a communié, pour que les éléments consacrés ne se trouvent pas mêlés avec la nourriture commune.

Pascase pour qui, après la consécration, il n’y a plus que le corps du Christ, et pour qui les « apparences » n’ont pas « d'être » au sens réel du mot, ne peut qu'écarter la question d'éléments réels sujets aux vicissitudes des aliments ordinaires. Il tient la question posée comme frivole. En conséquence, il répond : Xeque observandum, sicut apocryphorum munimenla decernunt (il s’agit ici de l'épître de saint Clément à saint Jacques, Hinschius, Décret. pseudo-Isid., p. 47, cf. Gratien, De cons., II, 23), donec ea digerantur in eorpore, ne communis cibus accipiatur. Et encore : Frivolum est ergo, sicut in eodem apocrypho libro legitur, in hoc mysterio cogilare de stercore, ne commisceatur in digestione allerius cibi. C. xx, 1 et 3, col. 1330 et 1331. La raison, c’est qu’il n’y a rien de charnel dans cette niandueation et ses suites : ubi spiritalis esca et potus sumilur… quid commistionis habere polerit. Ibid., col. 1331. Il est vrai que la vie qu’alimente l’eucharistie est spirituelle et que c’est par respect pour l’aliment divin que nous restons à jeun avant la communion ; Pascase recommande justement de se préoccuper avant tout de se préparer religieusement à la communion. C’est là, certes, le principal aspect de la question eucharistique, mais Pascase a tort de ne voir que cela et d’oublier que les éléments consacrés restent sujets dans la communion aux mêmes vicissitudes que les aliments communs. D’aulres théologiens vont résoudre différemment le problème.

Raban Maur se voit poser par l'évêque d’Auxerrc, Iléribald, ce même problème, sous une forme nouvelle. l’trum eueharistia, poslquam consumitur et in sécession emitiitur more aliorum ciborum, iierum retient m naturam pristinum. quant habiterai anlequam in altari eonsecraretur ? Peenitentiale, c. xxxiii, P. L., t. < ; x, col. 192.

Après la parole du Christ : Ornne quod intrat in 08 in renlrem vadil et in secessum emitiitur, il tient la ques-