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SUAREZ. THÉOLOGIE PRATIQUE, LA MORALE


c’est péché mortel que refuser l’aumône de son superflu, sect. m. n. 5, p. 683 ; cf. n. 9, ». 685, l’opinion moins sévère est donnée comme sans probabilité pratique ; et même in gravissima necessitale cette obligation existe quant au superflu advilam, sect. iv, n. 5, p. 686 ; de plus devant les communes nécessitâtes celui qui a du superflu simpticiter, quoiqu’il lui soit légitime d'économiser et de vouloir s'élever socialement, cf. sect. iii, n. 9, p. (vS.">. est tenu de faire l’aumône, en sorte qu’il pécherait gravement s’il avait le proposition jormale vel virtuale nunquam dandi eleemosynam, nisi in gravibus necessitatibus, sect. m. n. 7. p. 684 ; c'était bien mettre en valeur la disposition d'âme » comme détermination première et fondamentale du précepte dans les circonstances ordinaires.

b i Vertu de religion. - L'étude de cette vertu — la seule des vertus morales qui soit directement exposée dans l'œuvre de Suarez - est particulièrement riche. Suarez a bien vu la difficulté qu’il y avait à rattacher selon la conception thomiste la religion à la justice ; cf. De virtute religionis, tract. I, t. III, c. m et iv, t. xiii. p. Il sq. L’ordre qu’il adopte, quelque peu divers de celui de la Somme, est pragmatique et peut être discuté ; c’est le suivant : tract. I : caractères essentiels de la vertu ; tract. II : préceptes atlirmatifs : culte, adoration surtout extérieure : tract. III : préceptes négatifs : irréligiosité, superstition, sacrilège, simonie (t. xiii) ; tract. IV, Y et Yl : prière (oralio), serinent et vœu (t. xiv).

Dans cette abondante matière nous ne relèverons que deux points, du reste secondaires mais d’actualité : d’abord les considérations présentées sur l'œuvre servile, tract. II, t. II, c. xvii-xx, t. xiii, p. 322 sq. A la suite de Cajétan, Suarez paraît avoir grandement contribué à faire triompher la conception qui, au xvi c siècle, remplace la notion ancienne, à savoir un travail corporel, manuel, se rapportant aux arts mécaniques, par opposition à celui des arts libéraux. Puis ce qui concerne les vices opposés à la religion. Suarez s'écarte de la division de la Somme (il le reconnaît lui-même, tract. III, t. I, c. i, n. 5, t. xiii, p. 440) ; mais, en ce qui concerne la superstition divinatoire, il conserve à peu près les diverses espèces distinguées par saint Thomas, cꝟ. t. II, c. ix, n. 5, p. 513, et, comme lui. il voit dans les vaines observances, nous dirions aujourd’hui les craintes et les espoirs superstitieux, une relation au moins implicite avec le démon ; cf. n. 12, p. 515. Il admet cependant, après Cajétan, que souvent elles sont de simples péchés véniels parce qu’on s’y cou tic ex quadam simplicitate, àbsque preesumptione mali (mi pacti cum dsemone, c. x, n. (>, p. 519 ; la critique de l’astrologie, tout un chapitre, tract. III. t. II, c. xi, p. 523 sq., présente un réel intérêt devant les tentatives actuelles pour redonner une valeur scientifique aux horoscopes : retenons-en au moins cette réflexion de bon sens : en ce qui concerne les inclinations futures du nouveau-né, ce sont certainement les éléments directs produisant la conception qui influent beaucoup plus sur le tempérament que la position ou le cours des astres à la naissance, n. 8-11, p. 520 sq. ; en tout cas, on ne peut sans pécher « outre la vérité tenir l’horoscope comme certain, n. 12, p. 528, ni prédire par les astres ce qui, dans l’avenir, dépend de la liberté lui maine. n. 13. ihni. ; annoncer les futurs contingents à l’aide des astres est certainement erroné et user de cette prédiction est superstitieux, n. 2 1. p. 532 et n. 31, p. 535 ; la divination par les songes est aussi largement étudiée, c. xiii, p. ">I7 sq., ainsi que la magie. C. xiv, xv. xvi. p. 558 sq.

2. Sacrements.

Aides principales de la vie chrétienne et, à ce titre, tenant grande place dans la morale spéciale, les sacrements (sauf l’ordre et le mariage) ont été étudiés par Suarez dans une œuvre publiée de son

vivant même : dans Vives, 3 tomes : t. xx. sacrements en général, baptême, confirmation, eucharistie (en partie) ; t. XXI, eucharistie (suite et lin) ; t. XXII, pénitence (vertu et sacrement) et, en complément, purgatoire, suffrages, indulgences ; la forme est celle du commentaire suarésien, disputcUiones et sectiones, avec reproduction du texte de la Somme du moins jusqu'à la disp. XVI de la pénitence, t. xxii, p. 336 ; les dispulationes placées en lin des divers sacrements traitent de matières plus proprement morales.

Ici encore nous nous bornons à signaler quelques doctrines :

a) Sacrements ; en gênerai. — Disp. XVI (devoirs des ministres), spécialement sur l'état de grâce : sect. m et iv, t. xx. p. 300 sq., et disp. XVIII, p. 312, sur la coopération en cas de sacrilèges : il y a là une casuistique d’une extrême précision.

b) Baptême. — Disp. XX, sect. iii, n. 5 sq., p. 344 sq., cas scolaire : une immersio sine emersione (simple ! projeetio in /lumen) est-elle suffisante pour la validité? Disp. XXI, sect. iii, p. 353, considérations historiques sur le baptême in nomine Christi ; dis]). XXV, sect. iii, iv, v, p. 428 sq., le baptême des enfants malgré les parents serait licite, si du moins ces derniers étaient sujets de princes chrétiens ou de condition servile ; disp. XXVII, sect. iii, p. 479 sq., critique de l’opinion de Cajétan sur les enfants morts sans baptême.

c) Confirmation. — Disp. XXXVIII, sect. i. p. 694 sq., _sur l’obligation de recevoir ce sacrement. En soi il n’est que de conseil, mais, d’après les intentions et les circonstances, s’en abstenir pourrait être au moins péché véniel.

d) Eucharistie. — Disp. XI.III, sect. iv, t. xx, p. 785, sur la nécessité des deux matières : le souverain pontife ne pourrait licitement dispenser de la consécration de l’une ; disp. XLIV et XLV, p. 803 sq., le pain et le vin, matière de l’eucharistie ; dans cette dernière, sect. i, n. (i, p. 819, le mustum cipressum ex uvis, avant toute fermentation, est dit sufpciens materiu, non tamen conveniens ; disp. LXIV sur le précepte divin de la communion ; la sectio iv, t. xxi, p. 540 sq. porte sur l’usage de la communion et sa fréquence : aucune restriction de la fréquence n’est de droit divin, n. 1, p. 540 ; à ne considérer que l’acte en lui-même il faudrait plutôt communier souvent, n. 6, p. 541 : consullius est frequentius communicare quam mrius ; mais par respect et à cause de la préparation convenable à assurer, il y aura rarement à conseiller de communier plus souvent que tous les huit jours, n. 7, p. 542 ; du reste pas de règle générale stricte, c’est à la prudence du confesseur ou du directeur de juger.

Dans l’eucharistie sacrifice, signalons au moins la disp. LXXXVI, t. xxi, p. 906, sur les stipendia missse et les engagements de justice qu’ils entraînent ; toute cette partie est du reste riche en développements intéressant la liturgie et son histoire.

e) Pénitence. — Les quinze disputes sur la vertu de pénitence et les vingt-trois sur le sacrement (t. xxii) sont particulièrement soignées ; Suarez a profilé des précisions doctrinales apportées par le concile de Trente et de tout le travail accompli autour d’elles.

a. — C’est ainsi que, traitant de la vertu, il donne une analyse très fouillée soit de la contrition proprement dite (parfaite), de ses rapports avec l’amour super omnia, disp. IV, sect. i et ii, p. 70 sq., des conditions de temps qu’elle suppose, sect. v. p. 86 sq., soit de l’allrition et de ses caractères, disp. V, sect. i, p. 99 sq.. ainsi que du passage de l’une à l’autre. Sect. m. p. Iu7 sq.

b. Les actes du pénitent (confession, contrition

et satisfaction) sont déclarés matière proprement dite du sacrement : vera sententia et certa doclrina, disp. XVIII, sect. III, n. 3, p. 390.