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    1. SUAREZ##


SUAREZ. THÉOLOGI1- : PRATIQUE, L’ASCÈSE

il

A propos de la confession et de l’absolution, Suarez traite d’une question un peu particulière qu’il taul signaler en raison des incidents pénibles occasionnés par elle dans sa vie. Il s’agit di' la confession faite par lettre ou par intermédiaire et de l’absolution donnée à un absent. Pour les détails, voir de Scorraille. t. ii, p. 55 sq.

A la suite de discussions, Clément A' 1 1 1 avait publié un décret du Saint-Office (20 juillet 1602) qui condamnait, au moins comme fausse, téméraire et scandaleuse, cette proposition : Lierre per lilteras seti internnntium confessori absenli peccala sacramenialiter confiteri et ab eodem absente absolutionem oblinere. Denz.-Bannw., n. 1088. Suarez imprimait son De pœnitentia quand ce décret lui fut connu. Il n’eut pas à modifier sa doctrine sur l’absolution d’un absent, l’ayant toujours tenue pour invalide : il accentua seulement la note qu’il donnait à l’opinion contraire ; cf. de Scorraille, t. n. p. 01 : texte primitif. Mais, quant à la confession par intermédiaire, s’appuyant sur une lettre du pape saint Léon (P. L., t. Liv, col. 1011 - un mourant ne pouvant plus se confesser est à absoudre sur le témoignage de ceux qui rapportent ses aveux), il crut devoir maintenir que cette confession dans l’impossibilité de toute autre serait sacramentelle et valable, disp. XXI. sect. iv, n. 5, p. 4t> : i sq. ; dans le décret de Clément VIII, le mot et était à entendre complexive et non divisive, confession et absolution étaient visées ensemble, et non chacune d’elles. Tbid., n. 10, p. 465.

Rome réagit vigoureusement : par décret du 31 juillet 1603, le Saint-Office interdisait le De pœnitentia et défendait à son auteur de publier quelque écrit théologique que ce soil sans sa permission expresse. C’est en vain que Suarez multiplia les explications et les écrits, cf. de Scorraille. t. ii, p. 111, liste de quatorze lettres ou opuscules : en vain qu’il se rendit lui-même à Home et plaida sa cause. Quatre nouveaux décrets du Saint-Office, 1604 1605 (de Scorraille, t. ii, p. 112 sq.) maintinrent tout au moins la prohibition du texte imprimé et y ajoutèrent celle d’un second passage, qui reproduisait la doctrine incriminée, disp. XXIII, sect. i. n. 12, p. 512. Un dernier décret, porté après la mort de Suarez, en 1622, terminait définitivement — et toujours contre lui - - le débat : la confession d’un absent était aussi bien condamnée que son absolution ; la lettre de saint Léon traitait d’une tout autre question, celle de l’absolu ! ion des mourants ; c'était aux théologiens d’accorder les deux textes. Suarez ne le fil qu'à grand peine (de Scorraille, t. ii, p. 08 it'.l) ; il se trompait en croyant que, dans la lettre de saint Léon, il s’agissait d’une confession sacramentelle, nécessaire. pensait-il, pour fournir une matière au sacrement ; a cette difficulté, qui est celle de l’absolution des mou rants privés de connaissance, les moralistes modernes répondent ou que la thèse scotiste sur la matière de la pénitence n’est pas sans probabilité, ou que, dans sa grande charité, l'Église permet aux heures dernières de tenter des absolutions qui n’ont guère de chances de succès.

c. — Quant aux autres doctrines présentées dans le l)e pœnitentia, il suffira de mentionner les suivantes : avec saint Thomas et les thomistes du xvie siècle, Suarez lient que le sacrement de pénitence peut être

Valide mais informe non ex dejeelu intensii’n atlritionis

(opinion d’anciens théologiens, brillamment renouvelée en nos temps par Billot), mais ex defectu extensivo (attrition insuffisamment universelle avec honni' toi.

cas à peu pics chimérique, et. disp.. sect. v, p. 147 sq.). Le droit nouveau de l'Église sur la juridic lion pénilentielle est exposé avec le plus grand soin,

disp. XXVIII, p. 575 sq. ; de sacerdote ideoneo, cf. en particulier sect. iv, p. 586 sq. sur l’approbation instituée, par le concile de Trente. Dans la disp. XXVI,

sect. v, p. 551, Suarez maintenait pour tout prêtre validement ordonné le pouvoir d’absoudre les péchés véniels, en vertu non du pouvoir d’ordre mais d’une délégation juridictionnelle concédée ipso facto par l'Église et passée en coutume ; cette doctrine, commune au temps de Suarez et admise par de bons auteurs jusqu'à nos jours, se voit abandonnée depuis le Code. Enfin la disp. XXX III, p. 686 sq., sur le secret de la confession, est remarquable par sa netteté et sa vigueur : Suarez, à la veille des hésitations qui se manifesteront en certains milieux théologiques régalistes et gallicans, affirme l’obligation absolue du secret, qui ne peut être enfreint in nullo casu et propter nulliun finem, etiam pro tuenda tola republica ab ingenti malo lemporali aut spirituali, sect. i, n. 2, p. 687, obligation venant ex quodam jure naturali et intrinseco sacramento, ibid., n. 10, p. 689 ; le reste de la doctrine sur cette matière est à peu près celle qui est actuellement professée.

//Dans une analyse complète de l’enseignement pratique sacramentel donné par Suarez, il faudrait tenir compte de ce qui. dans le même ouvrage, concerne l’extrême-onction, le purgatoire, les suffrages pour les vivants et les morts, les indulgences ; nos cours actuels de théologie renvoient à divers points de ces exposés, par exemple à la disp. XLI, p. 827 sep, sur les effets de l’extrême-onction, à la disp. XLIX, sect. iv, p. 006 sep, sur la nature des indulgences et spécialement de celle formulée per modum absolutionis, Suarez y voit une véritable absolution. X’ous en avons assez dit pour montrer la richesse de ces analyses au point de vue de la théologie morale ; nous voudrions plus brièvement encore noter les matières les plus importantes traitées par lui et se rapportant à notre théologie de la vie spirituelle et au droit canonique.

II. ruÉowan : ascêtiqij : i : r mystique. — Il serait aisé de trouver dans divers ouvrages de Suarez, par exemple dans le De sacramentis, et spécialement dans les traités qui concernent l’eucharistie et la pénitence, un certain nombre de développements se rapportant assez directement à la théologie de la vie spirituelle ; mais nous avons à y mettre tout à fait explicitement diverses parties du De. religione qui lui reviennent plus proprement.

1° La première de ces parties est le traité IV de cet ouvrage. De oratione, devotione et de horis canonicis, t. xi v. De ses S ! » chapitres, groupés en 1 livres, beaucoup nous donnent une doctrine spirituelle étudiée au point de vue théologique. C’est autour de la prière, iiruliit, que Suarez la présente : la deootio, distin guée plus nettement par saint Thomas, Ib'-II"', q. i.xxxviii, est considérée ici plutôt comme une qualité de la prière, un affectus cultus intensifiant les actes de religion. Cf. tract. IV, t. II, c. vi. n. 1, t. XIV, p. 150.

C’est donc l’oraison, soit en général, soit en ses espèces (mentale ou vocale, et cette dernière privée ou publique) qui sera étudiée en détails par Suarez. Ces analyses, toujours minutieuses a sa manière, auront une réelle influence sur un certain nombre d’auteurs spirituels soucieux de maintenir dans leurs considérations un lien étroit avec la théologie rationnelle.

Parmi les passages les plus caractéristiques nous signalerons toute une série de chapitres, qui examinent la contemplai ion et son rapport avec la triple voie classique de la vie spirituelle, I. II, c. ix xx. p. 155212. L’un d’eux, le c. xii, p. 169 sep. est spécialement à distinguer parce qu’il manifeste clairement la posi lion de Suarez vis à is des problèmes de la vie mystique. Il est intitulé : l’trani contemplatio vel aliqua mentalis un/lit) possit interdum sine actu intellectus mit voluntatis inoeniri ? En faveur de l’affirmative sont cites des passages de Jean 'l’auler et du pseudo I >cn s ;