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SUSPENSE — SUTTON (THOMAS DE !


'nconvénient recourir à la procédure judiciaire contre le clerc délinquant, il lui est permis de porter contre lui, par simple décret, sans formalités judiciaires et sans monitions canoniques, une suspense ab officio totale ou partielle que le droit appelle suspense ex informata conscienlia. Le Code a clairement réglementé tout ce qui concerne ce remède extraordinaire dans ses canons 2186-2194.

Kober, Suspension der Kirchendiener, Tubingue, 1862 ; E.-G. Rainer, Suspension of Clerics, Washington, 1937 ; F. Robeiti, De delictis et pœnis, p. 452-508, Rome, 1938 ; Wernz-Vidal, Jus pénale ecclesiasticum, p. 326-341, Rome, 1937.

F. ClMETIER.

    1. SUTTON (Henri de)##


1. SUTTON (Henri de), frère mineur anglais (xme -xive siècle). — Né vers 1262, il était en 1292-1293 à Oxford et, en 1303-1307, il fut gardien du couvent de Londres, où il déposa en 1307, en cette qualité, pour la canonisation de Thomas de Cantilupe, évêque de Hereford (1275-1282). Voir Acta sanctorum, octobre, t. i, p. 591. Il mourut peu après 1327. Dans le ms. Q. 46, fol. 104 r°-107 r° et 221 v°-225 r°, de la bibliothèque de la cathédrale de Worcester, sont conservés deux sermons sur Thomas de Cantilupe, que Henri de Sutton tint à Oxford le 29 décembre 1292 et le 1 er mai 1293. Le premier sermon est aussi conservé dans le ms. 92, fol. 77, de la bibliothèque de New-Collège à Oxford.

A. -G. Little, The grey friars in Oxford, dans Oxford historical society, t. xx, Oxford, 1892, p. 219 ; du même, Records o/ the franciscan province of England, dans Collectanea franciscana, t. i, Aberdeen, 1914, p. 148 ; C. L. Kingsford, The grey friars of London, dans British society of franciscan studies, t. vi, Aberdeen, 1915, p. 19, 22, 37, 55, 68, 162, 164, 168, 231, 235 ; A.-G. Little et F. Pelster, Oxford theology and theologians c. a. D. 1282-1302, dans Oxford histor. society, t. xevi, Oxford, 1934, p. 162, 164, 178, 184, 190, 282.

A. Teetært.

    1. SUTTON (Thomas de)##


2. SUTTON (Thomas de). — L’influence très certaine que ce maître en théologie exerça pour la diffusion et l’acclimatation des doctrines thomistes en Angleterre, ne peut encore être mesurée à son exacte valeur. Il se peut qu’elle ait été plus considérable qu’on s’accorde à l’admettre. Mais un certain nombre de problèmes encore en suspens, concernant son activité littéraire et sa biographie devraient être pour cela préalablement résolus. Or ils ne le sont pas.

Les données biographiques certaines sont les suivantes : son origine anglaise ; son entrée chez les prêcheurs ; son ordination au diaconat le 20 septembre 1274 ; sa présence à l’université d’Oxford, en 12901291, comme respondens (ms. Assise, 158, fol. 335 v°) ; en novembre 1292, mars et mai 1293 comme prédicateur, mais non comme maître régent (ms. Worcester, Cath. Q. 46) ; enfin, en qualité de régent, cette fois, vers 1299-1300 (Worcester, Cath. Q. 99). Il est également, en 1300, autorisé à entendre les confessions dans le diocèse de Lincoln.

Les documents externes n’en disent pas plus long. Seule sa production littéraire pourrait ajouter des précisions. Si tous les ouvrages qu’on lui attribue lui appartiennent vraiment, son activité littéraire commencerait avant 1282 et s'étendrait jusque vers 1315. Mais il se peut qu’aux deux extrémités on ait porté un peu vite au compte de Thomas de Sutton des traités que les manuscrits attribuent, sans autrement préciser, à Thomas Anglicus ou encore à [rater Thomas. Il importe donc de relever et distinguer soigneusement ces deux catégories d’ouvrages.

I. Œuvres certainement authentiques. — 1° Quæstiones ordinariæ.

Au nombre de 35 dans le

ms. d’Oxford, Merton Coll. 138 (fol. 228 d-337 c) qui fournit l’attribution explicite à frater Thomas de Sutton ; elles portent sur des problèmes théologiques

assez variés : Dieu, sa connaissance, ses noms, sa Trinité ; les anges, nature et mesure ; la charité, la vision béatiflque ; mais surtout l’intelligence humaine et la connaissance. D’autres mss les transmettent encore : Bâle, Univ. B. IV. 4, mais en ordre différent ; Erfurt, Amplon. F. 369 ; Naples, Bibl. nationale, VII. C. 47 ; puis Troyes, 717, et Rome, Vatic. Ottob. 1126, qui n’en connaissent, respectivement, que dix et six ; Worcester, Cath. Q. 99, qui en a gardé trois, et Assise, 158 (fol. 358 v°, un fragment de la quest. vu).

Quodlibets I-IV.

On les trouve tous quatre,

aux fol. 154 c-228 c, dans le ms. d’Oxford, Merton Coll. déjà cité, entre les Quodlibets de Godefroid de Fontaines et les Questions ordinaires signalées ci-dessus. L’attribution à Thomas de Sutton est d’une main postérieure. Mais malgré les hésitations exprimées par exemple par Hofîmans, Revue néo-scolastique, 1934, p. 416 sq., l'étude comparée de ces Quodlibets et des Questions vient corroborer pleinement l’indication du copiste. Voir O. Lottin, Rech. de théol. anc. et médiév., 1937, p. 281 sq. On les retrouve encore, anonymes, dans le ms. de Bâle, Univ., B. IV. 4, où ils voisinent avec les Quodlibets de Nicolas Trivet ; et les deux premiers, anonymes également, dans Vatican. Ottob. 1126, fol. 45-90 v".

Questions disputées et Quodlibets fournissent le meilleur de notre documentation sur la doctrine de Sutton. Leurs soutenances sont sensiblement de même époque, comme diverses allusions ou renvois permettent de l’inférer. Mais cette époque elle-même est très difficile à préciser. Tels rapprochements en effet du Quodl. i avec Henri de Gand, Quodl. v, et Godefroid j de Fontaines, Quodl. vii, 9, semblent exiger une date intermédiaire entre 1280 et 1290 ; par ailleurs les Questions contenues dans le ms. de Worcester sont à dater presque certainement de 1298-1299. Le problème chronologique semble être des plus malaisés à résoudre. La seule hypothèse plausible serait que, après avoir obtenu sa maîtrise en théologie et enseigné à Paris vers 1284-1285, Thomas de Sutton, de retour à Oxford, se soit vu astreint de nouveau aux exercices scolaires des bacheliers avant d'être autorisé à enseigner comme maître, ce qui expliquerait d’ailleurs certaines plaintes formulées à ce propos par l’Université de Paris, vers cette période (cf. Denifle-Chatelain, Charlul. univ. Paris., t. ii, n. 728) et rendrait compte aussi des précisions biographiques rapportées au début. Mais l’incertitude continue à planer.

Contra pluralitatem formarum.

Ce petit traité

qui défend vaillamment la thèse de l’unité de forme substantielle, contre l'école franciscaine et augustinienne, est conservé dans les mss de Bruges 491 (fol. 6065 a : a fralre Thoma Anglico) ; d’Assise, 118 (fol. 121130 v° : illius de Suton predicatoris. Inc. : Quoniam sanction est honorare veritalem…) Il se trouve encore, anonyme, dans Vatic. lat. 784 ; Vatic. Ottob. 184 ; Klostemeuburg, 322 ; Vienne, Bibl. nat., 1536 ; Prague, Univ., 481. Il a été édité à plusieurs reprises parmi les opuscules de saint Thomas (Opusc. 45 de l'édition romaine).

4° Tractalus de productione formarum substantialium. — On le lit, comme tractatus fratris Thome Anglici dans les mss de Bruges, 491 (fol. 96-98 b), Assise, 118 (fol. 91 v°-95 : secundum illum Thomam de Suton anglicum de ordine predicatorum. Inc. : De productione forme substantiatis in esse, sententiam solempnem.), Bamberg, C. 150 (fol. 125-131, où il est attribué à saint Thomas) et Vatic. Ottob. lat. 198 (fol. 220-223).

Ces deux ouvrages doivent se situer assez tôt dans sa carrière. Ils se placent au cours de la polémique provoquée en 1282 par le Correctoire de Guillaume de La Mare et qui eut son épilogue dans la condamnation de 1286. L’un et l’autre se voient abondamment utili-