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SYMÉON LE NOUVEAU THEOLOGIEN

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que jour. / /i /< I. Ce sera pour lui, le secret de rapides progrès dans la vertu.

Cette esquisse île la doctrine du Nouveau théologien Mirïit à montrer qu’en proposant à ses moines un but difficile (pour ne pas dire plus), donc dangereux, il n’a jamais fait li. sur un seul point, de la primauté de la perfection morale réalisée par le concours constant de l’effort personnel et de la grâce. Il travaillait par là à sauver le mohachisme orthodoxe d’une routine qui le menaçait et dont l’hésycliasme ne fut peut-être pas assez conscient, (".'est un de ses titres les moins contestables.

IV. Conclusions.

L’homme.

Syméon est

essentiellement une nature de visionnaire psychologiquement très doué : sa vie et son œuvre — qui n’est qu’un décalque de sa vie — le prouvent à suffisance. Du visionnaire il partage la sincérité comme aussi l’obstination et l’activité débordante qu’elle inspire. Sa bonne foi est hors de doute : elle transparait dans l’intensité de son sentiment religieux, la persuasion de son indignité personnelle devant ses charismes, son zèle à promouvoir une piété vivante, etc. En revanche le caractère immédiat de son expérience du divin lui défend de déférer à aucun contrôle ; son orthodoxie n’est logiquement justiciable que de Dieu et de lui-même. D’où ses conflits inévitables avec n’importe quelle autorité. Il y a là, pour nous, une erreur de jugement et de doctrine qui, pour donner un vigoureux relief au personnage, n’en diminuent pas moins son prestige réel. On ne réalisera cependant tout à fait la nature de cette singulière sainteté que par référence à l’ambiance historique. Le monachisme oriental a toujours tendu à se considérer comme une institution indépendante et extra-hiérarchique. Sa brillante attitude au service de l’orthodoxie en regard des défections du clergé, durant les persécutions de l’iconoclasme notamment, n’a fait que confirmer cette idée. L’attitude de Syméon est donc à la fois l’expression d’un tempérament et celle d’une conception sociale.

2° L'œuvre. — Sous l’angle moral elle témoigne, dans l’ensemble, d’une grande pureté. Elle préconise une religion vivante consistant avant tout dans l’amitié divine. P. G., t. cxx, col. 330 B. L’ascèse n’est qu’un moyen, la quantité de ses œuvres extérieures, jeûnes et psalmodies, importe peu en face de la seule nécessaire disposition du cœur, l'ëvSoGsv èpyaaia, c’est-à-dire la componction, île la pratique des commandements, des vertus. On est particulièrement exigeant pour la préparation intérieure et la conscience dans la réception des sacrements. On pourra néanmoins à l’occasion trouver Syméon un peu sévère : il paraît assez rigoureux à apprécier la gravité du péché : « celui qui n’a pas l’habit des noces, c’est quiconque est souillé par n’importe quelle passion ou vice… toute faute nous fait rejeter du royaume de Dieu. » Discours xxxvi (Allatius) cité par K. Iloll, p. 54. A certain endroit, il fait de la distraction dans la psalmodie le plus grand péché, Cad. Taurin, 37, c. xii ; de même est-il sévère pour ceux qui font de bonnes œuvres en état de péché. P. G., t. cxx, col. 338 D. On fera cependant bien de regarder de près si ce ne sont pas là exagérations d’ordre pédagogique.

Sous l’angle mystique, Syméon est certes plus discutable. S’il a rendu avec chaleur le commerce intime de l'âme avec Dieu, d a par ailleurs fait du charisme la substance même de la sainteté, en l’exigeant de tous. Ses principes sur la conscience 'le la grâce, quoi qu’il en soit de leurs garanties scripturaircs. introduisent nécessairement un subjectivisme sans contrôle où la révélation privée fail loi. L’organisation sociale de l'Église se trouve dangereusement mise en cause au

profit d’une conception individualiste a l’excès. Bref, le système marque une déviation doctrinale que d’au tres études plus poussées pourront nuancer, mais qui n’est pas contestable. Nous avons dit au contraire que rien ne justifiait le grief de panthéisme énoncé parfois contre Syméon.

Parmi les traits les plus frappants de la doctrine de celui-ci, relevons seulement son christocentrisine. Non seulement le Christ est le rédempteur, le modèle à imiter surtout dans les humiliations de sa passion, le Roi des créatures libres. Il est Identifié fréquemment avec la grâce ou la charité. Il (-si l’objet et l’interlocuteur des visions lumineuses. L’assimilation, corps et âme, du chrétien avec le Christ est exprimée en des termes qu’on préférerait parfois moins explicites, mais qui marquent du moins l’intensité de la conviction. Les Hymnes sont remplis d’accents de tendresse au Sauveur. Si certains de ceux-ci se rencontrent déjà chez tel représentant de la mystique.sinaïte, ils paraissent ici enrichis et étoffés. Nous sommes encore loin de saint Bernard cependant, qui s’attarde à savourer les richesses de l’humanité du Christ. Syméon, en conformité avec la tradition orientale, s’attache avant tout au Dieu.

Syméon est universellement considéré comme l’un des plus grands mystiques byzantins. L'éloge n’est pas surfait, toutes réserves faites sur la qualité théologique variable de son œuvre.

Influence.

Celle-ci est attestée déjà par les

écrits de Nicétas Stéthatos, son plus brillant disciple. Le nombre des manuscrits qui nous sont parvenus de Syméon atteignait déjà la cinquantaine, d’après les calculs de K. Holl, et le chiffre est sûrement inférieur à la réalité. C’est un bon indice du succès obtenu. Aujourd’hui encore, ses écrits sont une des lectures spirituelles favorites des moines orthodoxes, en particulier de ceux de l’Athos. Mais la plupart des copies de son œuvre sont du xive siècle et montrent combien le renouveau hésychaste a été favorable à sa diffusion. Grégoire le Sinaïte l’introduit dans son index d’auteurs mystiques recommandés à ses lecteurs, De quietudine…, P. G., t. cl, col. 1324 D. Palamas le tient en haute estime.

Sans doute la fameuse MsOoSoç Trjç lepôc ; Tcpoa£u-/7)ç est bien pour quelque chose dans cette faveur, mais elle n’explique pas tout. On constate entre l’hésychasme et la pensée de Syméon des affinités qui supposent, en effet, davantage. Il est bien vrai que « la théologie des hésychastes est dans ses grands traits une récapitulation de la pensée de Syméon ». K. Iloll, op. cit., p. 215. Que l’on compare, par exemple, la place occupée ici et là par la vision de la Lumière divine. Cependant les palamites emportés par les circonstances édifièrent sur ce fonds commun une théologie que Syméon ne semble guère s'être exprimée ni même avoir prévue. Ils donnèrent aussi à la méthode physique de prière mentale une importance qui ne cadre point du tout avec les exigences de purification morale qui caractérisent le système du Nouveau théologien. L’influence de ce dernier devait être particulièrement et plus heureusement sensible, a la même époque, sur le De vita in Christo de N. Cabasilas, une transcription partielle, a l’usage d’un cercle plus vaste, de ses idées maîtresses.

I. Vie.

Vie de Syméon le Nouveau théologien (9491022) par Nicétas Stéthatos, édit. avec introduction ei traduction par 1. Hausherr, Orientalia ckristiana, t.xii, 1928 ; cf. V. Laurent, l H nouveau monument hagiographique…, dans Échos d’Orient, t. xxvii, 1928, p. 131 sq. ; Fr. HaUcin, Analecta hall., t. i.m, p. 201 ; A. Ehrhard, Byt. Zeitschr., t. xxxiii, 1933, p. 380, h ; mssi !.. Petit, La Die et l'œuvre de Syméon le Nouveau théologien, dans fichus d’Orient, t. xxvii, 1928, p. 163 sq. ; du même, Bibliographie des acolouthtes grecques, Bruxelles, 1926, p. 270.

II. (la io s. - L'édition la plus complète est celle de 1 >. Zagoraios f 1 où ', <iir, ^ xccl Beoyépot/ -x-^'j ; f, (iû / ro -