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SYMÉON STYLITE — SYMÉON DE T HESS ALONIQUE 2976

genre de vie et l’admiration qu’il lui valut, certains détails comme les changements de colonne, telles données topographiques, ses rapports avec certains personnages importants, on ne saurait user d’une circonspection trop avertie. Le monastère et la colonne de Syméon ont longtemps maintenu son prestigieux souvenir. Il figure aux Menées, le 24 mai, au martyrologe romain, le 3 septembre.

II. Œuvres. — - Il nous est parvenu sous le nom de Syméon du Mont Admirable trente sermons, des lettres, des tropaires.

1° La collection des sermons est contenue au complet dans divers manuscrits tels que les Athonites Caracall. 1588 ; Esphigménou 2118 (voir description dans S. Lambros, Calai, o] the greek manuscr. on Mount Alhos, Cambridge, 1895), etc. Les inscriptions indiquent parfois, dans le premier ms. indiqué, par exemple, jusqu'à l'âge auquel ils furent prononcés : de dix à vingt -quatre ans] Cela cadre bien avec la Vie, sinon avec la vraisemblance. G. Cozza-Luzi en a publié vingt-sept, d’après les Val. gr. 2021 et 2089 surtout. Les numéros 1-3 manquent. A. Maï, Nov. Pair, bibliolh., Rome, 1871, t. viii, part. 3, p. 4-156. Certains titres, celui du sermon vi, par exemple, sont inexacts et le texte est passablement corrompu. Ce sont des allocutions de teneur ascétique assez élémentaire, destinées surtout à un auditoire de moines. La pensée dominante répond bien à la formule du n. xiv : Recordare novissima. L’auditeur est constamment invité au détachement évangélique, au souvenir de la mort, à la pénitence et à la prière, particulièrement à la psalmodie, en vue du jugement. Le fonds dogmatique est fort mince ; point de trace d’un courant mystique quelconque. Bref, une ascèse simple et pratique. La culture du prédicateur est assez fruste : il connaît le Psautier et le Nouveau Testament. Quelques vagues allusions aux légendes de la mythologie sont aussi à relever. Il aime les comparaisons, mais ne parvient pas toujours à faire entendre ce qu’il veut dire.

Ces pièces n’ont pas encore été soumises à un examen sérieux et on n’en peut admettre l’authenticité sans restriction. On peut néanmoins invoquer pour l’affirmative deux témoignages : saint Jean Damascène a cité sous le nom de notre Syméon, dans son florilège iconologique (De imai/m., orat. iii, P. G., t. xciv, col. 1409), un passage du sermon viii, dans Mai (loc. cit., p. 3536) ; saint Nil de Grottaf errata († 1005) attribuait, de son côté, le contenu du n. xxii à Syméon ; se reporter à la dissertation de A. Rocchi dans l'édition de A. Maï, p. xvii sq. Ce sont les seules présomptions pour l’affirmative. Elles ne sont pas pour autant décisives. Il serait donc prématuré de trancher si les sermons sont sortis de la plume du stylite, s’ils ne sont qu’un recueil de ses pieux propos arrangés par des auditeurs ou simplement le fruit d’une supercherie. Cf. H. Delehaye, Les saints slyliles, Bruxelles, 1923, p. lxxv.

2° Il a dû exister jadis un recueil des lettres de Syméon : nous trouvons en effet, parmi les actes du IIe concile de Nicée, le texte de la « cinquième lettre à l’empereur Justin ». Mansi, Concil., t. xiii, col. 159162 ; P. G., t. lxxxvi b, col. 3216-3220. La Vie de sainte Marthe produit une réponse de Syméon à Thomas, stavrophylax de Jérusalem, ce n’est sans doute là qu’un artifice littéraire. Évagre prétend aussi avoir reçu une lettre du stylite mais le texte n’en a pas été conservé. Enfin la longue réponse d’Isaac le Syrien à Syméon, dans Nova Pair, bibliolh., Rome, 1871, t. viii, part. 3, p. 157 sq., supposerait une missive de ce dernier qui aurait aussi disparu. Il n’est pas facile d’accorder la chronologie des Isaac que nous connaissons avec celle de notre stylite. Le mieux est de suspendre son jugement.

3° Syméon a quelque titre à être rangé parmi les

plus anciens hymnographes byzantins. Il composa en effet les paroles et le chant de trois tropaires à l’occasion de tremblements de terre sans doute en novembre-décembre 557 ; cf. P. Pétridès, Syméon le nouveau Stylite mélode, dans Échos d’Orient, t. v, 1901-1902, p. 270-274. On trouvera les trois morceaux dans la Vie la plus ancienne de Syméon, dans les extraits publiés par A. Papadopoulos-Kérameus, Xu(i.£o>v ô Qu>j.u.GTopzi’rr l < ; < ! >< ; ô^voypâcpoç, Viz. Vremennik, t. i, 1894, p. 145-148. Le troisième d’entre eux se retrouve dans la paraphrase de N. Ouranos (cf. bibliogr.). Le premier seul a été admis après remaniements dans les Menées pour la mémoire du tremblement de terre du 26 octobre 740, à la suite de deux autres pièces de provenance différente. Les autres compositions parfois mises sous son étiquette, cf. Pitra, Analecla sacra, Paris, 1876, t. i, p. 622, en note, reviennent sûrement à des homonymes entre lesquels on n’a que l’embarras de choisir.

I. Sources biographiques.

Évagre, Hist. eccl., t. V, c. xxi, t. VI, c. xxiii, P. G., t. lxxxvi a, col. 2836-2880 ; Diblioth. hagiographica grteca, Bruxelles, 1909, ri. 16891691. Il existe trois Vies de Syméon : 1. la plus ancienne, attribuée par saint Jean Damascène, De imagin. orat., iii, P. G., t. xciv, col. 1393, à Arcadius évêque dt Chypre (t entre 626 et 642). A. Papadopoulos Kérameus en a publié quelques chapitres dans le Viz. Vremennik, t. i, 1891, p. 145-148 et 602-612 ; H. Delehaye, un choix d’extraits formant un bon résumé, dans Les saints stylites, Bruxelles, 1923, p. 238-271. 2. Une paraphrase de la précédente, à peu près aussi longue qu’elle, due probablement à Nie. Ouranos, magistros d’Antioche sous Basile II (976-1025), éditée dans Acta sanctorum maii, t. v, 3e éd., col. 310-397, et dans P. G., t. lxxxvi, col. 2987-3216. 3. Un abrégé médiocre de la première, du moine Jean du couvent de Pétra (xe siècle, au plus tard) édit. A. Th. Semenov, Zitie prepodn. Simeona Divnog., Kiev, 1898, cf. K. Krumbacher, Byz. Zeitschr., t. viii, 1899, p. 232-234 et E. Kurtz, Viz. Vremennik, t. v i, 1899, p. 537-542. On pourra consul ter aussi la Vie de sainte Marthe, Acta sanctorum, maii t. v, 3e édit., p. 399-125.

II. Études subsidiaires.

E. Millier, Studien zu den Biographien des Styliten Syméon des Jùngeren (Progr.), Aschafïenbourg, 1914 ; H. Delehaye, op. cit., p. lix-lxxv ; J. Huby, Un rapprochement littéraire entre la Vie de saint Syméon Stylite le Jeune et les Actes des Apôtres, dans Recherches de se. rel., t. xiii, 1923, p. 554-556 ; P. Peeters, Saint Thomas d'Émèse et la Vie de sainte Marthe, dans Analecla bolland., t. xlv, 1927, p. 262-296 ; du même, L'Église géorgienne du Clibanion au Mont Admirable, dans Analecla bolland., t. xlvi, 1928, p. 241-286 ; cf. aussi H. Lammens, Promenades dans l’Amanus, Bruxelles, 1905, p. 51 sq. ; P. Bazantay, La chaîne de l’Amanus, Beyrouth, 1933.

III. Sur l'œuvre. — Outre le texte : Nov. Patr. bibliolh., Rome, 1871, t. viii, part. 3, p. 4-156, et sa préface, p. xvii sq. ; L. Allatius, De Symconum scriptis, Paris, 1664, p. 21 ; A. Etirhard, dans K. Krumbacher, Geschichle der byz. Lit., Munich, 1897, p. 144-145 ; O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchl. Lit., t. v, Fribourg, 1932, p. 71-73 ; A. Papadopoulos-Kérameus, Svjfiswv 6 Ûav(j.a(TTop£iT/) ; < ! >ç vixvoypàçoi ;, dans Viz. Vrcm., t. i, 1894, p. 141-150, 602-612 ; à compléter par P. Pétridès, S. Syméon le nouveau Sti/lite mélode, dans Échos d’Orient, t. v, 1901-1902, p. 270-274 ; A. Émereau, Hymnographi byzantini, dans Échos d’Orient, t. xs.iv, 1925, p. 175 ; K. Holl, Der Anteil der Styliten am Aufkommen der Bilderverehrung, dans Philotesio P. Kleinert, Berlin, 1907, p. 56 sq.

J. Gouillard.

    1. SYMÉON DE THESSALON IQUE##


8. SYMÉON DE THESSALON IQUE, archevêque de cette ville, théologien et liturgiste byzantin de la première moitié du xve siècle. — I. Vie et œuvres. II. Doctrine.

I. Vie et œuvres de Syméon. — Nous parlons en même temps de la vie et des couvres de Syméon, parce que tout ce que nous savons de sa vie tient en quelques lignes. Le plus clair sur ce chapitre se réduit à ceci : successeur du métropolite Gabriel sur le siège de Thessalonique, à une date que les uns placent en 1410, les autres en 1418, et qui est sûrement antérieure à 1425