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SYMÉON DE THESSALONIQUE


alors qu’il était lui-même simple prêtre : è'-u xxl toû àp/tspéwç eiç tÔv toû Trpscrê'jTÉpou teaoûvtoç totô Pa6jxôv : ce que le traducteur latin de la P. G. a rendu par un gros contresens : ad monachorum quemdam sacro diaconi munere ornalum necnon ab episcopo deinde erectum ad gradum presbyteri. Ce que dit Syméon du sacerdoce, de sa sublimité, de ses fonctions, des vertus qu’il exige est de tout point excellent.

3° Réponses aux questions de Gabriel métropolite de la Pentapole, col. 829-952. — Le nom du destinataire de ces réponses ne paraît pas dans tous les manuscrits. Celui qu’a utilisé Dosithée porte simplement : 'Attoxpîasiç rcpôç tivocç èpojTYjcretç àp/iepscx ; fjptOTiqxiTOÇ aÙTÔv. Ces réponses quodlibétiques, au nombre de 83, sont fort intéressantes tant du point de vue dogmatique que du point de vue liturgique et disciplinaire. La série ne présente aucun ordre logique.

Poésies et prières.

Dans sa notice sur Syméon

insérée au Synodicon de l'Église de Thessalonique, Jean Eugénicos lui attribue des poésies en l’honneur des saints : Kcà cpSoùç [spaïç toùç xtov àyîcov yopoùç xai oïxoGsv xaaaaxé'|/avToç, P. G., t. clv, col. 12. Ces poésies n’ont pas été publiées par Dosithée. mais quelques-unes d’entre elles sont signalées dans les manuscrits. Cf. Sp. Lampros, Catalogue des manuscrits de l’Athos, 1. 1, p. 69 ; Papadopoulos-Kérameus, 'IspoouXu[xiTixi] [316Xio6y)xt), t. iv, p. 150 ; A. Émereau, Hymnographi byzantini, dans les Échos d’Orient, t. xxiv, 1925, p. 176. Il s’agit de canons triodes et prohéortiques en l’honneur du grand patron de Thessalonique, saint Démétrius. Le ms. Vindobon. 270 contient six prières de Syméon qui attendent un éditeur. La première a pour but de demander la délivrance des attaques des infidèles ; les trois suivantes s’adressent à la Vierge ; la cinquième contre les calamités publiques : tremblements de terre, sécheresse, famine, etc. ; la sixième, adressée au Saint-Esprit, devait être récitée à la fête de la Pentecôte. Un autre manuscrit, le Vindobon. 282, donne des extraits de sentences sur la vie ascétique et monastique. Il y aurait lieu de rechercher si ces sentences sont authentiques ou, du moins, si elles ne sont pas des extraits des ouvrages déjà publiés. Cf. Lambecius, Biblioth. cœsareæ catal., t. iv, p. 466 sq., 470.

On trouve, en effet, dans les manuscrits, sous le nom de Syméon, d’autres titres d'écrits, qui ne paraissent pas dans notre liste. Il s’agit, la plupart du temps, sinon toujours, d’extraits des ouvrages signalés, spécialement du premier. Ainsi Jean Morin inséra dans son De sacramento pœnilentiæ, Paris, 1651, ce qu’a écrit notre auteur sur le sacrement de pénitence dans son grand ouvrage écrit sous forme de dialogue. Il fit de même pour ce qui regarde le sacrement de l’ordre dans son De sacris ordinationibus, Paris, 1655. On rencontre encore séparément le Dialogue contre les hérésies, l’Explication de la liturgie, même la Liste des innovations des latins, Ilepl cov xaivoToizoûai A.octïvoi, que Fabricius, édit. Harlès, Bibliotheca grseca, t. xi, p. 328, présente comme un ouvrage séparé.

Syméon écrit en une langue simple et claire sans aucune prétention littéraire, comme le demandaient du reste les sujets qu’il a traités. Ses écrits témoignent de connaissances variées et de vastes lectures. Ses sources sont avant tout byzantines et, s’il y a traces d’influences latines, elles lui sont venues par des intermédiaires byzantins. On peut le considérer comme le docteur par excellence du symbolisme liturgique. Il excelle à trouver des raisons mystiques à tous les objets et instruments du culte, aux moindres prières, aux moindres cérémonies. Sa fécondité sons ce rapport rappelle celle de saint Thomas d’Aquin dans le domaine des raisons de convenance des vérités révélées.

IL Doctrine. — Il y aurait beaucoup à dire sur les

opinions particulières de Syméon de Thessalonique dans le domaine théologique. Quelques-unes sont en contradiction directe avec l’enseignement commun des théologiens gréco-russes de nos jours, spécialement sur les questions qui font l’objet de controverses entre l'Église catholique et l'Église byzantine dissidente. Nous ne donnerons ici que quelques brèves indications.

Il faut d’abord signaler la doctrine très explicite de notre théologien sur la primauté de saint Pierre et celle de son successeur l'évêque de Rome, primauté non de simple préséance et d’honneur, mais primauté véritable de juridiction et de droit divin. Le passage capital sur ce sujet a été donné à l’article Primauté du pape dans l'Église byzantine et gréco-russe, t. xiii, col. 373. Sur la primauté de saint Pierre en particulier voir Dialogue contre les hérésies, c. xix, col. 100. Mais, d’après Syméon, cette primauté n’est légitime et effective que tant que l'Église romaine et son chef restent attachés à l’orthodoxie. Si le pape s'écarte de celle-ci, il perd touc droit à la soumission de l'Église. C’est dire que, si notre théologien admet la primauté romaine proprement dite, il ne reconnaît pas à l'évêque de Rome le privilège de l’infaillibilité personnelle : « Que l'évêque de Rome, dit-il, professe seulement la foi de Sylvestre, d’Agathon, de Léon, de Libère, de Martin et de Grégoire, et nous le proclamerons vraiment apostolique, et nous lui obéirons non seulement comme à Pierre mais comme au Sauveur lui-même. » Contra hæreses, c. xxiii, col. 120 CD.

Syméon est un adversaire du césaropapisme. Si l’empereur convoque le concile œcuménique, ce n’est point qu’il ait quelque juridiction sur l'Église et les affaires ecclésiastiques ; c’est un privilège que l'Église lui a concédé. Par l’onction impériale il a été constitué son défenseur et son serviteur. Aussi notre auteur s’indigne-t-il de ce que, contre l’ancienne coutume, celui qui est ordonné évêque aille s’incliner devant l’empereur et lui baiser la main. Il trouve encore plus insupportable que l’empereur se mêle de nommer les évêques et de les transférer d’un siège à un autre et il demande qu’on rende à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Parlant de l'élection du patriarche de Constantinople, il déclare que, si le basileus y a quelque part, ce n’est pas en vertu de son autorité séculière, mais en tant qu’il est le délégué et le serviteur de l'Église. De sacris ordinationibus, c. ccxviii-ccxxix, col. 429-444. Il était plutôt rare d’entendre, à Byzance, de pareilles explications.

Syméon est de ceux qui, outre les sept premiers conciles œcuméniques, en admettent un huitième, à savoir le concile photien de Sainte-Sophie, tenu en 879-880. Contra hæreses, c. xix, col. 97 D.

Il est fermement attaché à la doctrine palamite sur l’essence de Dieu et son opération, mais il déligure la pensée des adversaires de cette doctrine, Barlaam, Acindyne, Nicéphore Grégoras, etc., lorsqu’il leur prête le pur nominalisme, comme s’ils refusaient à la nature divine toute opération et niaient l’existence de la grâce, [i.7)Ss[iîxv Sûva^iv repooetvai AsyovTeç tgS 0ew. Col. 153 C. Son exposé du palamisme est, du reste, gros d'équivoques. Du point de vue historique, il est intéressant par les renseignements qu’il donne sur les personnages ayant pris part à la controverse du xive siècle sur cette question. Contra hæreses, c. xxxxxxii, col. 144-176.

Il va sans dire que, sur la procession du Saint-Esprit, il défend l’hérésie photienne de la procession a Paire solo, mais il l’explique en fonction de la doctrine palamite, op. cit., c. xxxii, col. 157-176, et : Expositio succincta sacri symboli, col. 784-794. Au demeurant, il se tait sur la formule des Pères grecs : 'Ex IIxxpoç Six toû rtoû èx7T0peÙ£Tai, et se débarrasse des témoignages contraires de la tradition à la manière de Photius,