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    1. SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST##


SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. SYSTÉMATISATION THKOLOGÏQUE L650

col, 188 A.. D’autres pensent qu’il s’agit de la génération du Nouveau Testament, c’est-à-dire des fidèles qui doivent se perpétuer jusqu’au dernier avènement du Christ, interprétation d’Origène (qui, d’ailleurs fait d’autres hypothèses), Comment, stries in Matth., u. 5 t. P. G., t. mu, col. 1684 C-1686 A : de saint Jean Chrysostome, In Matth., hom, lxxvii (lxxviii), n. 1, P. (', ., t. i.mi. col. 702 ; d’Euthymius, In Matth., c. xvii, P. < ;.. t. ci. col. 621 lie.

A cette explication peuvent s’appliquer les paroles « le saint Augustin déclarant qu’il y a beaucoup de choses dans l'Évangile qui semblent dites aux seuls apôtres, et qui l'étaient en réalité a toute l'Église, de génération en génération jusqu'à la fin des siècles. Epist., cxcix, Ad Hesyeh., a. 49, P. L., t. xxiii, C0L925, ou de saint Léon montrant l’auditoire de JésusChrist formé de l’universalité des fidèles de tous temps, écoutant et entendant leur Sauveur en ceux qui aux jours de sa vie mortelle, faisaient partie de son entourage. Serm., ix, De quadrag., c. i, P. L., t. uv, col. 295. L. Billot, La parousie, p. 79-80.

III. Systématisation thbologique.

1° La Préscolastique. — 1. Aperçu gencral. — Le P. Lebreton

conclut ainsi son enquête chez les Pères : A partir de l'époque où nous sommes parvenus (vme siècle), on ne trouve plus guère trace de l’opinion qui admet dans le Christ une ignorance véritable. En Orient, nous avons relevé un vestige chez Euthymius Zigabène ; dans l'Église latine on trouve dans le haut Moyen Age quelques théologiens qui admettent en Jésus l’ignorance du jugement, mais l’attribuent à son humanité. Heterii et S. Beati ad Elipandum epist., i, n. 112, 116, P. L.. t. xevi, col. 964, 967. Cf. Abélard, Sic et non. 70. P. L., t. clxxviii, col. 1451 ; S. Bernard, De gradibus humilitatis, c. ni, n. 11-12, t. clxxxii, col. 947-948 ; voir aussi Rétractât., ibid., col. 939. On en rencontre un plus grand nombre qui, reprenant l’argumentation de saint Ambroise, prouvent par les progrès réels de la science humaine du Christ la réalité de son incarnation. Mais, à considérer d’ensemble la littérature théologique du haut Moyen Age. on constate que le sentiment de saint Jérôme, de saint Augustin et de saint Grégoire domine partout. » Op. cit., p. 587. Citons : Bède le Vénérable, In Marc, iv, 13, P. L., t. xcii, col. 265 ; Alcuin, De fide Trinitatis, t. II, e. xii, P. L., t. ci, col. 13 : Xescire dicitur Filius, quia nescientes facit ; Raban Maur, In Matth., xxiv, ꝟ. 30, P. L., t. cvii, col. 1077 ; Walafrid Strabon, dans la glose ordinaire, In Matth., P. L., t. cxiv, col. 162 ; In Marc, col. 228 ; In Luc, col. 252 ; Pascase Radbert, In Matth., xxiv, ꝟ. 36, P. L., t. < : xx, col. 826 « 27 ; saint Anselme, Car Dcus homo, t. II, c. xiii, P. L., t. clviii, col. 413.

2. L’hypothèse d’une science incréée.

Dans le haut Moyen Age, certains auteurs ont proposé de l’union hypostatique une théorie fort discutable et rapportée par Pierre Lombard, Sent., t. III, dist. VI, en ces termes : « Les uns disent que, dans l’incarnation même du Fils de Dieu, un homme déterminé, constitué par une âme et d’un corps, a commencé à être Dieu, non point par la nature divine, mais par la personne du Verbe, et Dieu a commencé d'être cet homme. Cet homme a été pris par le Verbe qui se l’est uni… Dieu est devenu homme et l 'homme est devenu Dieu. Voir Hypostatique (Union) t. vii, col. 512. Les tenants de cette opinion sont Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, 1. II. l re part., c. ix, xii, P. L., t. clxxvi, col. 394 BC ; 401 D ; 403 A ; 1Il A et C ; 412 C ; De sapientia animée Christi, ibid., co], 851 C ; 855 BC ; Richard de Saint-Victor, I’ragm., P. L., t. clxxvi, col. 199, 1054 CD ; 1055 BD ; Jean de Cornouailles, EulogUan ad Alexandnan III, P. L., t. ac, col. 1043-1086 et dans l’ouvrage qui paraît devoir lui être attribué,

DICT. DE Tlll'.nl.. CA1 II’H..

Apologiapro Verbo inearnato, P. L., t. clxxvii, col. 295316 ; Geroch de Reichersberg, Epist., xvii xxiii, /'. L., t. cxcin.col. 564 603 ; du même, Epist. ad Eberhartlurn Bomber g. episc, t. cxciv, col. 1065 sq., el Libei de gloria et honore filiihominis, t. cxci, en, col. 1083 : et encore, Comment, psalmorum, viii, 2 ; xiii, 1 ; cxxxin, i. exem, col. 743-815, t. cxciv, col. 896, Ces auteurs qui, en général, luttent contre ceux qu’on a assez improprement qualifiés d’adoptianistes, soutiennent que le Verbe a communiqué ses propriétés divines à l’homme par lui assumé. Voir Geroch, Epist., xvii, xix, xxi, col. 566 A, 573 D, 581 CD : De gloria et honore filii hominis, c. xvii, n. 4-5, col. 11351136 ; Hugues de Saint-Victor, De sacram., t. II, l" part., c. vi, col. 383-3&i ; De sapientia animseChristi, col. 847-855 ; l’auteur de la Summa Sententiarum, tract. I. c. xvi, P. L., t. clxxvi, col. 74. Par conséquent, en raison de son union avec le Verbe, l'âme humaine possédait la science incréée de Dieu luimême. On trouve encore un écho de cette théorie au xiv siècle chez Jean de Ripa.au dire de Capréolus, Di III" m Sent., dist. XIV, q. i, a. 2, § 1.

Ces auteurs prétendent s’appuyer sur saint Fulgence voir ci-dessus, col. 1635. Hugues de SaintVictor apportait en confirmation de sa thèse un principe que les uns attribuaient à saint Augustin, les autres à saint Ambroise : anima Christi omnia habet per gratiam quæ Deus habet per naturam. De sapientia Christi, col. 855 A. D’où il suit que « toute la sagesse de Dieu était dans l'âme du Christ et que c’est de toute la sagesse de Dieu que sage était l'âme du Christ ». Col. 853 A, et comme conclusion : « Une autre science que la science divine n’a pu être dans le Christ », Summa Sent., loc. cit., col. 74 B ; cf. Geroch, Epist., xxi, P. L., t. cxliii, col. 581 CD.

Cette conception fut vivement combattue par l'école d’Abélard ; cf. Abélard (École d') t. i, col. 53, et Adoptianisme, col. 415-416 ; Gietl, Die Sentenzen Rolands, p. 166-171 ; par d’autres théologiens également, par exemple Gauthier de Morlague, Epist. ad Hugonem, P. L., t. c.lxxxvi, col. 1052-1054 (le De Sapientia est une réponse à cette lettre), et Pierre Lombard, III Sent., dist. XIV. Ses adversaires la considéraient, à bon droit d’ailleurs, comme un monophysisme déguisé et comme une véritable contradiction in terminis : l’acte de connaissance, étant un acte vital, ne peut être attribué qu'à une puissance qui lui est proportionnée. Voir la discussion dans Suarez, disp. XXIV, secl. ii, n. 11-12 ; cf. Gonet, Clypeus. De incarnationc, disp. XV.

Au fond, l’erreur essentielle de la théorie réside en une mauvaise intelligence de la communication des idiomes. Quand le Christ dit : Omnia qiue habet Pater mcasunt, cela doit être entendu de la personne même du Verbe incarné, à qui appartiennent l’une et l’autre nature, de telle sorte que la communication des idiomes permet d’attribuer au Christ homme ce qui appartient au Verbe ou au Père. Cf. S. Thomas, IIP, q. X, a. 1, ad l um. Mais la communication des propriétés se fait dans le Christ selon le sujet ( mater iali ter) et non selon les natures (formaliter). Voir ici Idiomes (Communication des), t. vii, col. 601.

3. I.a solution classique : les trois sciences. — La solution classique est intervenue chez les grands théologiens du xiir siècle. Tandis que les Pères n’avaient étudié la science du Christ que pour ainsi dire globalement et Confusément, les SCOlastiques distinguent dans

le Chri’t, en considéranl leur origine, trois sortes de sciences. I. 'union immédiate de l’humanité dans l'êl re

personne] du Verbe exige la plénitude de grâce qui, pour être réelle, suppose la vision bienheureuse. M semble également que l’union hypostatique app lie comme complément une science Infuse qui permette

T.

XIV.