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SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. SYSTÉMATISATION THÉOLOGIQUE

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à l’intelligence du Christ, comme aux saints qui jouissent dans le ciel de la vision bienheureuse, de connaître indépendamment de la vision béatiflque et d’une manière connaturelle les objets de connaissance qui lui sont proportionnés. Enfin le Christ étant homme comme nous. le Christ comme nous a dû acquérii des connaissances : non pas qu’il ait appris par la qinique chose qu’il ignorait auparavant ; niais, ce qu’il saait déjà par une autre science, il en a eu une connaissance nouvelle par la science acquisi

s’il es1 de foi, comme on l’a rappelé col. 1628, que Jésus a eu une science humaine et même a exercé cette science, la distinction en science de vision, scienci infuse, science acquise n’est qu’une précision ou une déduction du dogme et ne relève que subsidiaire nient de la foi : la science de vision à titre de certitude théologique, proche de la toi (non potest sine temerilate negari, dit de Lu^o. negare effet errai et hsereticæ impietati proximum, déclare Petau, De inearnalione, 1. XI. c. iv, n. 2 et 8 ; existimo contrariant sententium erroneam et proximam hæresi, affirme Suarez, disp.. sect. i), la science acquise, à titre de vérité communément admise qu’on ne saurait nier sans témérité ; la science infuse à titre d’opinion plus probable <-t d’ailleurs exposée diversement. Sur cet asped général de la question, voir S. Thomas, Sum. theoi, 1 1 l a, q. îx, a. 1-4 : et, parmi les auteurs récents. Janssens Sum. theol., De Verbo incarnato, q. ix, p. 100-431.

2° Lu science (le vision béatifique {.Sum. theol., III a, '.[. x, a.1-4).- — 1. Le /dit de lu si ience de vision dans l'âme du Christ (q. ix, a. 1 ; cf. in III am Sent., dist. XIV, a. 1, qu. 1 ; De veritate, q. xx, a. 1 Comp.th >, ol., c. ccxvi). — L’existence de cette science se déduit : des affirmations scripturaires rappelant la plénitude de grâce et de vérité qui est dans le Christ, Joa., i, 1 t, 16-18, voir cidessus. col. ! 028 sq. Si le Verbe incarné ne voyait pas le Pèle, il ne saurait être distingue des simples prophètes. D’ailleurs la vision faciale de Dieu est fréquemment présentée par le IVe évangile comme la source de toute la révélation chrétienne : iii, 11-11 ; 31-34 ; v, 37 17 : vi, 16 ; viii, ~26-29 ; 37-38 ; 54-58 ; xvii, 3 sq., etc. ; cf. Matth., xi, 27 ; Luc, x, 22 ; Matth., xxviii, 18. « De ces textes il ressort que Jésus-Christ est témoin de ce qu’il dit de Dieu et qu’il a vu tout ce qu’il affirme de ses rapports avec le Père. C’est comme homme qu’il rend témoignage et qu’il nous donne tics nouvelles de l'éternité : c’est donc aussi comme homme qu’il a vu l’Infini. Cette vision ne saurait s’entendre d’une science acquise ou d’une science infuse, car ni l’une ni l’autre ne fait voir Dieu l’ace à lace. Remarquons, en outre, que Notre-Seigncur ne dit pas seulement qu’il Voit Dieu, mais encore qu’il voit le l'ère, et ce qui est auprès du Père. Dr, s’il voit sa relation avec le l'ère, il a l’intuition de la Trinité, la science bienheureuse.

I ;. I lugon, Le mystère de l’incarnation, p. 269-270.

Aux arguments scripturaires s’ajoutent les arguments d( convenance : L’homme est en puissance à la science dis bienheureux et se trouve ordonne à elle comme a-a An… D’autre pari les hommes sont conduits a celle fin île la béatitude pal l’hn lilnui 1 1 du Christ m Ion 1 I. lu.. n. 10… I.a connaissance hienheu reusi ou vision de Dieu convenait donc souveraine nient au Christ homme, puisque la cause est toujours plus pai laite que son effet. « s. Thomas, q. i. a. 2 :

Cf, ad :  ; '"". Un autre aiguillent peut èti" pris de la

conscience que le Christ a eu de sa divinité même. Cf. Joa., s m. i i

Criie doctrine a sou fondement patris tique dans la doctrine licitement énoncée par saint Augustin

(col. 1635, 1645) et peut être dans les asser.ions de

saint Fulgence. Elle est clairement exprimée par saint Bernard sermon sur le If issus est, P. I.. i. clxxxiii,

col. 66 sq. Voir aussi Pierre Lombard, Ssnt., t. III, dist. XIV, P. L., t. cxcii.col. 783 781 : Albert le Grand, InIII" a Sent., dist. XI Y ; Alexandre de Eialès, Swnma,

111°, q. xiii, a. 7.

Bon exposé des preuves scripturaires et traditionnelles chez Chr. Pesch, <>/>. cit., n. 241-253. La démonstration théologique est particulièrement développée par Stentrup, Christologia, t. ii, thèse i.xix, p. 10161058.

2. Les modalités de lu science de vision. - ul L'âme du Christ n’a pas eu la compréliension du Y-jrbe au de la divine essence (q. x, a. 1 ; cf. In 1 1 l am Sent., dist. XIV, a. 2, qu. 1 ; De veritate, q. xx. a. t-â ; Camp, theol.. c.ccxvi ; In /"", ((/ Timoth., c. vi, leet. IS). -- « Comprendre, c’est connaître une chose dans toute la mesure où elle est connaissante, en sorte qu’il soit impossible de la connaître davantage, i III 1. art. cit. En ce sens le Christ, comme homme, n’a pu comprendre l’essence divine, car pour comprendre l’infini, il fau' être infini soi-même. Comme tous les bienheureux, il a connu l’essence divine totam, mais non totaliter. Voir Intuitive (Vision), t. vii, col. 2382-2385. On trouvera, col. 2385, la discussion d’une opinion 'particulière à Cajétan et a d’autres auteurs, notamment Scot, Durand de Saint-Pourçain et Molina, sur la possibilité d’une vision plus parfaite pour le Christ si. au lieu de prendre la nature humaine, il avait pris la nature angélique. Le concile de Bâle a condamné la proposition suivante d’Augustin Favaroni de Home, évêque de Nazareth, extraite de son livre De sacramento imitât is Jcsu Christi et Ecd’siie : Anima Christi videt Deum tam clore et intense sicut Deus videt seipsum. Mansi. Concil., t. xxix, col. 108 sq.

b) Que connaît le Christ pur la science de vision ? (Q. X, a. 2 : cf. In III" 1 " Sent., dist. X IV, a. 2, qu. 2 ; Dr. veritate, q. viii, a. 1 ; q. xx. a. t. 5 ; C.ompend. theol., c. ccxvi). — L’objet principal de cet te science est l’essence divine. Dieu étant cause de tout ce qui est ou peut être, qui le verrait parfaitement, connaîtrait en lui non seulement les êtres réels passés, présents et futurs, mais même les simples possibles. Or, une telle science serait « compréheiisive : elle ne convient à aucune créature, pas même à l'âme du Christ. La limite de la science bienheureuse du Christ est tracée par l’objet même de l’incarnation : tout ce qui est réel dans le monde créé i a rapport d’une certaine manière au Chris ! et à sa dignité : il est la juge universel constitué par Dieu. Aussi son âme connaît-elle en Dieu (dans le Verbe, par appropriation) toutes les réalités, à quelques moments qu’elles existent, même les simples pensées des hommes, - donc tout ce qui est l’objet de la science de vision de Dieu. Voir col. 1602. —Quant aux simples possibles il faut distinguer ce qui est possible a Dieu et ce qui est possible aux créatures. » S’il s’agit de tout ce qui est dans la seule puissance divine, le Christ ne connaît pas toutes choses dans le Verbe ; … s’il s’agit de tout ce qui est … dans la puissance de la créature, l'âme du Christ connaît toutes choses dans le Verbe (a. 2). Cf. Alexandre de Halès, In ///" » Sent., dist. XIV, q. xiii. memb. vu.

c) L’objet de lit science bienheureuse du Christ est, SOUS un rapport, infini (q. x, a.. « : cf. in III"'" Sent., dist. XIV, a. 2, qu. 2, ad2um ; qu. 4, ad 2™ ; De veritate, q. xx, a. 4, ad I ""' et sq. : QuodL, m. q. II, a. 1). — L’objet réalise eu acte ne saurait être Infini, mais puisque le Christ connaît tout ce qui est en puissance dans les créatures, sa science bienheureuse al teint sous Ce rapport l’infini, non par une science de vision, mais par une science de simple intelligence. Il n’y a pas de répugnance à ce qu’une Intelligence Unie puisse

atteindre une multitude Infinie de possibles dans la vision bienheureuse, car cette multitude infinie est connue par mode d’unité et non de multitude en