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SYMPHORIEN DE MONS — SYNDÉRÈSE


    1. SYMPHORIEN DE MONS##


SYMPHORIEN DE MONS, frère mineur capucin belge. — Né à Cuesmes, près de Mons, le 5 février 1873, de la famille Waver, il fil ses humanités au collège des jésuites de Mons et revêtit l’habit capucin, le 19 avril 1890, au couvent d’Enghien, où. le 21 avril 1891, il émit les vœux simples et, le 21 avril 1894, les vœux solennels. Il fut ordonné prêtre le 30 mai 1890. Après avoir enseigné pendant deux ans à l'école séraphique de Bruges, il fut envoyé à l’Institut supérieur de philosophie de l’université de Louvain, où il fut promu docteur en philosophie, en 1901, avec une dissertation sur l’argument ontologique de saint Anselme, dont il défendait la valeur probative pour l’existence de Dieu, contre le célèbre D. Mercier, plus tard archevêque de Matines. Il enseigna ensuite la philosophie à Bruges et à Izegem et contribua beaucoup à la formation scientifique des capucins de Belgique. Il exerça le lectorat pendant une dizaine d’années et fut élu entretemps aux charges de custode général, en 1903, 1906, 1912 et 1919, de définiteur provincial en 1906 et 1919, de provincial en 1909, et de supérieur de l’hospice de Louvain en 1912. Pendant son provincialat (1909-1912) il visita la mission du Punjab dans les Indes anglaises et accepta officiellement la nouvelle mission de l’Oubanghi dans le Congo belge, le 26 janvier 1910. Le grand mérite du P. Symphorien est d’avoir attiré l’attention des capucins belges sur saint Bonaventure, dont il approfondit la doctrine pendant les années de la guerre et dont il poursuivit l'étude pendant son séjour à Borne comme définiteur général, depuis le chapitre général du mois de mai 1920 jusqu'à sa mort inopinée à Borne, le 1 er avril 1924.

Connaissant parfaitement la philosophie franciscaine, le P. Symphorien a laissé plusieurs études sur cette matière, mais surtout sur saint Bonaventure. Il a publié les travaux suivants : La distinction formelle de Scot et les universaux, dans Études franciscaines, t. xxi, 1909, p. 489-512 ; t. xxiii, 1910, p. 239251 ; L’itinéraire de l’esprit vers Dieu de saint Bonaventure, dans Annales de l’Institut supérieur de philosophie, t. v, 1924, p. 3-37, dans lequel il démontre que VItinerarium mentis in Deum de saint Bonaventure est une œuvre éminemment mystique plutôt que philosophique et que, si saint Bonaventure admet les raisons éternelles, il ne les entend point dans le sens ontologiste ; Florilegium spiritualilatis franciscanæ præsertim bonavenlurianæ, dans Analecla ord. fr. min. capuccinorum, 1921, 1922 et 1924, t. xxxvii, xxxviii et xl ; De l’influence et de la méthode d’influence de saint François de Sales, dans Éludes francise, t. xxxvi, 1924, p. 204-208 ; Théocentrisme, anthropocentrisme, dans la même revue, t. xxxvii, 1925, p. 561-577. Le P. Symphorien est aussi l’auteur de l’ouvrage suivant : L’influence spirituelle de saint Bonaventure et l’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis, qui parut d’abord dans Éludes franciscaines, t. xxxm-xxxv, 1921-1923 et séparément à Paris, 1923, in-8°, 242 p. ; dans cette étude il n’a pas voulu démontrer d’une manière certaine et péremptoire la parenté doctrinale entre saint Bonaventure et Thomas a Kempis, ni la dépendance directe, immédiate et unique de l’Imitation vis-à-vis du Docteur séraphique, mais seulement établir l’existence de rapports probables entre le mpître franciscain et Thomas et démontrer que saint Bonaventure constitue une source (pas la source) au moins indirecte et médiate de l' Imitation.

/{mm p_ Symphoriaiius a Montibus, prov. belgicæ defl.nitor yeneralis, dans Analecta ord. fr. min. capuccinorum, t. xi., 1924, p. 10(5-168 ;.Jean de Dieu, In nuinoriam, d ; uis (iliulrs fnuxcisc, t. xxxvii, 1925, p. 561 ; Hugues d’Eemegem, Sécrologe des fr. mineurs capucins de la prou, belge, du 1° mars 1882 au 1° mars 1932, Ekeren, l’J32, p. 33-34.

A. 'l’EETAERT.

    1. SYNDÉRESE##


SYNDÉRESE. — Terme employé en théologie morale pour désigner la conscience habituelle, plus particulièrement les premiers principes innés à la conscience morale. — I. Origine du mot. IL Doctrines scolastiques. III. La syndérèse surnaturelle.

I. Origine du mot.

L’expression semble due à une leçon fautive d’un texte de saint Jérôme. Dans le commentaire de la vision d'Ézéchiel, P. L., t. xxv, col. 22, l’auteur cite une théorie philosophique qui compare les quatre animaux de la vision avec la distinction platonicienne des parties de l'âme. L’homme, le lion et le taureau correspondraient aux parties raison nable, Xoyw6v, irascible, 6utjux6v, et concupiscible, ÈTrtOuiji'.y.ov. L’aigle correspondrait à une quatrième partie que les grecs désignent par le terme cuvr/jp^aiç que saint Jérôme traduit par scintilla conscientiæ. Cette étincelle de la conscience, explique l’auteur, est indestructible dans l’homme, elle n’a pas été éteinte dans le cœur d’Adam après son expulsion du paradis terrestre. Elle est en nous la source des jugements moraux. C’est avec raison que les grecs ont vu le symbole de cette partie de l'âme dans l’aigle ; elle plane en quelque sorte au-dessus des trois autres parties, les dirige et les corrige lorsque celles-ci se trompent. Saint Jérôme rapproche ensuite cette syndérèse de deux passages de saint Paul, I Thess., v, 23, et Rom., viii, 26. La réalité appelée syndérèse correspondrait également à ce que saint Paul entend par le terme « esprit », l’esprit « qui plie en nous en des gémissements ineffables », qui « connaît ce qui est dans l’homme » et que l’apôtre recommande aux chrétiens de sauvegarder. Dans la suite du texte, saint Jérôme prend visiblement le terme auvr^pYjaiç comme synonyme du terme (ji>vs187)ai.ç et le traduit simplement par conscientia. Le passage suggère ainsi de lui-même que le terme auvTY]p7)CTi.ç pourrait n'être qu’une déformation de auveiSrfîiç, . La preuve a été tentée par Fr. Nitzsch une première fois et reprise plus récemment par R. Leiber. Trois manuscrits du commentaire de saint Jérôme portent effectivement cpjveîS-rçctç à la place de c7UVTrjp7)tJii ;.

Le passage cité de saint Jérôme est incontestablement le point de départ de l’acception du terme chez les théologiens scolastiques. On trouverait encore l’expression syndérèse chez saint Grégoire de Nazianze, mais dans un sens étranger à celui de saint Jérôme, pour désigner l’union de l'âme et du corps. Le sens scolastique est expliqué par les uns en fonction du verbe ctuv-ttjpù, conserver, et désignerait ainsi la mémoire des vérités morales. D’autres le ramènent avec saint Albert le Grand à auv8t.aipr J ai.ç du verbe cuvSioapco ce qui donnerait à peu près le sens de résumé ou synthèse des principes moraux. Selon les deux étymologies on écrit synleresis et synderesis.

IL Doctrines scolastiques. — Comme on le voit, le sens du terme pose le problème du dernier fondement de la moralité dans l’homme. La doctrine de la syndérèse est chez les scolastiques nécessairement fonction de la conception qu’ils se font de la (inalité morale, c’est-à-dire de la dotation morale qui oriente la nature humaine vers sa fin dernière. De la nature de cette orientation dépend la réalité décrite sous le vocable de syndérèse. Saint Thomas, précisant la doctrine de saint Albert le Grand, attribue la syndérèse exclusivement à l’intelligence et l’identifie à Vhabitus des premiers principes moraux, fondement des jugements de la conscience morale. Saint Bonaventure qui suit sur ce point la tradition de son ordre, affirmée déjà chez Alexandre de Halès, distingue la syndérèse de la conscience et l’attribue à la volonté. Les deux doctrines traduisent deux conceptions différentes de la finalité morale. I.a première oriente la volonté humaine par les lois métaphysiques universelles vers sa