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SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. SYSTÉMATISATION THÉOLOGIQUE

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raison de l’unique espèce Intelligible qui la contient. Sur cette explication voir Billot, De Verbe incarnat**. thèse xix, § : >.

En conséquence, pour saint Thomas, cette science tant de vision que de simple Intelligence est, dans l'âme du Christ, toujours actuelle, en raison de l’immobilité de l’acte de vision béatifique ; voir Intuitive

- I isii « I. col. 2389. Cf. S. Thomas. De veritate, q. xx, a. 5. D’autres auteurs enseignent que cette science est simplement habituelle en ce sens que le Christ ne tonnait actuellement que les objets qu’il veut connaître et quanti il veut les connaître. Cf. S. Bonaventure, In III" Sent., thst. XIV. a. 2. q. iii, iv ; Scot, ibid., q. ii. n. 13 ; voir ici Duns Scot, t.iv. col. 1892 ; Henri de Gand, Quodl., v, q. xiv ; Tolet, In III"" part. Sum.

ma, q. x, a. 2, concl. 3*. Les aominalistes Occam, In 1 '-" N « 71L. thst. XIV, q. xii et Gabriel Biel, /n IIl am Sent., thst. XIV. q. un., a. 1. parlent de vision « aptitudinelle. Voir encore S. Thomas. III » q. x. a. 4 ; C*, mp. theol., C. txxvi.

d / La perfection de la science bienheureuse du Christ.

— Deux raisons montrent surtout cette perfection. Tout d’abord, lame du Christ unie personnellement au Verbe est plus proche de lui qu’aucune autre créature :.Ile reçoit donc plus parfaitement qu’aucune autre la communication de la lumière en laquelle Dieu est vu par le Verbe. Ensuite, « il faut juger du degré tle perfection (de cette science) d’après l’ordre île la grâce, où le Christ occupe la place la plus haute. S. Thomas, III », q. x. a. 4, et ad l um.

3. Durée et inamissibilité de la science bienheureuse [>cndant lu vie terrestre de Jésus-Christ. — a) Jésus a eu la science bienlieureuse dès le premier instant de sa conception (III », q. xxxiv, a. 4). — Dès le premier instant tle sa conception, le Christ a été à la fois voyageur et < compréhenseur », en raison même de l’union hypostatique. Il a donc eu, dès le premier instant, cette science bienheureuse qui est le partage tles compréhenseurs. Dis le premier instant, on peut donc lui appliquer, dans toute la plénitude de leur signification, les paroles de l'évangile : plénum gratiæ et veritatis. Cf. Gonet, loc. cit.. disp. XVI, n. 6-9.

b) Cette science bienheureuse ne lui a jamais fait déjaut au c*iiirs de sa vie terrestre. — C’est la conclusion de ce qui a été dit plus haut de la connaissance toujours actuelle ou au moins habituelle que Jésus a eue par cette science. Les objections qu’on peut élever contre cette conclusion proviennent soit de la nécessité où le Christ se trouvait de nous mériter le ciel, le mérite n'étant pas compatible avec la vision bienheureuse, soit de la tristesse où s’est trouvée l'âme du Christ au moment de la passion, cf. Mat th., xxvi, 38, soit des textes invoqués pour justifier la « Kénose » ou anéantissement et limitation tle la divinité dans le Christ.

Ces objections ont été résolues. Voir, pour la liberté nécessaire au mérite, nonobstant la science bienheurcu.se. -Jésus-Ciuust, t. vin. i-ol. 1299 sq. ; pour la coexistence des sentiments de tristesse et d’abandon avec la joie de la vision béatiflque, ibid., col. 1330-13 :  ; 2 ; pour le prétendu anéantissement de la divinité. Kl ibid., col. 2339 >q.

3° La science infuse. 1. Existence de cette science (III », q ix, a. 3 ; cf. q. xii, a. l : In ///"" Sent., dist. XIV, a. 1. qu. 5 : De veritate, q. xx. a. 2, > ; Comp. the.nl., e. ccxvi). - ai Science infuse -perse et science infuse per accidens. Lorsque les idées auraient pu être acquises par l’activité naturelle de l’esprit humain, mais que Dieu les imprime lui menudans l’intelligence, comme pour Adam, voir JusTICl 0RIGIN1 LL1. t. viii, col. 20'jx, et Adam, 1. 1, col. 371, c’est la science infuse per accidens. Lorsque les idées sont d’ordre tellement transcendant qu’aucun travail humain ne

saurait les enfanter, il faut que Dieu les produise directement dans l’esprit : c’est la connaissance essentiellement infuse, infuse per se. telle qu’il la communique à certains privilégiés dans les hauts degrés de la vie mystique… Reçues de Dieu, venues d’en haut, n’ayant aucune relation d’origine avec les représentations de l’imagination ou des sens, ces idées n’ont pas besoin, pour être utilisées, du concours des facultés inférieures. Elles sont, comme les idées angéliques (voir ci-dessus, col. 1621 sq), dérivées de l’essence divine. E. Hugon, op. cit., p. 275.

b) Le (ait de cette science dans l'âme du Christ (q. ix, a. 3 ; cf. q. XII, a. 1 : In III"" Sent., thst. XIV, a. 1, qu. 5 ; De. veritate, q. xxii, a. 2. 3 : Camp, theol, , c. ccxvi). — L’argument principal qui met en relief la raison générale que l’on vient d’esquisser est ainsi présenté par E. Hugon :

Notre-Seigneur a mérité dès que son âme a clé unie à sou corps : il savait, à son arrivée en ce monde, que les sacrifices mosaïques n'étaient plus agréables à Dieu, il savait qu’il devait s’offrir lui-même en holocauste, et c’est pourquoi il dit : « Me voici, ô Dieu, pour faire votre volonté (Hebr., x, 5-7).

Une telle connaissance n'était point la science béatiflque, parce que celle-ci ne saurait être le principe du mérite. L’oeuvre méritoire doit rester encore, au moins de quelque manière, dans les conditions de la vie. Les actes qui procèdent de la vision appartiennent définitivement à l'état de gloire et sont, dès lors, soustraits à la sphère du mérite et de la satisfaction.

Ce n’est pas non plus la science acquise, impossible au premier instant.

Il faut donc admettre une science inférieure à la vision béatiflque et d’autre part indépendante de l’organisme et des puissances sensibles, une science entièrement surnaturelle, qui dévoilait à Jésus le plan de la Rédemption, le sollicitait à faire l’offrande héroïque de lui-même, à se mettre dans un état de victime et d’holocauste : Ecce venio.

Une telle compréhension du surnaturel est la science per se infusa, essentiellement infuse. Op. cit., p. 276-277.

Saint Thomas ajoute une raison de convenance : le Christ ne saurait être inférieur aux anges. Or, la science bienheureuse n'épuise pas la capacité de connaître des esprits purs : 1a connaissance surnaturelle ne supprime pas la connaissance naturelle, et il est naturel à l’esprit séparé de connaître par des espèces infuses. On ne saurait donc refuser au Christ cette sorte de science « qui lui permet de connaître leschoses dans leur nature propre par des espèces intelligibles proportionnées à l’esprit humain ». A. 3. fine.

c) Science infuse « per se » ou infuse « per accidens >* ? — Les arguments invoqués par saint Thomas aboutissent à la conclusion d’une science essentiellement infuse. Cette conclusion n’est pas admise par certains maîtres de l'école franciscaine et par les nominalistes qui affirment qu’une science infuse per accidens suffît pour répondre aux exigences formulées dans l’argument principal exposé plus haut. Voir Alexandre de Halès, Sum. theol., III a, q. xiii, memb. i et n ; S. Bonaventure, In III'"" Seul., thst. XIV, a. 3, q. i ; ci.BreviInquium, part. IV, c. <i : Duns Scot, même distinct., q. m. Sur l’opinion de Duns Scot, voir ici Acnoètes, t. i, col. 594, et Duns Scot, t. iv, col. 1892. Toutefois l’opinion de saint Bonaventure doit être exposée avec certaines nuances, el il semble bien qu’il admette la science infuse surnaturelle et appartenant à l’ordre de la grâce et la science infuse naturelle appartenant à l’ordre de la nature intègre. Cf. A. d’Alès, De Verbo incarnato, p. 265-266. Sur la pensée de saint Bonaventure, voir Suarez, disp. XXV, sect. m : 1'. Jérôme, 0. F. M.. Études franciscaines, 1921, p 2 ! " 2 :  ; 1 ;.".17 343 ; J. Bittremieux, ibid., 1922, p. 308 326.

2. Modalités. Sur li s modalités de la science Infuse du Christ, les scolastiques oui élaboré de multiples spéculations qu’il sérail fastidieux -et Inutile