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SYNOPTIQUES. HISTOIRE DU PROBLÈME


Matth., xvi. 24-25

Eï 71Ç OÉXS'. ÔTT’lcKÛ U.OU ÈXŒÎV,

à-apvTjODtaOco éauTÔv xai àpaTco tÔv CTTXupov aÛTOÙ xai àxoXo’jŒ’Itco (ioi. "Oç yàp siv 9éX|i tj-, v ^/u^ïjv aÛToù aôjoai. à—oXsasi aùrr ; v. "Oç S' av àrroXécrr ; ~ry j’jyr.v aÛToO svsxsv èj/où £Ûpr ; asi

Marc, viii, 34-35

Et tiç OsXsi ÔKÎoto |j.ou èXOsîv, à-apvr.aàaOto éauTOv xai. àpaTco tov aTaupôv aÛTOÙ xai àxoXouOîitw (i.oi. "Oç y*P Èàv OsXfl -rr, v '^jyy ; v aÛToù acoaai àTcoXÉasi aùtyjv. "Oç 6°av à-oXÉCT7) tt, v s^xV aÛToù ëvexsv èfxoù xai toù eûa"QfeXîou oûoel aùr^v.

Luc, ix, 23-24

Eï Ttç OéXei ôttîctw [i.ou èX6sïv, àpvi, (rà(7()<o Éauxôv xat àpâxco tov araupàv aÛToù xai àxoXouŒitw [i.0 !.. "Oç yàp av OéXyj rfjv <J"JX7]v « ûtoû oeoCTat, à71 : oXéaei aùTTjv. "Oç 8'âv ànoXsGj) tyjv i^X^ aÛToù ëvexev èjjtoû outoç awast aùrrjv.

On ne saurait s'étonner que des sentences comme celles-là se soient gravées aisément dans la mémoire et se soient transmises littéralement. Il faut noter cependant que Jésus les a prononcées en araméen, et qu’elles auraient pu être traduites en grec en ternies différents, de sorte que la concordance verbale presque complète entre les trois Synoptiques reste significative. D’autant plus que, par ailleurs, cette concordance n’existe pas pour d’autres paroles de Jésus, qu’on s’attendrait, vu leur importance, à voir reproduire identiquement par les évangélistes : on sait que le texte du Pater présente de notables différences dans la récession de.Matth.. vi, 9-Il et celle de Luc. xi. 2-4 ; et que les paroles de la consécration du pain et du vin à la Cène sont rapportées en des termes différents par chacun des évangélistes, Matth., xxvi, 26-29, Marc, xiv, 22-25, Luc, xxii. 15-20.

2. Dans les récits, les variantes de forme sont beaucoup plus fréquentes. On peut cependant signaler de longs épisodes où la similitude dans la suite des phrases et le choix des expressions frappe beaucoup plus que les différences, et où la parenté se révèle jusque dans des détails de style peu importants, comme les transitions par exemple. On peut citer à ce point de vue la discussion sur le sabbat avec les pharisiens, Matth., xii, 1-4, Marc, ii, 23-26, Luc, vi, 1-4, suivie de la guérison de l’homme à la main desséchée, Matth., xii, 9-13, Marc, iii, 1-5, Luc, vi, 6-10. Cf. aussi l'épisode du jeune homme riche, Matth., xix, 16-22, Marc, x, 17-22, Luc, xviii, 18-23.

3. La parenté littéraire entre des récits parallèles parfois très différents de forme se révèle en certains cas par l’emploi commun de termes rares. Le verbe à—aipoixai qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament est employé à la fois par les trois Synoptiques : "Orav à—apOy ; à—' aÙTwv, Matth., ix, 15, Marc, ii, 20, Luc, v, 35. Cf. également Matth., xvi, 28, Marc, ix, 1, Luc, ix, 27 : Où [M] yeùatùvrai Oavà-rou. D’autres fois, c’est l’emploi commun dans les récits parallèles de constructions très spéciales, peu normales. L’exemple classique est celui de la guérison du paralytique, où le discours de Jésus est coupé également dans les trois Synoptiques par l’incise : ait paratylico, sorte de parenthèse introduite par le rédacteur, Matth., ix, 6, Marc, ii, 10, Luc, v, 24. Cf. également une même anomalie de rédaction dans les récits de la guérison de l’hémorroïsse, Matth., ix, 20-21 et Marc, v, 27-28.

4. Un autre trait de parenté littéraire entre les Synoptiques est révélé par les concordances verbales entre les citations communes de l’Ancien Testament, en des cas où le texte évangélique ne reproduit exactement ni celui de la version grecque des Septante, ni celui de l’original hébreu, l’ar exemple la citation dTsaïe : reclas jacite semitas ejus, Matth., iii, 3, Marc, i, 3, Luc, iii, 4, alors que le texte du prophète, Is., xl, 3, porte, d’après l’hébreu et les Septante : semitas I)ei nostri. Cf. également la citation de Malachie, iii, 1, dans Matth., xi, 10, Marc, i, '1, Luc, vii, 27, où le texte commun des trois Synoptiques : angelum… qui prieparabit viam luam reproduit assez largement le

texte hébreu du prophète : præparabil viam ante faciem meam, dont la version des Septante s'écarte considérablement.

IL Histoire du problème synoptique. — Les relations entre les évangiles synoptiques, envisagées comme problème littéraire, n’ont guère commencé à être étudiées systématiquement qu’au xviiie siècle. L’antiquité chrétienne et le Moyen Age, dans la comparaison des évangiles, se sont placés à peu près exclusivement au point de vue de Vharmonistique, cherchant simplement les moyens d’expliquer ou d’atténuer les divergences que présentent les textes parallèles, dans l’ordre et la présentation des faits, ainsi que dans la teneur des paroles.

On sait que, sur la composition des Synoptiques et leurs relations, l’ancienne tradition ecclésiastique ne fournit que des données très sommaires et dont l’interprétation prête <à discussion. Après le prologue du IIIe évangile, où saint Luc fait allusion à divers essais tentés avant lui pour raconter ce qu’avait fait Jésus, les principaux textes sont ceux de Papias, évêque de Hiérapolis, rapportés par Eusèbe. De ces textes reproduits et discutés dans les articles Marc, t. ix, col. 19411942 et Matthieu, t. x, col. 360-361, il n’y a à retenir au point de vue du problème synoptique, que les données suivantes : Marc, dans la rédaction de son évangile, s’est inspiré de la catéchèse de saint Pierre ; Matthieu a écrit en hébreu (plutôt en araméen) un recueil de Logia, dont on tenta plusieurs traductions en grec. Les écrivains ecclésiastiques des premiers siècles, qui parlent incidemment de la composition des évangiles, s’inspirent de Papias et admettent tous que l’ordre dans lequel ceux-ci ont été écrits est celuilà même que le Canon leur assigne ; cf. par exemple saint Jean Chrysostome, Homil. in Matth., iv, 1. Saint Augustin cependant, dans le De consensu evangclistanim, tente de chercher des éléments de solution au problème de l’harmonie évangélique dans la considération des rapports littéraires (ordre et méthode de composition) des Synoptiques ; on doit y relever surtout l’idée que Marc s’est inspiré de son prédécesseur Matthieu en l’abrégeant : Marcus Matthœum subsecutus tanquam pedisequus et brevialor ejus.

L’idée de la dépendance mutuelle des évangiles suivant leur ordre de succession dans le Canon resta dominante durant tout le Moyen Age, sans que d’ailleurs on cherchât à approfondir le problème littéraire des relations entre les Synoptiques. Au xvii° siècle, Grotius cependant modifiait la thèse augustinienne, en supposant que, si Marc dépend de l'évangile hébreu de Matthieu, le traducteur grec de cet évangile aurait connu et utilisé Marc, idée qui a été reprise par plusieurs exégètes catholiques contemporains ; cf. art. Matthieu, t. x, col. 363. De même Richard Simon se refusait à admettre l’opinion d’Augustin sur Marc abréviateur de Matthieu. Cependant l’hypothèse augustinienne est encore défendue par Griesbach (1789), qui admet que l'évangile de Marc est tout entier lire des deux autres Synoptiques. A la fin du xviiie siècle commencent à apparaître des hypothèses nouvelles sur l’origine et les rapports des Synoptiques. Lcssing