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SYRIENNE (ÉGLISE). THÉOLOGIENS

allons essayer de donner une vue rapide de la littérature théologique de l’Église jacobite. Pour plus amples renseignements et pour retrouver les éditions, les traduit ions et les manuscrits, il faut recourir aux ouvrages suivants : J. S. Assémani, Bibliotheca orientalis Clementino-Vaticana, Rome, 1721, t. ii ; W. Wright, A short History of Syriac literature, Londres, 1896 ; Rubens-Duval, La littérature syriaque, Paris, 1907 : Ant. Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur, Bonn. 1922 ; J.-B. Chabot, Littérature syriaque, Paris, 1934. Pour étudier les manuscrits, il faut consulter les différents catalogues des bibliothèques d’Europe et d’Orient auxquels renvoient souvent les auteurs précités. Ils ne sont plus à jour puisque de nouvelles acquisitions viennent de temps en temps enrichir les fonds syriaques. Comme le présent dictionnaire a consacré à quelques-uns de ces écrivains une monographie, on se contentera, en les signalant, d’y renvoyer pour une étude plus complète.

La majorité des Pères de l’Église syrienne jacobite ont écrit en syriaque. Les écrits de la première période en grec ont été traduits de bonne heure en syriaque et ils ne sont souvent connus que par leur traduction. Par contre, les écrivains de la seconde époque, après la conquête arabe, ont été amenés à écrire quelquefois en arabe par suite de l’expansion de cette langue.

Les principaux théologiens jacobites des ve et vie sont : Barsumas († 458), voir t. ii, col. 434 sq. ; Pierre le Foulon († 488), t. xii, col. 1933-1935 ; Jacques de Saroug († 521), t. viii, col. 303-305 ; Philoxène de Mabboug († 523), t. xii, col. 1509 sq. ; Sévère d’Antioche († 538), t. xiv, col. 1988 sq. — Jean Bar Cursus, évêque de Tella de Mauzalat († 538), a laissé, outre les ouvrages canoniques dont on a fait mention col. 3021, une profession de foi aux moines de son diocèse et un commentaire sur le Trisagion. — Enfin les critiques modernes rangent de plus en plus dans la littérature monophysite de la Syrie une certaine partie des écrits connus sous le nom de Denys l’Aréopagite. Cf. ici t. iv, col. 429-436. On ne saurait les dater, ils s’étendent sur une période assez longue ; quelques-uns semblent être du vie et même du viie siècle. C’est le prêtre Sergius († 536) qui donna une version syriaque d’une bonne partie de ces œuvres. — On ajoutera à cette liste : Étienne Bar Soudaïli (de la seconde moitié du ve siècle), t. v. col. 981-982 ; Jean d’Asie ou d’Éphèse († 586), t. viii, col. 752 sq. ; et Jacques Baradaï († 578).

Au viie siècle, les principaux écrivains sont : Jacques d’Édesse († 708), t. viii, col. 286-291, et Georges des Arabes († 724), qui fut évêque des tribus nomades des Arabes chrétiens. Sa résidence était à Akoula (Al-Koufa). Outre des traductions et des commentaires philosophiques de l’Organon d’Aristote et des écrits canoniques, il a laissé un commentaire sur les sacrements de l’Église, quelques homélies dont une sur le saint chrême et des lettres où il attaque les nestoriens, critique Aphraate à propos de sa distinction de l’âme et de l’esprit et de sa doctrine sur l’Esprit-Saint ; il acheva aussi l’Hexaméron de son ami Jacques d’Édesse.

Au viiie siècle : en 758 Georges de Belthan († 790) fut élu patriarche d’Antioche, il écrivit un commentaire sur saint Matthieu et une lettre où il explique la prière liturgique panem cælestem frangimus, lettre qui a soulevé d’interminables discussions. Il composa des discours et des homélies métriques qui n’ont pu être retrouvés. — Cyriaque d’Antioche, successeur de Georges fut élu en 793 et mourut en 817. Il composa des canons, dont il a été question ci-dessus, col. 3022, une liturgie, une homélie sur la parabole de la vigne et une lettre synodale sur la Trinité et l’incarnation qui nous est parvenue en arabe : cf. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 117. — David de Beit Rabban vécut dans la seconde moitié du viiie siècle. Après avoir été moine, il fut élu évêque des Kurdes. Rahmani a publié ses lettres dans Studio syriaca, Charfé, 1904. De son commentaire sur le c. x de la Genèse on n’a pu retrouver que quelques fragments ; on a aussi un dialogue entre un melkite et un jacobite à propos du Trisagion.

Au ixe siècle, quatre écrivains retiennent l’attention : Denys de Tellmahré († 845), successeur de Cyriaque sur le siège d’Antioche, écrivit une histoire allant de l’empereur Maurice (582) jusqu’à la mort de Théophile (842), que Michel le Syrien a largement utilisée ; un seul fragment de l’original a été conservé. Denys dédia son ouvrage à son ami l’évêque Jean de Dara. Celui-ci fut un grand théologien ; il écrivit plusieurs traités dont deux sur le sacerdoce et sur l’âme, qui ont été publiés, un autre sur la résurrection des corps, où il établit l’éternité du paradis et des peines de l’enfer ; enfin il commenta la Hiérarchie céleste et la Hiérarchie ecclésiastique du pseudo-Denys. Une liturgie lui est encore attribuée. Dans la première moitié du même siècle, sous le patriarcat de Denys de Tellmahré, vivait au monastère de Tagril le moine Antoine, surnommé le Rhéteur, parce qu’il composa un important traité de rhétorique très apprécié et des hymnes. Dans le domaine de la théologie, il écrivit deux traités sur la Providence et sur le saint chrême. Dans la seconde moitié du siècle, l’évêque de Mossoul, Moyse Bar Képha, fut un écrivain très fécond. D’abord moine, il fut sacré évêque de Beit-Ramman, Beit-Kiyonaya et Mossoul et reçut le nom de Sévère. Il s’adonna aux Écritures et laissa un commentaire sur l’Ancien et le Nouveau Testament, un autre sur la dialectique d’Aristote et un Hexaméron ; il composa un traité sur la prédestination et le libre arbitre, d’autres sur le paradis, sur l’âme (en quarante chapitres avec un appendice sur l’utilité du sacrifice eucharistique offert pour les morts), sur les sacrements : baptême, consécration du saint chrême, ordination, prise d’habit monastique, consécration d’église, sacrifice eucharistique ; des dissertations sur différents sujets : les noms du Christ, le mérite des aumônes offertes pour les morts, comment se préparer à une bonne mort par les bonnes œuvres. Enfin on lui attribue un recueil d’homélies pour les principales fêtes et deux liturgies.

Le xe siècle donna à l’Église syrienne jacobite des écrivains qui ont laissé uniquement des œuvres en langue arabe. Yahia Ben Adi (893-974) surnommé AlMantiqi (le dialecticien) a écrit de nombreux traités sur des sujets très variés. D’abord une apologie du christianisme (l’unité et la trinité de Dieu, l’incarnation du Verbe, la maternité divine de la Vierge…) ; un traité distinct sur l’incarnation d’après les jacobites et les nestoriens (après un exposé de deux doctrines, il s’efforce de prouver la doctrine jacobite) ; plusieurs autres traités sur la Trinité et l’incarnation et un traité spécial sur la virginité de Marie. Yahia eut de nombreux disciples chrétiens et musulmans. Deux chrétiens jacobites méritent une mention spéciale pour leurs écrits théologiques. Le premier, Abou Nasr Yahia ben Hariz, écrivit un ouvrage intitulé : Lucerna ducens ad salutem et felicitatem, ex errore ad redeniplionem et un autre sur le fondement de la foi chrétienne et sur les canons apostoliques ; en quarante chapitres, il y traite de Dieu, de l’incarnation, des trois groupements chrétiens (jacobite, nestorien et melkite) de la circoncision, de la maison de Dieu, de la résurrection, du sacerdoce, du baptême, du saint chrême, de la prière et de l’aumône. Cf. Assémani, liibl. orient., I. mi a, p. 609. Le second disciple, Abou Ali Issa lien Ishaq ben Zarca (942-1008), s’occupa de traduire du grec en arabe certains ouvrages philosophiques et médicaux. Il composa des traités, des dissertations, des lettres pour répondre à certaines difficultés, exposer des tex-