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SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. SYSTÉMATISATION Il ll-.< » !.< >r, lui I.

naissance… ne fut p.iabsolument parfaite, mais elle fut très parfaite dans son genre de connaissance humaine : c’est pourquoi il notait pas requis qu’elle fût toujours en acte. A..">.

Cette science habituelle comportait-elle plusieurs

habit us spécifiquement distincts ou simplement plusieurs espèces intelligibles appartenant au même

habitus ? Question bien subtile et qui divise cependant les théologiens en deux camps : pour la diversité spécifique à'habitus, Cajétan, In lll im part. Sum. S. Thomee, q. xi, a. 6 ; Sylvius, ibid. ; Jean de Saint-Thomas, l< c. cit.. a. 3, eouel. 2 : pour la simple diversité des espèces intelligibles dans le même habitus, Godoy, Gonet, Suarez et de nombreux autres auteurs dont on trouvera la nomenclature et les références chez les Salmanticenses, op. cit., disp. XXV, dub. iii, n. 26.

Science acquise.

1. Le fait de la science acquise

(III », q. rx, a. 4 ; q. xii, a. 2 ; q. xv, a. 8 ; In II l um Scnt., dist. XIV, a 3, qu. 5, ad 3° » ; dist. XVIII, a. 3, ad 5um ; De veritale. q. xx. a. 3, ad l um ; Comp. theol., c. ccxvi). — Dans son Commentaire sur les Sentences, toc. cit., saint Thomas enseignait que le Christ a connu toutes choses par science infuse et se contentait d’appliquer les idées qu’il possédait ainsi aux choses manifestées par son expérience sensible. Dans la Somme théologique, il se rétracte expressément et admet que le Christ pouvait vraiment acquérir des idées par l’exercice de son intellect agent. Puisque Jésus possédait une intelligence humaine, il convenait qu’il s’en servit humainement.

Les hésitations premières de saint Thomas expliquent celles des autres théologiens du Moyen Age qui, trouvant dans la science expérimentale une imperfection indigne du Christ. n’ont pas voulu la lui attribuer, mais lui ont reconnu une science analogue à celle d’Adam innocent, une science infuse par accident. Voir ci-dessus, col. ltîjii. Sentence trop arbitraire, dit le P. Hugon. Trop de textes scripturaires, en effet, montrent en Jésus une véritable science acquise : il croissait en âge et en sagesse, Luc, ir, 57 ; il se laissait aller à l’admiration, Matth., viii, 10. De plus, en accordant à Jésus cette science acquise, « on donne une interprétation satisfaisante aux passages où les Pères affirment que le Christ ignore selon la chair et qu’il devait prendre, pour guérir l’homme tout entier, une humanité sujette, comme la nôtre, à l’ignorance et au progrès. Il ignore, en effet, selon ce point de vue, sa nature obéit à la loi du perfectionnement, son intelligence se meuble à nouveau, puisque des idées nouvelles s’ajoutent aux idées déjà formées. » E. Hugon, op. cit., p. 281-282. Enfin l’existence d’une science acquise correspond aux exigences psychologiques de tout esprit humain et très particulièrement de L’intelligence très élevée de Jésus-Christ. Comment concevoir qu’un homme ne p issèdo pas la science qui « est proprement à la mesure humaine, non seulement sous le rapport du sujet qui la reçoit, mais aussi sous le rapport de la cause qui la produit ? Cf. S. Thomas, q. ix, a. 1. C< minent surtout concevoir que dans le Christ ses énergies mentales si parfaites n’aient pas eu leur déveli ppiment normal et leur opération proportionnée ? Nous avons indiqué jadis comment Jésus-homme fut soumis aux lois qui régissent le développement de l’humanité. Voir Ji si b-Christ, col. 1144-1146. D’ailleurs, en Jésus-Christ, les deux sciences surnaturelles, vision béatifique et science infuse, bien loin de gêner la science acquise, ont contribué a sou complet épanouissement.

2. Modalités. - Ces modalités concernent l’objet, le progrès, les instructeurs possibles.

a) L’objet (q.xii, a. 1). — Sun. doute la science acquise n’a jamais eu l'étendue dis deux autre-,

sciences ; mais les principes rappelés plus haut permettent d’affirmer que cette science a dû, grâce au développement progressif de l’intelligence du Christ, atteindre l’ensemble des vérités auxquelles peut nalu Tellement s'élever l’esprit humain. Cf. Mgr Chollet, La psychologie du Clirist. c. v ; P. Vigué, Quelques précisions concernant l’objet de la science acquise du Christ. dans Recherches de science religieuse, 1920, p. 1 sq.

l.e Christ, qui possédait le plus puissant génie qui ail jamais existé, pouvait, au contact des expériences que la vie lui offrait, dégager les lois universelles du monde, et

développer sa science humaine bien au delà de ce que

peuvent les autres hommes. C’est en ce sens que l’on peut dire qu’il connaissait toutes choses. Happelons-nous d’ailleurs que cette science, elle aussi, était à l'état d’hahitus, el qu’il suffisait, pour qu’elle fut parfaite, que le Christ eût la puissance d'évoquer devant le regard de son esprit tout ce qui peut être objet île science humaine. Ch.-V. Héris, op. cit., note 53, p. 327. Voir aussi F. ('.laverie, La science acquise du Christ, dans Revue thomiste, 1910, p. 7<>ti sq.

Saint Thomas exclut de l’objet de cette science i les substances séparées, les singuliers passés et futurs, objet de sa science infuse ». Ibid., ad 3um.

6^Lepro<?rèA(q.xii, a.2 ; cf. q. xv, a.8 ; In lll<" a Sent., dist. XIV, a. 3, qu. 5 ; Comp. theol., c. ccxvi ; In Joannis evang., c. iv, lect. i ; In epist. ad Hebr., c. v, lect. n). — Le progrès de la science acquise fut réel et conforme aux lois du développement intellectuel de l’homme : induction, analogie, analyse, déduction, comparaison, synthèse, tous ces processus de la science humaine ont pu être employés par le Christ. Cette acquisition de connaissances nouvelles a été normale dans le Christ. Saint Thomas exprime très nettement la pensée de la théologie catholique dans la réponse ad l um de l’a. 2 :

La science infuse du Christ ainsi que sa science bienheureuse furent l’effet d’un agent de puissance infinie qui peut tout produire du premier coup : dès le début il les a possédées en perfection. Mais la science acquise est produite par l’intellect agent, qui n’opère pas tout d’un coup, mais successivement. Dès lors, par cette science, le Christ n’a pas connu toutes choses dès le principe mais peu à peu, et après un certain temps, c’est-à-dire à l'âge parfait ; et c’est ce que prouve manifestement l'Évangéliste lorsqu’il dit qu’il progressait en science et en âge.

En réalité, il y avait double progrès : l’un, scientifique, par le raisonnement, l’autre, purement expérimental. C’est pourquoi le mot de science acquise et non celui de science expérimentale convient à la science naturelle du Christ. Saint Bonaventure paraît bien n’admettre que le progrès expérimental. In III um Sent., dist. XIV, a. 3, q. n. Il semble bien que ce soit là également la position de Duns Scot, identifiant science infuse et abstractive d’une part, science acquise et intuitive d’autre part. Cf. t. I, col. 594 : t. iv, col. 1892. On en rapprochera également l’opinion exposée par Suarez, disp. XXX, sect. ii, et peutêtre celle de de Lugo, quant au progrès de la science expérimentale. Voir sur ces opinions Stenlrup, op. cit., thèse lxxi, p. 1085-1095. Quoi qu’il en soit, la science acquise du Christ « fut toujours parfaite, relativement à l'âge du Christ ». S. Thomas, a. 2. ad 2um.

c) Les instructeurs possibles. a. Du côté des hommes (a. 3). — Malgré l’opinion contraire de Tolet, in hoc loc, il ne semble pas qu’on puisse accorder que Jésus ait été enseigné par un homme. Voir ici JÉsi s Christ, col. 1146, n. 6. Constitué chef de l'Église, mieux encore tête de tous les hommes, Jésus était la source d’on dérive chez les hommes la doctrine d>' la

vérité. Ad 2°"'. C’est plutôt aueonlæl des ouvres dr

Dieu dans le monde que la science de Jésus a pu expé rimentalement progresser. Ad

b. Du côté des anges (a. i ; cf. q. xxx, a. '_', ad 1 UI " ; //i ///"" Senf., dist. Mil. q. ii, a. 2 qu. I, ad