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SYRO-MALABA RE (ÉGLISE). DISCIPL1 NE

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titre de Béthanie, localité où il avait installé ses moines, en la baptisant de ce nom, qui soulignait l’esprit de r Ordre de l’imitation de Jésus-Christ ». Mar Ivanios était depuis longtemps l’ami de Mar Dionysios VI (Georges Vattacheril) et ses confrères dans l'épiscopat l’estimaient pour sa science et sa piété. Rien d'étonnant par conséquent à ce qu’il ait élé choisi, en novembre 1926, pour rédiger un mémoire où lui-même et les deux autres évéques — Mar Basilios, qui gouvernait les quatre premiers diocèses de la liste cidessus, et Mar Grégoire (Gyriaque Pampady), administrateur îles trois autres — se déclaraient prêts à devenir catholiques.

Le 20 septembre 1930. Mar Ivanios, qui avait été élevé à la dignité de métropolite en 1928, et son suffragant, l'évêque de Tiruvalla, Mar Theophilos (Jacques Abraham Karapurakal), signaient entre les mains de Mgr Benzinger, évêque de Quilon, leur acte d’adhésion à l'Église romaine. Avant la fin de l’année, 13 prêtres et un diacre, ainsi que 35 familles comprenant 180 personnes avaient suivi les deux prélats. En décembre 1931 on comptait 35 prêtres séculiers, 19 religieux, 6 séminaristes, 29 religieuses, 4 700 fidèles. La jeune chrétienté, organisée par une constitution apostolique du Il juin 1932, avec le diocèse métropolitain de Trivandrum et le diocèse suffragant de Tiruvalla. a reçu le nom de « syro-malankare », du mot Malankaraï, synonyme de Malabar, pour la distinguer du groupe syro-malabare. Les statistiques les plus récentes indiquent, pour Trivandrum : 43 prêtres, dont 9 réguliers, et 35 048 fidèles ; pour Tiruvalla (1940) : 47 prêtres, dont 10 réguliers, et 9 4Il fidèles. Ce dernier diocèse a présentement pour administrateur ad nutum S. Sedis, en raison de l'état de santé du titulaire, Mar Severios (Joseph Valakuzhyil) ancien évêque de Niranam, qui s’est converti le 29 novembre 1937.

On notera que la situation des chrétientés catholiques de rit oriental au Malabar est devenue analogue à celle qui existe au Liban : d’un côté comme de l’autre, une communauté plus récente, de rit antiochien pur, les syriens catholiques et les syro-malankares, et une communauté plus ancienne, depuis longtemps rattachée à Rome, les maronites et les syro-malabares. Les chrétientés du Malabar ont devant elles de belles espérances, car l'élan apostolique s’y est toujours maintenu : elles ne cessent pas d’enregistrer des conversions de païens et ont de florissants catéchuménats.

VIII. Discipline.

La discipline ecclésiastique officielle aux Indes avant l’arrivée des Portugais, étant déterminée par des prélats venus tle Mésopotamie, ne pouvait être que celle des syriens orientaux, et la preuve qu’il en était ainsi est fournie par la liste des ouvrages en syriaque condamnés à Diamper. La description « lu volume intitulé De synodis, sess. ni, décret l 1. permet de l’identifier avec le traité d' 'Abdiso' de Nisibe ou Collectio canonum synodievrum, qui supplanta le recueil des synodes ou Synodicon orientale, et constituait le meilleur répertoire du droit des syriens orientaux. J.-R. Chabot, L’autodafé des livres syriaques du Malabar, dans J-'lorilegium… Melchior de Vogué, Paris, 1909, p. 616. Une confirmation de l’usage de cet ouvrage au Malabar se trouve dans le fait que nous en possédons un exemplaire copié par Mar.Jacques, tandis (mil était retenu à Bassein, le Vatic. syr. J28, terminé le 17 décembre 1556.

Mais, les chrétiens du Malabar se trouvant dans un pays de vieille civilisation, aux usages tvranniques, ne menaient évidemment pas la même existence queleurs coreligionnaires de la Mésopotamie. Et, comme en Orient la vie sociale et la vie religieuse sont dans une étroite dépendance, il ne faut pas s'étonner d’y voir interférer les usages populaires et les pratiques

religieuses, les prescriptions du droit canonique et celles du droit privé local. In bon nombre de superstitions païennes trouvaient leur place dans la vie des chrétiens de Saint-Thomas et nous pouvons en cou naître quelques-unes par les condamnations portées a Diamper. I.a ix 1 ' session. De rcjonnalione morum, ne contient qu’une très petite proportion de prescriptions d’ordre strictement juridique : le décret 20 fixe que les filles auront unv part d’héritage égale à celle des fils, tandis que jusque-là, conformément aux usages locaux, les mâles avaient seuls hérité. Les décrets 21 et 22 limitent la faculté d’adopter, alors que les chrétiens de Saint-Thomas, comme les autres Indiens, adoptaient à volonté qui ils voulaient, même au détriment de leurs enfants légitimes. Les chrétiens du Malabar s'étaient plies au régime des castes, et avec d’autant plus d’exactitude qu’ils étaient classés parmi les castes supérieures, au moins égaux aux nairs. Les théologiens européens du synode auraient voulu obtenir une renonciation à un usage si contraire à l’esprit chrétien ; ils durent toutefois user de tolérance et se contenter de conseiller l’oubli des distinctions de castes dans les colonies portugaises, où il ne pouvait en résulter aucun inconvénient grave. Décr. 2. La purification des vases touchés par des membres de castes inférieures fut interdite. Décr. 3. Interdiction de se percer les oreilles comme les nairs, décr. 17 ; de s’offrir spontanément aux ordalies par le feu ou par la traversée d’un fleuve infesté par les crocodiles. Décr. 10. Le synode recommande l’adoption par tous d’un usage spécial à une partie seulement de l’archidiocèse d’Angamalé, lequel consistait à remettre aux églises, pour être distribué entre les membres du clergé, le dixième de la dot que la jeune mariée remettait à son mari. Décr. 14. N'était-ce pas la transposition d’un usage païen ? Les Indiens se lavent fréquemment ; dans un pays très chaud où l’eau abonde, nous penserions volontiers que c’est une excellente mesure. Le synode estima qu’aux Indes les ablutions ont un caractère religieux, il les condamna à deux reprises, sess. viii, décr. 13 ; sess. ix, décr. 1. Ce dernier décret interdit d’autres pratiques moindres, considérées comme superstitieuses, bien que n’ayant pas de relations certaines avec le culte idolâtrique, telles que celle de former un cercle avec des grains de riz pour placer en son centre les fiancés ou le bébé qui mange du riz pour la première fois.

Il reste d’ailleurs, à l’heure présente, un bon nombre d’usages suivis par les chrétiens et qui leur sont inspirés par les exigences sociales, se rapprochant, à ce que l’on dit, des usages propres aux brahmanes nambudiris. Il s’agit surtout de cérémonies en relation avec les événements les plus importants de la vie ; nous ne les considérons pas comme faisant part de la discipline ecclésiastique. Cf. L.-K. Ananthakrishna Ayyar, Anthropoloyy o[ the syrian Christians, Ernakulam, 1926. Les théologiens de Diamper, tout en approuvant que les femmes présentent leurs enfants à l'église quarante jours après la naissance, blâment qu’elles attendent le terme de ce délai pour assister elles-mêmes aux offices. Sess. ix, décr. 5. On y a voulu voir la survivance d’un usage juif, mais les femmes nambudiris sont exclues de l’assistance aux cérémonies du culte domestique pendant une période de même durée. Il ne semble pas non plus qu’il faille voir une influence juive directe dans le fait que les chrétiens de Saint-Thomas comptaient leurs jours d’un soir au soir suivant, sess. viii, décr. 10 ; c’est l’usage liturgique des Églises orientales.

Quoi qu’il en fût des ordonnances provenant du eatholicosal de Sélcueic et des usages locaux, les Portugais ne taidèrent pas a désirer que les chrétiens de Saint-Thomas conformassent leur discipline à celle des