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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1087

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ZINZENDORF — ZOLA (JOSEPH)

de la pudeur la plus élémentaire. Il en résultait souvent de vulgaires obscénités. En particulier, la doctrine du mariage de Zinzendorf prêtait à des développements trop aisément scandaleux. Comme, selon lui, le Christ était l’époux des âmes, il enseignait que les maris de la terre ne sont que des vice-maris, des vice-christs, des vice-hommes de l’Épouse (Vice-männer der Ehefrau). Il entrait de là en des développements folâtres et cocasses. Les frères, pour lui obéir, firent comme lui. Il en résulta un renom d’immoralité pour les communautés moraves. Des protestations et des critiques vinrent de toutes les parties de l’Allemagne. Les théologiens les plus graves et les plus illustres, Jean-Georges Walch, l’éditeur des œuvres de Luther, Jean-Albert Bengel, l’auteur célèbre du Gnomon Novi Testamenti, Charles-Gottlob Hofmann, écrivirent contre les pratiques moraves. Le surnom d’Herrnhutes qui fut donné à toute la secte fut entouré quelque temps d’un relent d’infamie. Les moraves ont appelé cette période de leur histoire (1743-1749) le « temps de l’épreuve » (Sichtungszeit, littéralement, le temps du criblage). Les plus acharnés contre eux furent d’anciens frères sortis de la secte. Un certain Volck, qui avait été secrétaire de la ville de Büdingen, publia en 1749-1751, à Francfort, Le mystère dévoilé de la perversion de la secte des Herrnhutes. En vain quelques amis prirent-ils la défense de Zinzendorf, notamment Guillaume-Frédéric Jung dans un ouvrage intitulé : Luther toujours vivant dans le comte Zinzendorf, Francfort et Leipzig, 1752, leur voix se perdit dans le tumulte. Les Herrnhutes eurent de la peine à remonter le courant. Ils reconnurent dans la suite que le comte Zinzendorf avait manqué de prudence et de sagesse dans ses manières de parler et que sa prétendue « enfance spirituelle » conduisait à des abus regrettables. Et ce sera aussi notre conclusion. L’initiateur fut une âme ardente et sincère, mais qui aurait eu besoin, pour guider un zèle méritoire, de la ferme direction d’un milieu catholique, à condition toutefois qu’il eût assez d’humilité pour l’accepter et la suivre.

IV. Aperçu historique de l’Église morave. — Après la mort de Zinzendorf, l’Église morave achève de se poser en Église distincte, en tant qu’Église missionnaire, Église de fraternité chrétienne, Église d’éducation de la jeunesse. Trois synodes constituants furent tenus, dans les années 1764, 1769 et 1775. La constitution comporte comme autorité directrice de la secte une Conférence unitaire des Anciens.

Le continuateur de Zinzendorf, durant cette période constituante, fut l’évêque morave Auguste-Gottlob Spangenberg, esprit pondéré et prudent, premier biographe du restaurateur de la secte, et qui dirigea en fait cette Église jusqu’à sa mort en 1792. Spangenberg est l’auteur de la Profession de foi des moraves. Rédigée en allemand, elle a un titre latin Idea fidei fratrum (1778). Toutes les bizarreries de Zinzendorf en ont été soigneusement éliminées. C’est une sorte de luthéranisme modéré, réchauffé par le piétisme wurtembourgeois, et dans lequel on insiste à la fois sur l’attachement à la personne du Christ, selon le vœu de Zinzendorf, et sur le culte des livres bibliques, comme source principale (avec la personne du Christ) de la révélation divine, comme le voulait Luther. Les moraves, qui se nomment officiellement Unitas fratrum — l’Unité des frères — professent hautement, disent-ils, le principe connu de saint Augustin : in necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas. Actuellement, ils font appel surtout au symbole des Apôtres, comme base des articles de foi fondés sur les Écritures. Comme le symbole, ils insistent sur le médiateur, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, sur sa vie, ses souffrances et sa mort, suivie de sa résurrection. Ils pratiquent le baptême des enfants et la sainte Cène, où tous communient, six fois par an, sans que les membres des autres Églises en soient exclus. Ils ont maintenu l’épiscopat. Mais l’ensemble de l’Église est divisé en trois grandes provinces : Allemagne, Angleterre, États-Unis. Chaque province est dirigée par un synode provincial. Les trois synodes élisent chacun neuf délégués formant le synode général, de qui relèvent toutes les questions intéressant la secte entière. Les missions chez les païens sont très en honneur et très ferventes. En 1916, on comptait 156 stations, avec 195 postes auxiliaires, 1.496 centres de prédications, 354 missionnaires, dont 312 Européens et 42 Américains, auxquels il fallait joindre 2.196 missionnaires indigènes, 39.683 fidèles, uniquement pour les pays de mission. Actuellement, la province d’Amérique seule possède beaucoup plus de membres que les deux autres provinces d’Allemagne et d’Angleterre. On y comptait, en 1926, 153 ministres, 164 églises, et 37.243 communiants. Le nombre total des frères moraves, missions comprises, doit approcher cent mille.

Zinzendorf, Περὶ ἑαυτοῦ, oder naturelle Reflexiones über sich selbst, 1749 ; Spangenberg, Leben des Grafen N. L. von Zinzendorf, Barby, 1772-1775 ; Schrautenbach, Der Graf von Zinzendorf und die Brüdergemeinde seiner Zeit (écrit en 1782, publié à Gnadau, en 1871) ; Müller, Zinzendorfs Leben, Winterthur, 1822 ; Verbeek, Des Grafen von Zinzendorf Leben und Charakter, Gnadau, 1845 ; Pilgram (catholique), Leben und Wirken des Grafen von Zinzendorf, Leipzig, 1857 ; F. Bovet, Le comte de Zinzendorf, Paris, 1860 ; Burkhardt, Der Graf von Zinzendorf, Berlin, 1878 ; Plitt, Zinzendorfs Theologie, 3 vol., Gotha, 1869-1874 ; Becker, Zinzendorf im Verhältnis zu Philosophie und Kirchentum seiner Zeit, Leipzig, 1886 ; Steinecke, Zinzendorf und der Katholizismus, Halle, 1902 ; Römer, Zinzendorfs Leben und Wirken, Gnadau, 1900 ; Müller, Zinzendorf als Erneuerer der alten Brüderkirche, Leipzig, 1900.

L. Cristiani.


ZITTARD ou CITTARD Mathlaa, frère prêcheur (xvie siècle). — Originaire du pays de ce nom en Rhénanie, il fît profession à Aix pour les prêcheurs de la province de Teutonie. Il se distingua par sa piété, sa science et son éloquence. L’empereur Ferdinand Ier le choisit pour confesseur particulier et prédicateur de sa cour. Il eut à combattre l’hérésie naissante de Luther, en particulier Martin Bucer. Mort en 1571 (?).

Quétif-Échard, Script, ord. præd., t. ii, col. 215 b.

Marillier.


ZŒMEREN (Henri de), lovaniste, né vers 1420, à Zœmeren, d’où son nom, professeur de théologie à Louvain en 1460, puis doyen de la cathédrale d’Anvers, décédé le 14 août 1472. On a de lui un Epitome primæ partis dialogi Gulieimi Occam quæ intitulatur De hæreticis, Louvain, 1481, in-fol., entrepris à la demande du cardinal Bessarion dont il avait été le collaborateur à Vienne entre 1458 et 1460.

J. Mercier.


ZOLA Joseph, théologien italien tout imbu de jansénisme (1739-1806). — Né à Concesio, près de Brescia en 1739, il entra de bonne heure comme professeur de morale à l’académie théologique de cette ville, où il eut pour collègue le célèbre Pierre Tamburini, cf. t. xv, col. 30 sq., son aîné de deux ans. Ensemble, ils travaillaient à faire pénétrer dans l’Italie du Nord les idées jansénistes et richéristes ; ils firent si bien qu’ils furent destitués l’un et l’autre en 1771 par le cardinal-évêque de Brescia, Molino. Zola se retira à Rome, où la protection du cardinal Marefoschi lui fit rendre son enseignement à Brescia. Peu après, en 1774, il était appelé à Pavie pour enseigner l’histoire ecclésiastique et y diriger le collège germa-