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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/321

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UNITAK1K.NS

UNITE DE L’EGLISE

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de l’Europe, pour le remercier de l’envoi de son livre sur l’Utilité d’un ministère pour les pauvres. « Mais la reconnaissance profondément sentie et simplement exprimée par la main d’un rude mineur le touchait plus que les éloges des grands. »

Les unitariens furent aussi au premier rang des ubolilionnistes, c’est-à-dire des Américains qui faisaient campagne contre l’esclavagisme. Channing écrivit même, en 1835, un Traité de l’esclavage, où il opposait aux considérations d’intérêt et de sagesse matérielle ou d’opportunité les principes éternels de la justice et de la vérité. Théodore Parker entra encore plus ardemment dans la lutte. Il ne craignit pas de prendre parti du haut de la chaire contre les hommes d*État coupables à ses yeux de favoriser les calculs intéressés des planteurs du Sud. Quant à Emerson, ses œuvres sont toutes pénétrées de préoccupations sociales, comme le savent tous ceux qui en ont abordé la lecture. Même note dans Martineau.

Grand souci de la formation des caractères comme fondement de la vie religieuse.

Si les écrivains unitariens, dont nous parlons volontiers ici (parce que par eux l’unitarianisme a exercé une influence qui a largement débordé les limites de la secte), ont été surtout des moralistes antidogmatiques, ils ont insisté particulièrement sur la formation des caractères. Il semble même que ce soit là pour eux l’essentiel de la morale et de la religion. Le caractère consiste, affirment-ils, à être soi, à n’imiter personne, à ne croire à aucune autorité, à ne suivre aucune tradition. Cela ne va pas, il est vrai, sans quelques contradictions : par exemple Emerson oublie qu’il a réduit toute la grandeur du Christ à un exemple qui nous est proposé, quand il nous dit : « Affirmez votre personnalité ; n’imitez jamais… Ce que chacun peut faire de mieux, nul excepté son créateur ne peut le lui apprendre… » S’il ne faut jamais imiter, à quoi sert que le Christ nous ait laissé, à défaut de la rédemption par son sang, une certaine rédemption par son exemple ? Mais ne demandons pas une logique trop parfaite à un poète. Il y a, chez les grands écrivains unitariens, d’excellentes choses, des exhortations admirables, des intuitions dont tout le monde peut faire son profit. Ils ont osé comparer Jésus à Socrate. Ce sera plutôt une sagesse socratique que l’on trouvera dans leurs ouvrages. Ils ont dépouillé l’intransigeance doctrinale inflexible de Calvin, mais ils ont gardé, de son puritanisme fondé sur la certitude de l’élection divine, voir Puritanisme, de fortes habitudes de fermeté dans la conduite privée et publique, le sentiment d’appartenir à une élite de l’humanité, et, de son biblicisme outrancier, l’inconscient désir de prolonger la Bible et d’être les prophètes de leur temps. C’est ce qui leur a valu d’exercer une influence beaucoup plus étendue que leur petit nombre ne permettrait de le prévoir.

I. Sources.

Œuvres de Biddle connues sous le nom de Old Unitarian Tracts, publiés par Firmin, de 1693 à 1700 ; œuvres de Lindsey indiquées dans le corps de l’article ; œuvres théologiques de Priestley, indiquées ibid. ; œuvres de Channing, de Parker, d’Émerson, de Martineau. Pas de confession officielle.

II. Littérature.

Laboulaye, Essai sur Channing, publié en tête de la traduction française des Œuvres sociales de Channing, Paris, 1854 ; Mme Hollond, Channing, sa vie, ses œuvres, préface de M. de Rémusat, Paris, 1859 ; Lavollée, Channing, Paris, 1876 ; Chadwick, W. Ellery Channing, minister oj religion, Boston, 1903 ; Henry Channing, Vie de Théodore Parker, ’Paris, 1860 ; A. Réville, Théodore Parker, sa vie et ses œuvres, Paris, 1865 ; Weiss, Th. Parker, sa vie et sa correspondance, Londres, 1862 ; Frotingham, Th. Parker, Londres, 1876 ; Sanborn, Genius andCharacter oj R. W. Emerson, Boston, 1885 ; Rich. Garnett, Life oj R. W. Emerson, London, 1888 ; M. Dugard, R. W. Emerson, sa vie et son œuvre, Paris, 1907 ; Introduction aux Pages

choisies d’Fmerson, Paris, 1908 ; Jackson, James Martineau, a biography and study, Boston, 1900 ; Drummond-L’pton, The Lije and Letters oj James Martineau, and a survey oj his philosphical Works, 2 vol., New-York, 1902 ; histoire d’ensemble dans Henry Allen, À hislory oj the Unitarians in the United States, au t. x de la collection American Church historical Séries, New-York, 1894.

L. Cristiani.


UNITÉ DE L’ÉGLISE. Pour le petit noyau de disciples qui constituaient l’Église naissante, le Christ priait ainsi à la dernière cène : « Je vous prie afin que tous soient un comme vous, mon Père, êtes en moi et moi en vous, afin qu’eux aussi soient un en nous et qu’ainsi le monde croie que vous m’avez envoyé. » Joa., xvii, 21. L’unité de l’Église est ici affirmée et comme propriété et comme note. On verra ce qu’enseignent à ce sujet :
I. L'Écriture
II. Les Pères , col. 2179.
III. La théologie catholique, col. 2198.
IV. La théologie orthodoxe, col. 2209.
V. La théologie protestante, col. 2216.
VI. La conclusion, s’inspirant et de l’enseignement du magistère et des faits, montrera sous quel aspect il convient de présenter aujourd’hui l’argument de l’unité de l’Église, col. 2224.

I. L’Écriture.

L’unité du royaume de Dieu annoncé par le Christ, c’est-à-dire de l’Église.

1. Le royaume de Dieu sur la terre.

Un royaume représente une unité sociale, groupant autour d’un principe d’autorité les éléments qui le constituent. Or, Jésus annonce qu’il vient établir sur terre le royaume des cieux ou de Dieu, Matth., iv, 17 ; x, 5-7 ; Marc, i, 15 ; annonce déjà faite par le Précurseur, Matth., m, 22. Royaume de nature religieuse où l’on adore Dieu « en esprit et en vérité ». Joa., iv, 21-24. On s’y prépare par la pénitence, Matth., iv, 17 ; cf. Marc, i, 15 ; Matth., iii, 2. Pour avoir part au royaume, il faut boire au même calice et être baptisé du même baptême que Jésus, Matth., xx, 20-21 ; Marc, x, 38-39 ; le vrai caractère de la messianité du Christ est dévoilé par l’annonce de sa passion et de sa mort. Matth., xvi, 17-18 ; 21-24 ; cf. xvii, 22-23 ; Marc, viii, 31-32 ; Luc, ix, 22-25. Devant le sanhédrin, Jésus déclare la nature spirituelle de sa mission, Marc, xiv, 61-62 ; cf. Matth., xxvi, 62-64 ; Luc. xxii, 67-69 ; et, devant Pilate, le caractère de sa royauté, Matth., xxvii, 11 ; cf. Marc, xv, 2 ; Luc, xxiii, 3 : « Mon royaume n’est pas de ce monde », Joa., xviii, 36 ; cf. xix, 8-16. Aussi, pour entrer dans le royaume, il faut rompre avec les préjugés juifs relatifs à sa nature, Matth., xi, 12 ; cf. xxi, 43 ; xxiii, 37-38 (exclusion des Juifs récalcitrants).

Ce royaume, malgré certaines perspectives eschatologiques, voir ici Parousie, t. xi, col. 2047, est appelé à se constituer et à se développer sur terre. Sous son aspect temporel, il est déjà là, avec le Messie. Luc, xvii, 20. Jésus, dans nombre de paraboles, indique les perspectives de son développement : paraboles du semeur, Matth., xiii, 3-9 ; 18-23 et parall. (prédication de la parole de Dieu, faite à tous et différemment reçue) ; du froment et de l’ivraie, Matth., xiii, 24-30 ; 36-43 (lutte entre la vérité et l’erreur, le bien et le mal, la sanction finale étant reportée au jugement). Le royaume grandira comme la moisson à venir, Marc, iv, 26-29 ; comme le levain qui soulève la pâte, Matth., xiii, 33-35 ; cf. Luc, xiii, 20-21 ; comme le grain de sénevé qui, toute petite semence, devient une grande plante sur laquelle perchent les oiseaux du ciel, Matth., xiii, 31-32 ; cf. Marc, iv, 3032 ; Luc, xiii, 1-19. Le royaume aura une existence terrestre d’une certaine durée, car le recul de la gloire eschatologique est figuré par la longue absence du maître dans la parabole des mines, Luc, xix, 12 ; par le retard apporté par l’époux à sa venue, Matth., xxv, 5 ; par l’interdiction faite de séparer le bon grain de