1599 TRINITE. SAINT JEAN 1600
pas parlé au milieu d’eux, ils n’auraient pas de péché, mais maintenant ils n’ont pas d’excuse sur leur péché… Si je n’avais pas fait au milieu d’eux les œuvres que j’ai faites, ils n’auraient pas de péchés ; mais maintenant ils ont vu ; et ils me haïssent, moi et mon Père. » Joa., xv, 22, 24.
Fils de Dieu, le Christ est la vie vivifiante. Il l’est, parce qu’il sauve ceux qui croient en lui : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde fût sauvé par lui. » Joa., iii, 17. Et le salut est d’abord la résurrection du dernier jour : « Je suis la résurrection et la vie : quiconque croit en moi, même s’il est mort, vivra, et quiconque vit et croit en moi ne mourra pas éternellement. » Joa., xi, 26. « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. » Joa., vi, 51-52. Mais il y a plus, car la vie dont parle Jésus n’est pas seulement celle de la gloire dans le ciel, c’est aussi celle de la grâce sur la terre. « C’est la vie éternelle qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » Joa., xvii, 3. Nul ne vit de cette vie spirituelle s’il ne demeure attaché au Christ : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Toute branche qui ne porte pas de fruit en moi, il l’ôtera ; et celle qui porte du fruit, il la taillera, pour qu’elle porte encore plus de fruit… Comme la branche ne peut pas porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure attachée à la vigne, vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne et vous êtes les branches : celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruit ; car sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Joa., xv, 1-5.
Comme il est la vie vivifiante, le Christ est la lumière illuminante : « Je suis la lumière du monde : celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de vie. » Joa., viii, 12 ; cf. ix, 5. Il est venu pour apporter la lumière : « Encore un peu de temps, la lumière est au milieu de vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, pour que les ténèbres ne vous saisissent pas, car celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez à la lumière, pour être des enfants de lumière. » Joa., xii, 35-36. Malheur à ceux qui préfèrent l’obscurité de la nuit : « Car voici le jugement : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. » Joa., m, 19-20. Par contre « celui qui fait la vérité vient à la lumière afin que ses œuvres soient manifestes et qu’on voie qu’elles ont été faites en Dieu. » Joa., iii, 21.
3° Le Père et le Fils. —
Entre le Fils unique et le Père, quelles sont les relations ? Il faut noter d’abord que le Père envoie le Fils et que celui-ci est un envoyé. Les Synoptiques nous l’apprenaient déjà et saint Jean confirme leur témoignage. Par suite, le Fils dépend du Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de parfaire son œuvre. » Joa., iv, 34. « Le Père ne me laisse pas seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. » Joa., viii, 29. « Je n’ai pas parlé de moi-même, mais le Père qui m’a envoyé m’a prescrit lui-même ce que je devais dire et prêcher, et je sais que son précepte est la vie éternelle ; aussi ce que je prêche, je le prêche selon que mon Père me l’a dit. » Joa., xii, 49-50. « Si vous gardez mes commandements, vous restez dans mon amour, de même que j’ai gardé les commandements de mon Père et que je reste dans son amour. » Joa., xv, 10. « Père, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, comme tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’à tous ceux que tu lui as donnés, il donne la vie éternelle. » Joa., xvii, 1-2.
Ces textes sont relatifs à l’activité du Verbe incarné. Mais il en est d’autres qui décrivent l’activité du Verbe dans la vie divine et qui la subordonnent tout autant au Père : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu’il ne le voie faire au Père, car ce que celui-ci fait, le Fils le fait semblablement. » Joa., v, 19-23. « De même que mon Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vivra lui aussi par moi. » Joa., vi, 57. En tout ce qu’il fait, en tout ce qu’il est, le Fils est donc dans la dépendance du Père ; si bien que finalement, Jésus déclare : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers mon Père, parce que mon Père est plus grand que moi. » Joa., xiv, 28.
Les ariens, au IVe siècle, ont naturellement exploité cette dernière affirmation pour enseigner que le Verbe était absolument subordonné à son Père et que, si celui-ci méritait seul le titre de Dieu, le Verbe devait être regardé tout au plus comme un Dieu secondaire, sinon comme la plus ancienne des créatures. Une telle explication ne saurait être admise, car elle ne tient pas compte d’autres textes, tout aussi clairs et tout aussi affirmatifs, qui mettent en relief l’unité du Christ et de son Père.
Les circonstances mêmes dans lesquelles le Sauveur insiste sur cette unité sont particulièrement solennelles : nous sommes arrivés aux dernières heures de la vie du Sauveur, et celui-ci s’abandonne à des entretiens intimes avec ses apôtres. Comment pourrait-il leur donner le change sur le sens de ses paroles ? Or voici ce que nous lisons : « Je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père sinon par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi le Père ; et bientôt vous le connaîtrez et vous l’avez vu. Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. » Jésus lui dit : « Depuis si longtemps je suis avec vous et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui qui me voit, voit aussi le Père. Comment me dis-tu : montre-nous le Père ? Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; car le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres. Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » Joa., xiv, 6-11. Tous les mots de ce remarquable passage mériteraient d’être examinés à loisir. Sans doute, personne n’a jamais vu Dieu ; et le Fils est venu pour le faire connaître au monde. Cependant, celui qui voit le Fils voit aussi le Père, car on ne peut les séparer l’un de l’autre. Ils ne sont pas seulement l’un avec l’autre ; ils sont l’un dans l’autre, sans se confondre cependant dans l’unité d’une seule personne. Le Père et le Fils agissent toujours de concert. Les œuvres du Père sont les œuvres du Fils, non pas seulement parce que ce dernier ne fait rien de lui-même, mais surtout parce que le Fils et le Père n’agissent pas l’un sans l’autre et que le Père agit dans le Fils et par le Fils, instrument de la création et de l’administration du monde. Ils sont deux personnes, bien distinctes ; mais leurs œuvres sont communes à l’un et à l’autre.
La même idée se retrouve dans la prière sacerdotale : « Père saint, garde-les dans ton nom, ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous… Je ne te prie pas seulement pour eux mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole : que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi ; qu’ainsi ils soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé ; et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi : qu’ils soient con-