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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/692

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VICTORINIS AFER. LA SAINTE TRINITE
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la même substance : et l’on dit, au sens concret, « une existence » pour marquer l’individu, le suppôt, la personne en ce qu’elle a de propre et de distinctif. Origène confondait ce primum subsistons sous le mot oùcrîa, De oratione, c. xxvii, P. G., t. xi, col. 522.

p. L’existence en Dieu est particulière à chaque personne : chacune a la sienne. Si le Père est « le principe des choses existantes », col. 1022 A, exsistentia fons, col. 1123 B, exsistentise causa et pater. col. 1118 D, et s’il est, en Dieu même, fontana exsistentia aliorum. col. 1082 C, cependant il ne sort d’aucune autre personne, purum sine exsistendi principio, col. 1116 B ; si donc on peut l’appeler « existence première, éternelle et infinie », col. 1066 C, parce qu’en engendrant les autres personnes, il s’oppose à elles, à vrai dire, cependant, il est « préexistence plutôt qu’existence », col. 1127 B ; 1083 B, parce qu’< il a de lui-même l’être qui est sa substance, et qu’il y trouve sa dernière détermination », col. 1122 A, et donc prxexsistentiale est Deo fPatri) esse », col. 1066 A. Elle est du Père « l’existence primordiale ». col. 1121 C : solis et puris quæ sunt in Eo quod est.

Pour les deux autres personnes, ce sont des « existences » sans restriction aucune : parce qu’elles sortent du Père, et à deux titres différents : « Opère quo vita, est Jésus exsislens… ; et, au terme de l’opération d’intelligence, c’est le Saint-Esprit, lui aussi existant ; mais c’est un seul mouvement qui les a poussés tous deux dans l’existence. » Col. 1105 A. Avec le Père, cela fait trois : Tria isla suo Vivendi opère ut exsisterent procreavit. Col. 1117 A. Chaque personne divine a une fonction ad extra conforme à sa propre existence : « le Père étant la puissance de l’être (commun), le Verbe est la cause qui fait subsister tel être comme tel ; l’être d’abord, puis la perfection ». Col. 1066 D ; 1077 A ; 1 127 C. Pour le Saint-Esprit, et « son existence propre », voir col. 1138 A.

Comment réduire à l’unité de substance des individualités si distinctes ? Cette « indivision de l’existence, neque scissa est ipsa exsistentia », col. 1082 C ; cette

séparation inséparable », col. 1073 B ; « juncta tamen il i ohwrentia inter se sunt, col. 1236 B, trouve sa réponse dans la distinction entre les éléments existentiels propres à telle personne, puris et solis ipsis (pur sunt in En quod est », col. 1063 A, et les éléments adventices qu’elle emprunte aux autres Personnes. Pour le Père, aliud Deo esse, aliud Deum esse, col. 1066 A ; pour le Verbe, col. 1066 C ; pour l’Esprit (qui d’ailleurs est « soit un nom de substance, soit un nom d’existence propre à la troisième Personne, col. 1082), bien que le Saint-Esprit, functo l’aire Filioque accepta, SOil la même réalité que le Père et le Fils, cependant sic Pater, sic etiam Filius, exsistentia quisque sua, exsistit tamen Christus sua exsistentia, d Spiritus sanctus sua, stngulis exsistentibus unum. Col. 1138 Ali ; cf. col. 1060 A ; 1067 B : 11Il BC ; 1118 B ; 1131 BC. C’est,

en somme, la circuminsession, omnes in alternis exsistenles, uterque substantia et divinitate consistais, » qui fait le consubstantiel, mais c’est leur activité particulière qui leur maintient leur subsistence propre . Col. 1050 <

y) l.r mot subsistentia. Voilà l’élément proprement Incommunicable de chaque existence per tonnelle. Quatre fois au moins Victorin est revenu

sur la différence entre substance et subsistence,

ire entre la Personne en ses éléments com muni et la même Personne en ses éléments distinc-Ufs. On peut désormais laisser la traduction a la saga dé du lecteur : I. I. c. xxix, col. 1070 C ; I. II, c. iv,

COl-l"’<2 (. : I. III. e. IV, col. 1 101 Bl) ; enfin, dûment

ponctué, ce dernier passage, devient une explication presque limpide : Unam esse substantiam, subslstentms 1res, quia ah eo piii rsi Esse, qua substantia est,

Motus, qui et ipse, ut docuimus, ipsa substantia est, yeminans potentia valet : et Vitalitatis et Dilelligentiæ. ita scilicet ut in omnibus singulis tria sint. Adv. Arium, t. III, c. ix, col. 1105 B. Ces passages, tout à I fait dans le style de Victorin et qui ne font que renforcer sa doctrine sur l’existence ne sont point des interpolations. Cf. de Régnon, op. cit., t. i, p. 240.

Ainsi Victorin est incontestablement l’inventeur du mot subsistentia, destiné à une telle fortune dans la théologie. Bien plus, il a essayé d’en donner une définition, qui ne permet pas d’hésiter sur son sens : c’est, pour lui, le principe même de chaque personne, ce qui est à la base de son « existence », quod subsistit. Mais, en quoi consiste ce principe de la personnalité ? Comment va-t-il constituer la personne ? Et quelles seront les manifestations de cette vie personnelle ? Questions délicates, puisque les philosophes anciens ne les avaient pas abordées, et qu’après les théologiens du Moyen Age, les philosophes modernes s’y trouvent encore arrêtés.

a. Rufin ne définira la « subsistence de chaque personne » que par une tautologie : hoc ipsum quod exstat et subsistit. Hist. eccL, Saint Basile, pressé par la polémique, avait montré les signes d’une hypostase dans l’ensemble des propriétés particulières et extrinsèques qui font d’un être tov Tivdé, Epist., xxxvin, c. n. Mais, pour Victorin. les assemblages mouvants’du monde sensible, ne sont que « de fausses subsistences ; l’intelligence, pour subsister elle-même, doit être en face d’un intelligible ». Col. 1065 D. « C’est bien un nom que chaque personne reçoit de son origine, mais un nom qui couvre une puissance particulière », col. 1082 A ; car « ces noms personnels ont leur portée immense et leur signification tranchée : comme ils sont appelés, ils sont, et nécessairement ils sont trois ». Col. 1101 D. La subsistence de chacun n’est pas un élément secondaire et adventice. « Trois, qu’il faut prendre un à un, dès là qu’on les nomme par ce qu’il y a de principal en eux-mêmes », à savoir dès là qu’on considère « les modes divers et quasisuccessifs de leurs origines, simul exsistentibus orlus, et diversos orlus, et quasi tempus altribuit ». Adv. Arium, t. IV, c. v, col. 1116 Cl).

£}. Cet élément existentiel a, pour la personne, deux rôles complémentaires : il la constitue, puis il la distingue des autres. » Ce qui distingue deux personnes, c’est cet élément qui domine en elles : duo, quia quo magis est, id alterum apparet : or, le Père est surtout (et donc personnellement) la puissance, et le Fils est l’action (personnelle), parce qu’il est magis actio. » !.. II, c. iii, col. 1091. Mais d’abord cet élément distinctif a construit, pour ainsi dire, la personne, en cristallisant autour de lui les autres éléments constitutifs : unoquoque habente id quod sit juxta quod maxime est. !.. I, c. xx, col. 1053 I). Il leur imprime comme un nouvel état d’être : i l.e Père est substance, et d’après cela mouvement et volonté ; inversement, le Fils est mouvement et juxta id ipsum et substantia, !.. I. c. xxv. col. 1064 l>. Ce nouvel état d’être que prennent ainsi les éléments adventices, c’est un caractère hypostatique : l.e Père est l’être, il est principalement l’ère en ce qu’il est précisément l’être et la puissance : eut incsl actio potentialitcr ; l’action (qu’il exerce dans le Fils) existe dans le Père selon son caractère personnel de puissance. » Col. 1053 D. (Qu’est ce a dire, sinon que ces éléments non personnels, « secon daircs et postérieurs font figure d’accidents nés de

l’élément fondamental de la personne ». Col. 1102 A.

y. I-a personne est. en effet, une puissance active et qui opère toujours », De ycncral. Ycrbi, c. xvi, col. 1020 C I.a pleine et immédiate possession de ion être et de son activité, telle est la double marque de l’autonomie de la personne. l’alcr cn/n et Filiut